La Conscience de Soi
Posté par othoharmonie le 26 avril 2012
Posons-nous une question simple : est-ce que je suis conscient que je suis, que j’existe, ou pas ?
Certaines personnes pensent qu’elles ne sont qu’un corps, et qu’après la mort tout s’arrête, d’autres pensent qu’il n’existe que l’esprit, certaines personnes ont une très haute opinion d’elle-même, d’autres pas, les êtres ordinaires pensent qu’ils existent séparément du tout, les bouddhas n’ont pas l’impression d’exister de cette manière.
Mais tous les êtres, depuis les fourmis jusqu’aux bouddhas, ont l’impression d’exister, l’impression d’être. Par contre, il n’existe aucun phénomène (que ce soit les phénomènes extérieur, comme le feu, le vent, etc, ou les phénomènes intérieurs, comme les pensées, les émotions, etc) qui ait l’impression d’exister, l’impression d’être. Ce qui prouve que nous ne sommes pas un phénomène, et que tous les concepts liés au monde phénoménal ne peuvent décrire ce que nous sommes. « Je suis heureux, je suis malheureux, je suis ceci, je suis cela » : ces pensées sont complètement mensongères !
Pourtant, nous croyons qu’elles reflètent la réalité. Nous vivons donc notre vie en nous appuyant sur ce qui est inconscient, insensible – les phénomènes – et sans nous appuyer sur ce qui est conscient, sensible - l’esprit -. Nous sommes comme un voyageur dans un pays qu’il ne connaît pas, et qui, pour s’orienter, interroge non pas les habitants mais les pierres ! Nos pensées, nos émotions, nos sensations sont dépourvues de vie, tous les phénomènes sont dépourvus de vie. Seul l’esprit qui en fait l’expérience est vivant. Est-il possible que ce qui est vivant devienne l’esclave de qui est mort ?[2] Pourtant, c’est bien là notre situation.
D’après Shantideva :
« Les pensées, les émotions et les sensations n’ont ni bras ni jambes, elles ne sont ni braves ni intelligentes. Comment ai-je pu devenir leur esclave ? »
C’est donc une grave erreur que de s’identifier à ce que nous ne sommes pas – les phénomènes – et de ne pas nous identifier à ce que nous sommes – l’esprit –. En effet, les phénomènes sont trompeurs : en apparence, ils semblent exister d’une certaine manière (de manière conventionnelle ou relative : c’est-à-dire en ayant certaines caractéristiques qui leurs appartiennent, comme la forme et la couleur), mais en réalité, ils existent d’une autre manière (de manière ultime ou absolue : c’est-à-dire vide de caractéristiques leurs appartenant).
Les conséquences du fait d’appréhender les phénomènes de manière correcte ou non, sont l’apparition du nirvana et du samsara, des saints et des êtres ordinaires.
Maintenant, tournons notre esprit vers l’intérieur (ce que la plupart des gens ne font jamais) et réfléchissons : quelle est la nature de l’esprit, de la conscience, que les tibétains nomment base primordiale ou dharmakaya, et qui est personnifiée par Vajradhara, le bouddha originel ?
A-t-il une forme, une couleur, un centre et une périphérie, un haut et un bas, une limite, etc ? Si nous faisons une telle analyse, nous arrivons à la conclusion que ces questions ne définissent rien au niveau de l’esprit, que les concepts de forme, de couleur, de centre et de périphérie, de haut et de bas, que les notions de temps et d’espace, d’existant ou de non-existant, etc, ne peuvent pas être appliqués à l’esprit. Le fait que toutes ces notions ne peuvent être appliquées à l’esprit prouve que la nature de celui-ci est la vacuité. Mais l’esprit n’est pas seulement vide, il a aussi la capacité d’être conscient, ce qui lui permet d’expérimenter des états de bonheur ou de malheur. Cette faculté d’expérimenter, de pouvoir répondre intelligemment à certaines situations est liée à la lucidité naturelle de l’esprit, que les tibétains appellent claire lumière.
[2] « Ceux qui sont morts ne vivent pas et les vivants ne mourront pas. Les jours où vous mangiez ce qui est mort, vous en faisiez du vivant. Quand vous serez dans la lumière, que ferez-vous ? » (Evangile selon Thomas)
Retrouver le texte en son entier ici : http://www.terre-inconnue.ch/
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