L’Honnêteté

Posté par othoharmonie le 27 juin 2012

L’honnêteté, au risque d’être soi !

 

Entretien entre Jean-François Vézina et Jean-Claude Genel

 

L'Honnêteté dans Chemin spirituel 68495853animation32-8d1545-gifLe célèbre adage de Socrate « Connais-toi toi-même » nous oriente sur une valeur que nous avons régulièrement à côtoyer sur le chemin de la vie : l’honnêteté. J’ai demandé au psychologue Jean-François Vézina comment il percevait cette qualité ?                                                                                         


Jean-François, comment perçois-tu l’honnêteté ?

L’honnêteté est la base sur laquelle doit se construire notre quête, de la plus petite réflexion à la plus grande remise en question. L’honnêteté nous invite à rentrer en nous-mêmes pour aller explorer l’univers qui nous habite, apprendre à être bien avec soi, quelles que soient nos imperfections.

Mais devant ce risque « d’être soi », de voir nos imperfections, il est difficile d’être toujours honnête envers soi-même.

 Etre malhonnête avec soi ne mène nulle part ! Cela nous maintient dans l’illusion de vivre. Il faut au contraire développer une attitude de vigilance qui consiste à nous questionner : « Qu’est-ce que je fais en ce moment pour que ma vie ait un sens, pour qu’elle soit la plus vraie possible ? » L’honnêteté nous permet de développer ce réflexe d’aller voir ce qu’il y a en soi, donc de se faire confiance d’abord et de faire confiance au processus naturel de vie qui cherche à nous trouver.

 En effet, la personne qui est honnête avec elle-même est plus ouverte, plus sensible et plus disponible aux phénomènes de synchronicité. Elle sait reconnaître le sens réel d’un événement qui se présente à elle sans être obligée d’en inventer… C’est un peu comme si par les synchronicités, l’univers cherchait continuellement à faire émerger le vrai en nous.

Une autre des dimensions de l’honnêteté, c’est de nous inviter à entrer dans le mystère de la vie et de nous dire qu’on ne sait pas tout, qu’on ne peut pas tout connaître. Je crois que se connaître, c’est en partie reconnaître qu’on ne peut pas complètement se connaître (rires !). Sans honnêteté, nous fabriquons des réponses abusives qui nous éloignent des véritables questions.

 Dans ce processus du « Connais-toi toi-même », l’honnêteté nous aide-t-elle justement à nous poser les bonnes questions ?

 Oui, et le travail du thérapeute est aussi d’aider la personne à découvrir quelles sont les vraies questions à se poser dans des situations spécifiques. Il serait facile pour le thérapeute d’imposer une réponse alors que la personne n’est pas prête à la recevoir. Elle pourrait prendre cette réponse comme étant sa réponse, l’éloignant de plus en plus de sa vérité.

 Peut-on aussi voir le thérapeute comme un passeur entre le mensonge que l’on se raconte et la vérité que l’on porte ? 

Je compare souvent mon travail de thérapeute à celui d’un éditeur : la personne me présente en quelque sorte le manuscrit de sa vie. Je me dois de lui indiquer les incohérences de son récit et de l’accompagner dans les rectifications à opérer. En ce sens, oui, le thérapeute est un passeur qui permet à la personne de trouver le véritable sens de sa vie.

 Dans son travail, le thérapeute est-il conduit à faire un travail sur lui-même qui implique également l’honnêteté ?

 Comment peut-on aider quelqu’un à être honnête dans sa démarche sans l’être soi-même ? Le thérapeute doit accepter de quitter son confort pour aller voir ce qui se passe dans le monde de l’autre. Ce n’est pas toujours évident parce que cela lui demande parfois de changer. Une thérapie est « réussie » quand l’analysant et l’analysé se transforment tous les deux, et cela passe par la « vérité ». En face d’une personne qui souffre, je me dois d’entrer dans le bain avec elle, très honnêtement, sans savoir où cela va nous conduire. Je ne peux pas lui assurer qu’elle va guérir, mais je peux lui garantir que je vais faire ce que je peux pour plonger avec elle dans l’expérience pour l’aider à y voir plus clair.

 Peut-on considérer l’honnêteté comme la voie qui mène à la guérison ?

 La guérison est un mécanisme complexe qui nous demande d’être le plus vrai possible avec soi et avec les autres. Ce processus n’est jamais complètement terminé. Il y a un paradoxe : on tend à être de plus en plus honnête, mais il faut être honnête pour réaliser qu’on ne peut pas toujours l’être ! (rires)

 J’aimerais que l’on revienne à la synchronicité par rapport à l’honnêteté.

 La synchronicité arrive souvent en période de grandes transitions, de grandes désorganisations dans nos vies. Elle veut nous ramener au centre de nous-mêmes.

L’honnêteté nous aide à percevoir ce qui nous arrive comme quelque chose d’utile à notre progression. La personne qui fait preuve d’honnêteté enclenche elle-même une adéquation entre ce qui lui arrive et le message que cette expérience transporte. Pour elle, ce qui est à l’extérieur fait écho à ce qui est à l’intérieur. Il faut être honnête pour le reconnaître.

En définitive, à toute personne qui choisit d’emprunter la voie du « Connais-toi toi-même » pour retrouver le sens de sa vie, l’honnêteté est indispensable à la réussite de sa quête. Etre vrai avec soi est une valeur sûre, le reste n’est qu’illusion !

 A propos de Jean-François Vézina 

 Il  est psychologue et auteur des livres « Les hasards nécessaires » (sur les synchronicités) et « Se réaliser dans un monde d’images » (sur le pouvoir de l’image). Tous les deux édités aux Éditions de L’Homme.  Site :www.jfvezina.net


Sur les chemins de l’honnêteté
par Jean-Claude Genel : 
Je vous propose quelques pistes pour expérimenter cette valeur au jour le jour. Si vous les avez déjà explorées, vérifiez alors que vous gardez le cap !

 floaties

Connais-toi toi-même
Repérez dans quelle circonstance récurrente vous manquez d’honnêteté. Que pourriez-vous faire pour que cela change ? Quel moyen simple pouvez-vous trouver pour développer ce réflexe d’aller voir d’abord ce qu’il y a en vous quand ladite circonstance se présente ?

Intérieur ou extérieur
Souvenez-vous de deux circonstances, l’une où vous avez puisé à l’intérieur de vous le plus honnêtement possible, l’autre où vous avez cherché la solution à l’extérieur. A la réflexion, dans quelle circonstance vous êtes-vous senti(e) le/la plus vrai(e) ?

Risquer d’être soi
Rappelez-vous une situation délicate où vous avez agi en toute honnêteté, malgré une certaine part de risque. Qu’avez-vous le sentiment d’avoir gagné ?

Vos réflexes
Quelle expérience récente (événement, situation, etc.) vous a permis de mieux vous connaître ? Que vous a-t-elle appris de nouveau sur l’honnêteté ?

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