Humilité c’est une vertu (?)
Posté par othoharmonie le 19 juillet 2012
L’humilité que prônent toutes les voies spirituelles ne peut pas se fabriquer, on ne devient pas humble parce que l’on prétend “être tout petit”. La véritable humilité, c’est de se voir tel que l’on est, ni plus ni moins, et de s’accepter dans son intégralité, en assumant ses failles, mais aussi ses dons et ses qualités comme des faits. Ce qui revient à quitter le monde du jugement. Chez beaucoup d’Occidentaux, la spiritualité, qui devrait être le terrain privilégié de la réconciliation avec soi-même, aboutit souvent à son contraire, le renforcement de l’aliénation dont on désire s’affranchir. Les chercheurs de vérité s’adressent souvent à des maîtres, non pas tant parce qu’ils sont animés par une authentique recherche, mais parce qu’ils ne s’aiment pas. Ils espèrent que les enseignements spirituels vont les aider à “devenir meilleurs”.
Nous nous plaignons souvent de manquer d’énergie, mais la non-acceptation de nous-mêmes, sous ses multiples formes, constitue le plus grand blocage énergétique que l’on puisse imaginer, blocage que nous ne cessons d’alimenter par de nouveaux refus. En fait, cette erreur témoigne d’une incompréhension des lois qui régissent le processus même de la transformation. Car c’est bien à une transformation que nous invite toute voie spirituelle, non pas sur la base de la suppression de certains aspects de nous-mêmes, mais de leur transmutation, véritable alchimie intérieure. Ce dont nous voulons à toute force nous débarrasser pourrait bien être notre plus grande richesse. Sœur Emmanuelle raconte une très belle histoire concernant les chiffonniers du Caire : les détritus de la décharge sur laquelle ils naissaient, vivaient et mouraient dans des conditions épouvantables étaient devenus, avec le temps, un engrais particulièrement fertile que la municipalité du Caire est venue acheter pour l’épandre sur les champs d’Egypte.
On parle sans arrêt de “devenir soi-même”, souvent dans un esprit de revendication, comme si l’extérieur – la société, le milieu professionnel, l’entourage proche – était responsable de notre aliénation. Mais, ne sommes-nous pas les premiers artisans, à force de nous refuser, de notre prison ? La fameuse “connaissance de soi” suppose l’intégration de tous les aspects de notre réalité actuelle, ceux que nous aimons et ceux que nous n’aimons pas – mais également ceux que nous ne connaissons pas encore et que notre attitude d’accueil va permettre de révéler à la conscience. Les Tibétains ont une très belle expression : entrer en amitié avec soi-même, et cette amitié se pratique au quotidien, instant après instant. Comme le dit un adage soufi : “Ou vous entrerez entier au Paradis, ou vous n’y entrerez pas.” »
L’humilité va de pair avec une autre vertu dont elle est, à vrai dire, inséparable, la simplicité.
Mais, qu’est-ce, au fond, que l’humilité ? C’est avant tout le sens du réel : cette vision claire de notre œil intérieur par laquelle nous nous connaissons tels que nous sommes, sans vaine complaisance.
L’homme en général se connaît fort mal. A force de donner aimablement la comédie à ses semblables, il finit également par se la donner à lui-même. Qui est-il ? Mais, celui qu’il croit être, en premier lieu. Ensuite, il n’est plus très sûr de n’être point celui qu’il voudrait être, je veux dire cet acteur jamais tout-à-fait dupe du masque qu’il porte et des phrases qu’il récite, mais finissant cependant par « croire que c’est arrivé », comme on dit, à force de le persuader aux autres. Il n’est mal renseigné que sur l’essentiel : ce qu’il est réellement, ce qu’il devrait être ; en d’autres termes, le lieu où il se trouve et celui où il doit se rendre.
C’est pourquoi le grand’œuvre consiste pour lui à acquérir la simplicité intérieure, qui s’appelle aussi unité. De ces quatre êtres, celui qu’il est, celui qu’il croit être, celui qu’il voudrait être et celui qu’il devrait être ; il lui faut en faire un seul.
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