L’obéissance
Posté par othoharmonie le 29 avril 2012
L’obéissance, un mot qui nous gratte les oreilles !
Pour la série vidéo Des Valeurs à Vivre (1), J. Genel a demandé à Rémi Tremblay comment se vit l’obéissance au sein de son entreprise. Toujours à l’écoute de ses collaborateurs et n’obéissant qu’à son intuition, il se confie sur cette valeur qui lui permet d’être toujours lui-même.
Je trouve remarquable que, dans une entreprise, un patron obéisse aux talents de ses collaborateurs, quelle que soit leur fonction. C’est peut-être le secret d’une véritable communication, d’une vraie relation que vous savez entretenir et qui fait votre succès, chacun reconnaissant son propre talent, celui des autres et chacun étant à sa place. Est-ce ainsi que vous avez réussi ?
C’est la façon que nous avons trouvée. Est-ce la meilleure ? J’ai beaucoup de difficultés avec les modèles. Je pense que si les schémas de gestion d’entreprise ou de gestion de vie fonctionnaient, il n’y aurait pas autant de détresse et de milliards de dollars dépensés en santé mentale dans nos organisations. Il y a donc urgence à explorer de nouvelles pistes et nous l’avons fait en nous explorant nous-mêmes au fil des années. Nous avons commencé par définir nos besoins, nos rêves et, très vite, nos valeurs. Nous nous sommes demandé comment nous voulions vivre entre nous. Notre approche a donc été plus philosophique et nous avons ensuite abordé la spiritualité. Nous avons fait en sorte que tout au long de notre découverte, notre “ organisation ” – autant notre entreprise que notre propre famille – nous ressemble toujours et qu’elle soit le reflet de ce que nous sommes.
Nous avons réalisé que la conscience, dans une équipe, peut être exprimée par différentes personnes selon les circonstances. Le patron ne doit pas toujours être le visionnaire. Adolescent, je n’avais aucune considération pour le talent que j’incarne aujourd’hui parce que je voulais avoir celui des autres ! Mais le jour où je l’ai reconnu, c’est devenu plus facile d’accepter de ne pas posséder les autres et d’y être fidèle.
En obéissant à ce que tu as ressenti lors de prises de décisions importantes, tu as fini par récolter ce que tu avais semé : la cohérence, l’honnêteté, la confiance, l’amour et la réussite professionnelle. Peut-on aller jusqu’à affirmer que l’obéissance à ce que l’on est, ce que l’on perçoit ou ce que l’on ressent peut être porteur des changements de société que les gens espèrent ?
Beaucoup de gens me l’ont dit. Et même au moment où je ne m’écoutais pas, je suppose que cela a eu un effet dans mon inconscient. J’ai l’impression d’avoir reçu dix fois ce que j’ai demandé à la vie. Cela va m’aider dans ce travail de reconstruction de l’équipe canadienne. Mais je ne pense pas l’exprimer ainsi à mes équipes. Je vais essayer de partir à la découverte de qui ils sont et de devenir leur regard sur eux-mêmes. Certains des leaders m’ont déjà dit : “ Rémi, quand on se regarde dans tes yeux, on a l’impression qu’on se voit mieux que dans le miroir ! ” J’essaie juste de partir à la découverte de leur grandeur afin qu’ils y obéissent.
Auras-tu un message à leur transmettre d’emblée ?
Ce sera de leur dire qu’il faut être sans attente. Leur entreprise a vécu des moments très difficiles et je leur demanderai où ils étaient quand tout ça s’est produit. A l’instant, tu parlais de semer et récolter. Eh bien, je pense qu’il faut le faire d’abord pour soi. Le danger est de devoir le faire pour les autres. Semer de l’espoir, ça me va, mais semer des réponses est un risque et j’ai un peu cette tendance… Si je sème des jonquilles et qu’ils attendent des tulipes, ça ne va pas. Il faut s’assurer ensemble de semer “ la bonne affaire ” et ça, c’est une responsabilité qui nous appartient.
Depuis le début de cette série sur les valeurs, nous découvrons comment chacune d’elles révèle à sa manière notre beauté intérieure. Toutes semblent connues, mais chaque entretien permet aussi de les redéfinir. Merci Rémi de l’avoir fait avec l’obéissance.
Avec l’influence culturelle et religieuse que le Québec a subie, je pense que l’obéissance est un mot que l’on doit redéfinir aujourd’hui. J’ai essayé de le faire, mais il nous “ gratte encore les oreilles ”, les gens ont un peu de difficulté avec cette confusion qui existe entre obéissance et soumission. Dans mon entreprise, la dernière valeur abordée a été la liberté. Nous avons évoqué autant le concept de liberté intérieure qu’extérieure. Le prochain sera peut-être l’obéissance et je t’en remercie.
(1) Réalisée avec douze personnalités québécoises autour des valeurs.
(2) Remy Tremblay : Leader d’influence au Québec par sa pensée et sa cohérence dans l’action, il a été PDG d’Adecco Canada. Auteur de deux ouvrages : Découvrez et Les fous du roi (AVM diffusion avmlib@wanadoo.fr)
Etes-vous fidèle ?
L’obéissance, comme le dit Rémi Tremblay, est un mot qui nous “gratte les oreilles” ! Neuf fois sur dix, il est synonyme de soumission, de servitude, de subordination. Dans l’esprit des gens, on obéit toujours à une autorité extérieure : le parent, l’éducateur, le plus fort, le chef, etc. Ainsi, on n’est plus fidèle à ce que l’on est. Alors, qu’en est-il de l’obéissance à soi-même ? Nous en faisons l’expérience quotidiennement ! Comment ? En écoutant notre intuition, notre ressenti, en suivant notre idée. L’obéissance est faite de ces petites victoires qui nous mettent en confiance. Elles nous rendent courageux quand on doit désobéir à tout ce qui peut nous mettre en danger – nos propres pulsions destructrices, les manipulations extérieures, etc. L’acte d’obéissance doit toujours nous permettre de rester en accord avec nous-mêmes et il doit se traduire par un bien-être intérieur et une force pour en assumer les conséquences.
Jean-Claude Genel dans l’article paru sur http://www.gproductions.fr presse
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