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Méditation pour tous

Posté par othoharmonie le 27 mai 2011

Méprise n° 6 sur la méditation: la méditation est faite pour les saints et les religieux, pas pour les gens ordinaires

 

Cette attitude est très répandue en Asie, où moines et religieux font l’objet d’une grande révérence ritualisée. Dans une certaine mesure, elle est apparentée à l’attitude américaine consistant à idéaliser les stars de cinéma et les vedettes du football. Ces personnes sont stéréotypées, idéalisées, dotées de caractéristiques que peu d’êtres humains seraient capables d’incarner. En Occident même, nous partageons en partie cette opinion envers la méditation. Nous imaginons qu’une personne qui médite est extraordinairement pieuse, incapable de faire le moindre mal. Quelques contacts avec de telles personnes auront bien vite raison de ces illusions. Elles se révèlent généralement pleines d’énergie et d’enthousiasme, vivant leur vie avec une vigueur incroyable. Il est vrai, naturellement, que la majorité des saints méditent, mais ils ne méditent pas parce qu’ils sont saints. C’est le contraire. Ils sont saints parce qu’ils méditent. C’est par la méditation qu’ils sont parvenus à cette qualité. Et ils ont commencé à méditer avant de devenir saints, sinon ils ne le seraient pas. C’est un point important. Imaginer qu’une personne doive être complètement vertueuse avant de commencer à méditer est une stratégie qui ne marche pas. La moralité requiert un certain degré de contrôle mental. C’est une condition préalable. Vous ne pouvez pas suivre quelque ensemble de préceptes moraux que ce soit, sans avoir un peu de contrôle sur vous-même. Si votre mental est perpétuellement en train de tourner à pleine vitesse, il est hautement improbable que vous puissiez vous contrôler. Aussi le développement du mental doit-il venir en premier.

Il y a trois facteurs constitutifs dans la méditation bouddhique: moralité, concentration et sagesse. Ces trois facteurs se développent ensemble, à mesure que votre pratique s’approfondit. Chacun influence l’autre, de sorte que vous les cultivez ensemble, et non un à un. Lorsque vous avez la sagesse de vraiment comprendre une situation, la compassion envers toutes les parties concernées est automatique, et compassion veut dire que vous repérez automatiquement toute pensée, parole ou action qui pourrait vous nuire ou nuire aux autres. Ainsi votre comportement est-il automatiquement moral. C’est seulement lorsque vous ne comprenez pas les choses profondément que vous créez des problèmes: si la perception des conséquences de vos propres actes vous manque, alors vous commettez des fautes. La personne qui attend d’être complètement morale pour méditer attend un « si» qui ne viendra jamais. Les anciens sages disaient qu’elle est comme un homme qui attendrait que l’océan devienne immobile pour se baigner. Afin de préciser ce point, disons qu’il y a différents niveaux de moralité.

Le niveau le plus bas consiste à adhérer à un ensemble de règles et de réglementations instituées par quelqu’un d’autre. Ce peut être le prophète que vous respectez. L’Etat, le patriarche de votre communauté, ou votre père. Qu’importe celui qui établit les règles, il vous suffit de les connaître et de les suivre. Un robot pourrait le faire. Même un chimpanzé, pourvu que les règles soient suffisamment simples et qu’il soit puni chaque fois qu’il commet une infraction. Ce niveau ne demande aucunement de méditer. Vous avez seulement besoin des règles et de quelqu’un pour manier le bâton.

Le niveau suivant consiste à obéir aux mêmes règles, même en l’absence de celui qui est chargé de vous punir. Vous obéissez parce que vous avez intégré les règles. Vous vous réprimandez vous-même chaque fois que vous commettez une infraction. À ce niveau, il faut un peu de contrôle mental. Si votre schéma de pensée est chaotique, votre comportement le sera également. La culture mentale réduit le chaos mental.

Il existe un troisième niveau de moralité, mais il serait sans doute préférable de l’appeler «éthique». Il représente un tout autre degré dans l’échelle, un véritable changement de modèle. Au niveau éthique, vous ne suivez pas des règles pures et dures dictées par l’autorité. Vous définissez votre propre comportement selon les besoins de la situation. Ce niveau requiert une intelligence réelle et une capacité de jongler avec tous les facteurs de chaque situation pour arriver à chaque fois à une réponse unique, créative et appropriée. De plus, celui qui prend de telles décisions doit s’être extrait de son propre point de vue personnel limité. Il doit voir toute la situation d’un angle objectif, donnant un poids égal aux besoins des autres et aux siens. En d’autres termes, il doit être libéré de la convoitise, de l’aversion, de la jalousie et de tout le reste de la panoplie égoïste qui empêche de voir le point de vue des autres. Seulement alors est-il possible de choisir l’ensemble exact d’actions justes, véritablement optimal dans chaque situation. Ce niveau de moralité requiert absolument la méditation, à moins que vous ne soyez né saint. Il n’y a pas d’autre façon d’en acquérir la capacité. Le processus de tri requis est épuisant. Si vous essayiez de jongler avec tous les facteurs de chaque situation au moyen du mental conscient, vous vous épuiseriez. L’intellect ne peut pas maintenir en l’air autant de boules à la fois. Heureusement, un niveau de conscience plus profond peut effectuer le travail avec aisance. La méditation peut accomplir le tri pour vous. C’est une sensation troublante.

Disons qu’un jour vous avez un problème à résoudre: le dernier divorce de l’oncle Henri. La situation paraît absolument insoluble. Le jour d’après, vous êtes en train de laver la vaisselle, et de penser complètement à autre chose. Soudain la solution est là. Elle surgit du mental profond. Vous dites «Ah ah!» et tout est résolu. Cette sorte d’intuition ne peut se produire que quand vous débranchez les circuits logiques et donnez au mental profond une chance de concocter la solution. Le mental conscient fait obstruction. La méditation vous apprend comment vous débrancher du mécanisme de la pensée. C’est l’art mental de mettre les pieds hors de votre propre chemin, et une capacité joliment utile dans la vie quotidienne. La méditation n’est pas une pratique faite seulement pour les ascètes et les ermites. C’est une capacité pratique qui concerne les événements de chaque jour et qui a des applications immédiates dans la vie de chacun.

Malheureusement, ce fait même constitue un handicap pour certains étudiants. Ils abordent la pratique en s’attendant à une révélation cosmique instantanée, complète, avec des chœurs angéliques. Ce qu’ils obtiennent en général est une façon plus efficace de faire le ménage et de s’occuper de l’oncle Henri. Ils sont déçus sans raison. Faire le ménage vient en premier. Les chœurs angéliques demandent un peu plus de temps. 

 

 

Extrait de l’ouvrage « Méditer au quotidien » Bhante Henepola Gunaratana, Robert Lafond 1995 et Marabout 2003

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Danger de la méditation

Posté par othoharmonie le 27 mai 2011

Méprise n° 5 sur la méditation : la méditation est dangereuse et une personne prudente doit l’éviter (?).

Tout est dangereux. Traversez la rue et vous pouvez être renversé par un autobus. Prenez une douche et vous pouvez vous casser le cou. Méditez et vous allez sûrement faire remonter des choses désagréables de votre passé. Les éléments refoulés, enfouis depuis plus ou moins longtemps, peuvent être effrayants. C’est aussi très profitable. Aucune activité n’est réellement sans risque, mais cela ne signifie pas que nous devions nous envelopper dans un cocon protecteur. Ce ne serait pas vivre. Ce serait une mort prématurée. La manière de s’y prendre avec le danger est de connaître approximativement son importance, où il est vraisemblable de le rencontrer, et comment le traiter lorsqu’il se présente. C’est le but de ce manuel. Vipassana (clic ici pour connaître ) est fait pour développer la conscience. Ce n’est pas dangereux en soi, mais tout le contraire. Une plus grande présence d’esprit est une protection contre le danger. Exécutée correctement, la méditation est processus très doux et progressif. Prenez les choses tranquillement et le développement de votre pratique s’effectuera très naturellement. Rien ne doit être forcé. Plus tard, lorsque vous serez sous la proche observation et la sagesse protectrice d’un enseignant compétent, vous pourrez accélérer votre rythme de croissance en effectuant une période de méditation intensive. Au début, néanmoins, allez doucement. Travaillez avec mesure et tout ira bien.

Extrait de l’ouvrage « Méditer au quotidien » Bhante Henepola Gunaratana, Robert Lafond 1995 et Marabout 2003

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But de la méditation

Posté par othoharmonie le 27 mai 2011

Méprise n° 4 sur la méditation : le but de la méditation est de développer des pouvoirs psychiques surhumains (?)


Non. Le but de la méditation est de développer la conscience. Apprendre à lire les pensées n’est pas le but. Léviter n’est pas le but. Le but est la libération. Il y a une relation entre les phénomènes psychiques et la méditation, mais c’est assez complexe. Pendant les premiers stades de la carrière d’un méditant, de tels phénomènes peuvent se produire. Certaines personnes peuvent avoir des intuitions ou se souvenir de vies passées, d’autres non. De toute manière, il ne s’agit pas d’aptitudes psychiques fiables et correctement développées. Il ne convient pas de leur donner une importance indue. En fait, de tels phénomènes sont assez dangereux pour les nouveaux méditants, car ils sont trop séduisants. Ils peuvent constituer un piège pour l’ego qui vous fera sortir du chemin en vous leurrant. Le meilleur parti à prendre est de ne leur donner aucune importance. S’ils apparaissent, c’est bien. S’ils n’apparaissent pas, c’est bien également. Et il est peu probable qu’ils apparaissent. À un certain point, il est possible de pratiquer des exercices spéciaux pour développer des pouvoirs psychiques. Mais ce moment se produit loin vers l’autre extrémité du chemin. 

 

Après avoir atteint un très profond stade de Jhana, le méditant est suffisamment avancé pour travailler avec de tels pouvoirs sans danger d’en perdre le contrôle ou qu’ils dominent sa vie. Il les développera alors strictement dans le but de servir les autres. Ce stade n’arrive qu’après des décades de pratique. Ne vous en préoccupez pas. Concentrez-vous seulement sur le développement de plus en plus de conscience. Si des voix et des visions surgissent, remarquez-les simplement et laissez-les partir. Ne vous en mêlez pas.

 

 

Extrait de l’ouvrage « Méditer au quotidien » Bhante Henepola Gunaratana, Robert Lafond 1995 et Marabout 2003

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