qu’est-ce que l’éveil
Posté par othoharmonie le 7 septembre 2012
L’éveil c’est cela : se souvenir (de ce) que nous sommes.
Mais cette expérience, la rencontre avec nous-mêmes, avec Cela, avec la nature de l’esprit qui est spacieuse et lumineuse, ne peut pas être provoquée. Si cette expérience pouvait être provoquée, alors Cela, la vacuité, dépendrait de quelque chose qui n’est pas Cela, et c’est impossible vu qu’en réalité seul Cela existe. Donc, rencontrer des grands maîtres, lire des textes qui traitent de la vacuité, effectuer des pratiques spirituelles, méditer, etc, ne peut en aucun cas nous permettre de réaliser Cela, ni nous empêcher de réaliser Cela.
La réalisation de Cela ne dépend que de Cela. Alors pourquoi pratiquer, si notre pratique ne peut en aucun cas être la graine dont le fruit sera la réalisation de Cela ? Il n’y a pas de raison. Mais si nous pratiquons, tout en sachant qu’il n’y a fondamentalement aucune raison de pratiquer ni de ne pas pratiquer, alors, en pratiquant avec cet état d’esprit, nous serons parfaitement décontracté, non tendu vers un but situé dans l’avenir, léger, et notre pratique deviendra alors ce que l’on peut appeler une pratique parfaitement pure. La meilleure chose est d’offrir notre pratique au divin avec le même esprit qu’un petit enfant qui offre un dessin à sa maman : il sait bien que ça ne va rien changer ni à sa vie ni à celle de sa mère ; il le fait simplement car il aime sa maman.
« Celui qui, délaissant le Spontané, se consacre au nirvana, d’aucune manière n’accède au Sens ultime. Comment en s’attachant à quelque chose obtiendra-t-on la délivrance ? Sera-t-on délivré par la méditation ? A quoi servent les bougies ? A quoi bon les offrandes, qu’accomplit-on à l’aide des formules ? A quoi bon les austérités, à quoi bon les pèlerinages ? Peut-on atteindre la délivrance en se plongeant dans l’eau ? Laisse là tout attachement, renonce aux contraires illusoires. Il n’y a rien d’autre que la parfaite connaissance de « Cela ». Quand la conscience s’éveille, tout est Cela. » (Sahara)
Certaines personnes pratiquent du matin au soir et du soir au matin : offrandes, mantras, etc. Mais ces pratiques sont effectuées par l’ego et pour l’ego. Elles permettent ni plus ni moins que l’amélioration de ce dernier. Grâce à ces pratiques, notre ego va devenir beau, fort, etc. Ce qui n’a rien à voir avec le maître authentique, la religion authentique, la voie et la pratique authentiques. Lâcher-prise à l’ego, afin que celui-ci passe à l’arrière plan et que le bouddha (qui est le maître véritable) passe au premier plan, voilà la vraie pratique, voilà la voie authentique, la religion authentique. (Hélas, c’est généralement lorsque nous sommes dans une situation extrêmement inconfortable – confrontés à la mort et à la souffrance – que l’ego se retire et que le bouddha pense à travers notre esprit, parle à travers notre bouche et agit à travers notre corps).
Si l’ego passe au second plan et le bouddha au premier plan, alors tout ce que nous ferons, dirons ou penserons sera véritablement saint, sera véritablement une méditation. Autrement, même si nous récitons un milliard de mantras, que nous pratiquons intensivement durant des années et des années, nous n’obtiendrons aucun résultat digne de ce nom. En effet, de même que les petits enfants sont capables de jouer au policier, au voleur, au docteur… et au religieux, de même notre ego peut jouer tous ces rôles. Mais il ne peut « que » jouer ces rôles, faire semblant ; il ne peut pas se comporter véritablement comme un policier, un docteur, etc. De même, notre ego ne peut que faire semblant de pratiquer, seul le bouddha qui est en nous peut pratiquer pour de vrai.[13]
Nous devons savoir que le désir de pratiquer la méditation, de rencontrer des maîtres, d’avoir des expériences spirituelles, que ce désir est un obstacle à l’éveil. Tant que ce désir est là, l’éveil ne peut pas survenir. Le Bouddha de notre temps, Sakyamouni, avait un fort désir d’effectuer des pratiques spirituelles, jeûne, méditation, etc. Lorsque ce désir est tombé, il a obtenu l’éveil. Pour obtenir l’éveil, il suffit que le désir d’atteindre l’éveil soit supérieur aux autres désirs : désir de faire des pratiques spirituelles, désir de fonder une famille, désir de faire le tour du monde, etc.
On peut alors se demander pourquoi le Bouddha et ceux qui l’ont suivit ont toujours enseigné que pour atteindre l’Eveil, il faut aller voir un maître, suivre ses conseils, méditer, etc.
En effet, en agissant ainsi, nous renforçons la lutte : « si je mets en pratique les conseils du maître, je serai heureux, si je ne les mets pas en pratique, je souffrirai. Si je médite c’est bien ; si je ne médite pas, c’est mal, etc ». Et plus nous luttons, plus nous nous éloignons de notre état naturel et donc de la félicité, plus notre croyance erronée en l’existence du bien et du mal se renforce. Plus nous luttons pour ne pas souffrir et plus nous souffrons. Ce processus se poursuit jusqu’à ce que la situation devienne totalement insupportable. Alors instinctivement, nous lâchons prise, nous cessons de lutter… et la souffrance s’arrête.
Ce processus, qui est naturel, affecte tous les êtres sensibles. Le but de la religion et du maître en particulier, c’est d’accélérer ce processus, de l’intensifier, afin que nous en arrivions rapidement à être totalement écoeuré de lutter pour être heureux et ne pas souffrir. Le but de la religion et du maître ce n’est pas de résoudre nos problèmes, c’est de faire en sorte que ce soit nous qui résolvions nos problèmes. Et pour que nous puissions résoudre nos problèmes, il faut les voir clairement. Donc, le but de la religion et du maître, ce n‘est pas de diminuer nos problèmes, mais de les faire grossir afin que nous puissions bien les voir ! En effet, nous ne sommes pas capables de voir nos problèmes ; tout ce que nous sommes capables de voir c’est les conséquences de nos problèmes. En effet, il est impossible de voir ses problèmes sans voir la solution à ses problèmes, et vice et versa ![14]
En somme, tant que nous cherchons à atteindre l’Eveil, nous souffrons !
[13] D’après Karl Renz, l’éveil surgit non pas « grâce » aux pratiques spirituelles que nous accomplissons, mais « malgré » ces pratiques. Lorsqu’il est questionné sur l’utilité de ces pratiques, voici ce qu’il répond. (Question d’un disciple) « Est-il nécessaire de faire un travail sur soi-même, de se développer (par exemple de travailler sur les aspects négatifs, etc.) ? Certains enseignants affirment que tout cela n’existe pas, que nous sommes entièrement libres, que rien ne doit être accompli. Qu’est-ce que cela signifie ?
(Réponse de K. Renz) C’est exact. Pour être ce que tu es, ni travail ni développement ne sont requis. Toutes les notions de voie, de développement et même de connaissance apparaissent avec la première pensée » je « . Cette première idée crée le temps, l’espace et donc l’univers entier. Tant que cette pensée » je « , qui signifie séparation, dualité, souffrance, apparaît réelle, le désir d’unité existe – et, avec lui, la recherche d’une porte de sortie – afin de mettre un terme à la souffrance. La première pensée erronée, » je « , engendre la fausseté de tout ce qui s’ensuit. C’est pourquoi, seulement par la certitude absolue que l’on existe avant que la pensée » je » ne se manifeste (reconnaissant ainsi le faux comme tel et supprimant par ce moyen la racine de tout problème), peut-on être ce que l’on est. En étant ce que tu es, ou plus précisément, comme tu es, absolu, antérieur à tout et à rien, tous les concepts s’anéantissent. ».
[14] Jésus déclare : « Celui qui connaît la souffrance connaît aussi l’absence de souffrance. »
Retrouver le texte en son entier ici : http://www.terre-inconnue.ch/
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