Psychanalyse, sexe et taoïsme

Posté par othoharmonie le 7 août 2012

 

Historiquement, la psychanalyse est née sur le fumier d’un monde profondément barbare dans sa conception du corps et de la sexualité : la société puritaine bourgeoise. Et, sous la forme endémique qu’ils prennent au XIXème siècle, l’hystérie de la femme et le fétichisme de l’homme sont à considérer comme des « pathologies bourgeoises ». Jusque-là, la sexualité était assez simplement vécue. Les parents n’éprouvaient aucune honte à se montrer nus devant leurs enfants. Il n’apparaissait pas nécessaire de les informer de cette dimension de la vie, car il était même d’usage de faire l’amour en leur présence. La barbarie sexuelle de notre culture s’installe avec la Révolution française et la publication, en 1760, du premier « ouvrage scientifique » invitant de la sexualité infantile ; L’Onanisme, dissertation sur les maladies produites par la masturbation, du docteur Tissot.

 Ce livre, qui invente de toutes pièces que la masturbation infantile engendre les plus terribles maladies, est le premier d’une longue série. Réédité jusqu’au début du XXè siècle, il inaugure une des périodes les plus noires de notre histoire sexuelle ; l’alliance des médecins, des prêtres et des mères patronnesses de la bourgeoisie chrétienne qui harcèlent les parents pour les convaincre que la sexualité infantile est la cause des pires fléaux. Cette alliance, qui est l’armature plus ou moins occulte du puritanisme bourgeois, fait qu’à la fin du XIXè siècle, le rapport au corps et à la sexualité atteint dans la société occidentale l’apogée d’une folie dévastatrice, les médecins reprenant à leur compte les théories de l’Eglise sur la lubricité congénitale du féminin. Ils dissertent sur les modalités permettant de soulager les jeunes filles de l’organe qui els condamne aux pires maladies : le clitoris […]

Description de cette image, également commentée ci-après

De ce sombre bourbier « médico-sexuel » ont surgis, au début du XXè siècle, les premières bases du féminisme posées par les hystériques viennoises qui, comme Bertha Pappenheim  ou Lou Andréas Salomé, ont mis une énergie colossale pour convaincre Freud d’inventer et de divulguer la psychanalyse. L’hystérie, dont toutes les jeunes filles de bonne famille souffraient, était alors devenue endémique. On s’st moins intéressé au fétichisme masculin, car il n’a pas eu le rôle fondateur qu’a occupé l’hystérie dans la constitution de la psychanalyse. C’est également à cette époque qu’il prend une forme massive, car il est, comme l’hystérie, le produit d’une société qui a savamment enfermé la mère et l’enfant dans une illusion asexuée.

 

 LA SCHIZOPHRENIE MASCULINE

L’alliance du prêtre, du médecin et de l’épouse bourgeoise, qui s’installe au XIXè ciècle, vise à protéger l’enfant de toute représentation sexuelle. Considérant la masturbation infantile comme le premier des fléaux, elle entreprend d’en exclure toute trace du foyer. C’est ainsi que l’homme bourgeois se coupe radicalement en deux dans sa sexualité. D’un côté, il installe son épouse dans un univers aussi tendre et doux qu’il se veut asexué. Tenant à l’envisager, avec elle, la sexualité que dans le strict registre de la procréation, il la condamne à l’apparente virginité qui est de mise devant l’enfant ; de l’autre, il institutionnalise les maisons closes. Tel est l’acte chirurgical qui scinde alors la sexualité masculine entre l’immaculé domaine des mères et celui des lanternes rouges […]

 Psychanalyse, sexe et taoïsme dans La Sexualité Sacrée cabinet_divan_freud-300x214De nos jours, la Gay Pride semble avoir pris le pas sur le Moulin Rouge. Or, à la façon dont le sexe s’exhibe, aujourd’hui, de toute part, ne faut-il pas entendre un ci sans mot, constitué d’une montagne de questions et, en cela, semblable à celui des adolescents qui, dès qu’on leur donne la parole, expriment l’angoisse que crée une société qui montre tout, mais qui continue à ne jamais rien dire. Tel est ce qui m’a amené à questionner la validité des « outils psychologiques » et de la « psychanalyse d’alcôve », tant dans la prise en charge de la santé sexuelle que dans la compréhension des revendications libertaires de toute sorte qui s’expriment actuellement un peu partout. […] les troubles sexuels dépendent autant des modalités par lesquelles la sexualité s’est construite, dans l’enfance, que de la culture dans laquelle on est né. La construction sexuelle n’est donc pas plus sociale qu’individuelle ; elle est les deux. Je l’ai montré dans Et l’enfant créa le père ; elle est, à sa base, de la naissance jusqu’à la fin de l’oedipe, transgénérationnelle.

 Elle implique donc non seulement les parents, leurs traditions, leurs moeurs et leur culture, mais également leur héritage ancestral et leur part de traumatismes. Les thérapeutes qui ont mis en place une clinique transgénérationnelle le constatent quotidiennement : le poids que représente, dans notre vie sexuelle, celle de nos parents et grands-parents, est incontournable. Ce qui fait que les inhibitions et autres troubles affectifs et sexuels provenant des fantômes familiaux, sont aujourd’hui encore, profondément marqués par la barbarie avec laquelle le puritanisme bourgeois a sauvagement persécuté la sexualité infantile.

 

Extrait d’un texte de Didier Dumas que vous pouvez consulter sur le site www.jardindidees.org.

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