Nous sommes fait pour nous déployer
Posté par othoharmonie le 12 octobre 2012
Guy Corneau : Nous sommes fait pour nous déployer
Chacun a en lui des ressources et des talents qui ne demandent qu’à se manifester. C’est la thèse du psychanalyste Guy Corneau, qui explore avec nous les pistes pour libérer ces forces créatrices.
Pascale Senk
Psychanalyste, Guy Corneau a fondé les groupes de parole et d’entraideRéseau hommes Québec et Réseau femmes Québec, et anime des ateliers de développement personnel un peu partout dans le monde. Il est l’auteur de très nombreux ouvrages, dont Victime des autres, bourreau de soi-même (J’ai lu, 2004). Pour en savoir plus sur ses ateliers, conférences, séminaires… : www.productionscoeur.com
Depuis plus de quinze ans, et à travers chacun de ses livres, le psychanalyste Guy Corneau s’interroge sur nos blessures et nos barrières intérieures. Nos peurs insidieuses, les rôles dans lesquels elles nous enferment, la dépression… sont autant de mécanismes psychologiques qu’il s’est plus particulièrement attaché à décrire.
Puis, au printemps dernier, changement perceptible de cap : le psychanalyste québécois donnait quelques conférences sur un thème nouveau qui nous a fait envie : « le meilleur de soi ». Nous avons assisté à l’une d’elles. Seul sur une chaise, le micro en main, il a parlé pendant plus de deux heures des « forces vives » que chacun porte en lui mais a parfois du mal à laisser s’exprimer. « C’est ce qui peut nous aider à sortir de la prison », expliquait-il. Talents, qualités, compétences et intuitions…
Autant d’atouts que nous sommes nombreux à avoir senti vibrer au fond de nous (souvent au moment de l’adolescence), mais que nous délaissons sous le coup des contraintes matérielles, familiales, professionnelles. Ce trésor intérieur, véritable ferment de notre créativité et de notre singularité, le psychanalyste nous invite à ne pas l’abandonner, mais au contraire à le faire fructifier. « Je suis conscient qu’aller vers l’expression de soi demande un certain courage », reconnaît-il. Mais si cette lutte pour libérer le meilleur de soi débouche, comme il l’assure, sur des vies qui nous ressemblent vraiment, nos efforts seront pleinement justifiés. Nous le valons bien, non ?
Psychologies : Nous vivons dans un monde qui nous invite à toujours faire mieux, à être plus… Est-ce que vos recherches sur « le meilleur de soi » s’inscrivent dans ce courant ?
Guy Corneau : En général, nous n’avons pas une idée très claire de ce que signifie « le meilleur de soi ». Nous avons tendance à l’associer aux notions de performance, de compétition, comme dans l’expression « vouloir être le meilleur ». Mais c’est alors le pire de nous-mêmes dont nous parlons. Pour moi, le meilleur de nous, c’est l’essence créatrice de notre être profond. Cet élan créateur qui nous pousse à avancer depuis toujours – depuis notre naissance – et qui cherche à s’exprimer à travers nos talents, nos habiletés. Chez beaucoup, cette puissance créatrice est inhibée, et il s’est créé un écart entre soi et son être profond.
Cet « écart entre soi et soi » est-il plus fort aujourd’hui ?
On est de plus en plus sollicités. On a de moins en moins de temps pour respirer, ou flâner, ou juste être. Or, je pense que pour toucher le meilleur de soi, il faut déjà se donner du temps pour rêver. Des pauses où l’imagination peut se mettre en marche et nous permettre de nous voir autrement. Pas dans un sens de performance, pour être le « meilleur », mais dans le sens d’être au plus près de soi, de se sentir mieux et de sentir mieux ce qui cherche à se déployer en nous.
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