La réalité et son reflet
Posté par othoharmonie le 20 juillet 2012
En résumé, il n’existe que 2 choses : la réalité et son reflet. La réalité, c’est l’esprit, et le reflet, c’est les phénomènes. Toutes les expériences que nous avons fait durant notre vie, tout ce que nous avons vécu, tout cela peut se résumer à de la vision, à de l’audition, à de la pensée, etc, bref, tout cela se résume à de la perception. Celui qui perçoit est comparable au corps, la perception est comparable à l’habit. Celui qui perçoit est comparable au miroir, la perception est comparable au reflet dans le miroir. Mais hélas nous, les êtres ordinaires, non seulement nous ne voyons pas ce qui existe : la réalité, l’esprit ; mais qui plus est, nous voyons ce qui n’existe pas : nous voyons certains phénomènes comme ayant une nature attirante, d’autres comme ayant une nature repoussante et d’autres encore comme ayant une nature neutre.
Précisons encore certaines choses. Les seuls êtres qui « méditent » véritablement sont les bouddhas réalisés ; nous, nous ne faisons que nous « entraîner » à méditer. Quant aux enseignements des sages, ce n’est pas « le dharma », mais « une représentation du dharma ». Les représentations du dharma sont toujours limitées, mais le dharma lui-même est illimité et peut ainsi s’adapter à l’infinie diversité des êtres.
Comme l’a dit Gonsar Rinpoché :
« Les enseignements du dharma les plus importants sont écris tout autour de nous par la vie elle-même ».
Lorsqu’on parle « d’atteindre l’état-de-bouddha », c’est une manière de parler conventionnelle.
En réalité, rien ni personne ne peut atteindre l’état-de-bouddha. L’ego peut-il atteindre l’état-de-bouddha ? Bien sûr que non, puisque atteindre l’état-de-bouddha est synonyme de disparition de l’ego. Et lorsqu’on parle « de disparition de l’ego, de l’erreur et la souffrance », c’est encore une manière de parler conventionnelle. En réalité, ce qui n’a pas d’existence ne peut disparaître. C’est notre « croyance » en l’existence de l’ego, de l’erreur et de la souffrance qui est appelée à disparaître. Imaginons une île (nous-même) habitée par une colonie de gazelles (nos croyances mondaines). L’idée est d’introduire sur cette île une colonie de lions (les croyances religieuses) qui va dévorer la colonie de gazelles. Ensuite les lions ne trouvent plus rien à manger et meurent de faim : l’île est vide, le but suprême est atteint. L’idéal bouddhiste n’est donc pas de remplacer nos « mauvaises » croyances par de « bonnes » croyances, mais d’anéantir toutes nos croyances. (Les gens ordinaires entretiennent la croyance au moi et au mien. Les gens religieux pensent qu’ils doivent détruire la croyance au moi et au mien. Ils pensent donc qu’il existe un je qui doit cesser de croire qu’il existe, vu qu’en réalité il n’existe pas! Les croyances des gens religieux sont donc beaucoup plus subtiles et raffinées que celles des gens ordinaires !). L’attachement au dharma, aux choses spirituelles, doit donc nous délivrer de l’attachement aux choses matérielles. Mais l’attachement aux choses spirituelles doit finalement être abandonné. Si ce n’est pas le cas, alors nous mourrons à cause d’un excès de médicament, au lieu de mourir à cause d’un excès de poison. [11]
« Puisqu’on ne peut décrire « la vérité fondamentale », qui doit pourtant être réalisée dans la méditation yoguique, l’expression « vérité fondamentale » n’est qu’une métaphore. Puisqu’il n’y a ni voyageur, ni voyage sur la « voie » l’expression « voie » religieuse n’est qu’une métaphore. Puisqu’il n’y a aucun témoignage de « l’état de vérité », l’expression « l’état de vérité » n’est qu’une métaphore. » (D’après Gampopa)
Lorsque nous disons « untel a réalisé l’illumination ou l’éveil », c’est une manière de parler conventionnelle. Si nous passons d’un état non-illuminé à un état illuminé, alors cet état illuminé a un commencement. Et tout ce qui a un commencement a une fin. Mais la vraie illumination est éternelle, sans commencement ni fin, elle ne peut être ni gagnée ni perdue. Le corps n’a jamais connu la vie, l’esprit n’a jamais connu la mort. Considérer que l’illumination est la conséquence de la pratique spirituelle est une erreur. Il est vrai que pour voir le soleil, il est nécessaire d’ouvrir les yeux. Mais il serait faux de dire « le soleil brille, parce que j’ai ouvert les yeux ». De même, il serait faux de dire « untel a atteint l’éveil, parce que il a effectué telle pratique spirituelle »[12].
Tous les êtres sont parfaits depuis toujours : ce qui distingue les bouddhas des êtres ordinaires est que les premiers savent (ce) qu’ils sont, alors que les seconds l’ignorent. Nous sommes comme un petit enfant qui joue avec ses amis : il joue le rôle d’un policier, d’un voleur, il imagine qu’il est un médecin ou un malade. Puis, soudain, il se souvient qu’il n’est qu’un petit enfant. Il quitte alors ses amis et rentre chez lui.
[11] L’attachement au bonheur nous rend malheureux. L’attachement à la sagesse nous rend idiots. Si l’attachement aux bonnes choses est un poison… que dire de l’attachement aux mauvaises choses !
.[12] « En fin de compte, la question du lâcher-prise nous échappe. Nous ne pouvons nous abandonner à la bénédiction par un acte de volonté. Nous pouvons demander le lâcher-prise, nous efforcer de nous soumettre. Nous pouvons prier, chanter les louanges de Dieu, pratiquer, nous offrir au divin et poser bien des actes en ce sens, mais nous ne pouvons nous soumettre à la bénédiction. Cette soumission procède de la grâce par laquelle le divin s’empare de nous. Tout au plus pouvons-nous demander que cette soumission se produise pour nous. Si le divin entend notre prière, il se peut que cet état advienne. » (Lee Lozowick)
Retrouver le texte en son entier ici : http://www.terre-inconnue.ch/
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