Légendes de Bourgogne
Posté par othoharmonie le 23 décembre 2010
UN PAYS DE LEGENDES ET DE TRADITIONS
La BOURGOGNE
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Des histoires de mon village
Le Morvan, sa forêt, sa faune sauvage, quel dur pays autrefois. Anciens prédateurs des loups, les lynx ont disparu. Les Loups également.
Autrefois, les meutes hantaient la région. Ces petits groupes de cinq à huit marchaient à la queue leu leu, ne laissant qu’une trace. Sur les toits, la « tuile à loups » accrochée à la crête, sifflait avec le vent froid du Nord, annonçant bien souvent l’arrivée de ces animaux refoulés. Dans la maison étaient accrochées la « fourche aux loups » très meurtrière et la « rhombe » que l’on faisait tourner au bout d’une ficelle et qui émettait un bruit effrayant les loups.
Dans sa demeure de Précy sous Thil (mon village), le père Boyard, moustache pendante, évoque sa journée de travail au bas fourneau. On extrait le minerai de fer puis, sans le laver, on le fond sur place dans de vastes fours de 1,5 à 2 mètres de haut. Quand le bois pour la chauffe ou le minerai pour la fonte s’éloignent du centre d’activité, on reconstruit une nouvelle installation plus loin. Les journées sont longues. On se repaît sur place. Justement, ce jour même, Jacob, grand ami d’Hyppolyte, s’est distingué par son féroce appétit. Un vrai Gargantua !
Voici l’histoire qu’il raconta :
« Ah ah ah ! reprend le père, si jamais il devient grand comme Gargantua, notre Jacob ! … Tien, vous savez les enjambées qu’il faisait Gargentua ? Eh bien, d’un coup il allait du mont Dieu au mont Ligault. D’ailleurs, pour tout vous dire, le mont Dieu et le « Ligault » ne sont jamais que des mottes de terre tombées de ses bottes, tout comme le « Mouron ». Sans lui mes fils, vous seriez dans une plaine sans fin.
Une autre fis, Gargantua se reposé là-bas derrière. Il s’endormit la bouche ouverte et commença à ronfler. Le ciel s’assombrit. Les premiers éclairs zèbrent l’espace. Sur le coteau, un berger rassemble en hâte son troupeau. Les nuages de plus en plus épais noircissent encore la nuit. Les premières gouttes piquent l’herbe sèche. Vite, vite, un abri ! Là, une caverne ! Allez « le chien » aide-moi. Allez « mes moutons », rentrez vite vous protéger. Et il frappe le sol de sa houlette pour rythmer ses paroles. Hélas, cent fois hélas, cette grotte n’est autre que la bouche grande ouverte de notre géant. Enervé par tous ces picotements, d’un hoquet agacé, il avale brusquement tout à la fois bêtes et hommes.
A son réveil, un peu pâteux, Gargantua assoiffé fait quelques pas hésitants. S’étirant, il s’approche de la Brème, et d’une gorgée, assèche la pauvre petite rivière. Réveillé, il doit faire face à des besoins bien naturels. Et ainsi, ses spectaculaires évacuations nous créent l’étang de la Vénarde et… la Seine ! Ragaillardi, il refait deux ou trois pas. Tout va mieux à présent, ou presque, car au cinquième, la fatigue de la nuit se faisant sentir, croisant du regard une belle pierre carrée, la Pierre-Champeu, apte à former un siège idéal, il s’assoit et se repose quelques instants, ne manquant pas de laisser l’empreinte de son fessier dans la roche.
Parfois, lors de ses passages dans la région, Gargantua fait halte au moulin Cassin, près de Dompierre en Morvan. Il grignote rapidement la soupe de douze hommes et vingt livres de pain. »
Vraiment, le père Hippolyte connaît tout de Gargantua, et ce soir, devant l’âtre rougeoyant, il n’en finit pas de raconter anecdotes sur anecdotes tout en dégustant lentement sa vieille « Fine de Bourgogne« .
En son époque, la Germaine, mère du père Boyard fut une nourrice si appréciée du Morvan qu’elle finit par connaître la capitale. Quand elle fut à même d’allaiter, elle alla à Paris comme beaucoup d’autres pauvres femmes passer quelque mois pour vendre son lait aux riches bourgeois. Elles devinrent célèbres les nourrices du Morvan. Certaines accueillaient des enfants de l’assistance dans leur ferme. En 1880, 1 500 enfants surnommés les Petits Paris furent recasés en Morvan. Ah ! elle vécu à la dure notre Germaine, et sa fille ne lui ressemble guère, la blonde Jeannette.
Cette jeune fille, la Jeannette, gaie et jolie, qui aime danser et le fait bien. Pour la Fête Dieu, elle a déjà gagné deux fois le fromage blanc traditionnel offert par la municipalité à la meilleure danseuse. Ensuite, la lauréate offre son présent qui baigne dans de la délicieuse crème fraîche et un des pauvres du village de son choix. Quelle fierté pour Jeannette. Par contre, le jour de Carnaval, elle n’est pas plus fière que les autres filles du bourg. C’est le jour où la Beuffenie, vieille et laide fée légendaire, vient chercher son Epathie, écheveau de fil préparé par toutes les fileuses. Et gare à celles qui ne filent pas ! La Beuffenie les emporte pour toujours avec elle.
Tout la région connaît la Beuffenie (ou Boefnie). Elle préside le sabbat, dit-on. Dans le ravin de la Gallafre, on entend le bruit de ses fêtes. Si vous osez vous y aventurer, vous y trouverez de bien étranges pierres sculptées qui ne sont autres que… son siège, sa marmite, son lit… etc. qu’elle changea en roches le jour de son départ. Mais prenez garde de ne pas vous faire prendre par la nuit sans avoir dans votre sac un peu de pain et de sel pour vous protéger des maléfices, faute de quoi, on ne vous reverra jamais.
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