On pourrait reprendre les propos du Docteur Minou Poirier
Médecin psychanalyste, psychosomaticienne
http://minoupoirier.e-monsite.com/
Ce docteur met des éléments importants en avant… si vous voulez bien que nous les consultions ensemble, voici :
souvent, la fratrie naît d’un couple qui désire au moins 2 enfants.
Ces enfants sont des personnes nées de mêmes parents géniteurs, habituées au langage corporel des autres, aux racines entremêlées comme des graines qui poussent dans le même pot, qui ont vécu ensemble de multiples événements au quotidien mais qui les ont vécus différemment selon leur personnalité et leur humeur lorsqu’ils sont survenus.
Tout ceci crée entr’eux des liens indestructibles même si, parfois, il arrive que certains ne se fréquentent plus en vieillissant.
Cependant, enfants, ils sont tous dépendants de l’amour des mêmes parents, ils vivent ensemble sans s’être choisis, sans s’être désirés, sans avoir choisi leur place…. Quoi que…
Tout ceci crée des tensions inévitables que tout parent voudrait ne pas vivre.
Un cocon, dans lequel tout le monde s’entend, serait si douillet !un petit nid qui nous ferait revivre notre vie fœtale serait si doux ! !un idéal… !un imaginaire, certes, mais non une réalité faite d’individus différents.
Idéaliser la famille, c’est la fragiliser et fragiliser les individus qui la composent :
– les parents sont agressifs ou se sentent coupables « si je ne sais pas créer cette harmonie chez moi, c’est que je suis mauvais parent »
– les enfants : « si je suis agressif, jaloux, c’est que je suis méchant » ils en sont, eux aussi coupables ; ils vont donc essayer de refouler, ils deviennent alors névrosés ou malades. Bien souvent, quand ils seront adultes, ils voudront, à leur tour, créer une couple, une famille idéale avec les mêmes problèmes que leurs parents : agressivité, culpabilité, sentiment d’échec, dévalorisation qui sont, dans la relation, autant de vers dans une belle pomme.
Néanmoins, il est possible d’atténuer les conflits qui surgissent en en comprenant les causes, ce qui permettra d’y porter remède.
Voyons ensemble les besoins fondamentaux de l’enfant.
1) Il a tout d’abord besoin de se sentir aimé pour se sentir exister.
Chaque enfant est un être unique, spécifique. Il a, de par ce fait, des besoins spécifiques.
Pour cela, il a besoin d’écoute pour pouvoir exprimer en tête à tête ses émotions, ses sentiments, ses craintes, pour trouver, dans ce moment privilégié, les mots qu’il ne trouve pas en groupe. L’enfant a droit à la parole, mis à part des insultes, il a le droit de tout dire, mais n’ en a pas l’obligation (son jardin secret lui appartient). Il a le droit d’avoir de la rancune, d’être jaloux etc, il n’y a pas de mauvais sentiments, tous les sentiments sont simplement humains, seuls les passages à l’acte sont interdits .
Ex : l’enfant exprime qu’il a envie de tuer ou de frapper le petit qui prend beaucoup de place dans la disponibilité des parents, ce sentiment a son existence propre, il est là, qu’on le veuille ou pas. Si l’enfant peut l’exprimer sans honte, son ressenti sera un peu désamorcé mais surtout, l’enfant se sentira reconnu par le parent dans son vécu du moment, ce sera aussi l’occasion de le rassurer sur l’amour qu’on lui porte et de l’aider à faire la différence entre ce qu’il ressent et le passage à l’acte.
Imaginons quelque chose comme :
« je te comprends, c’est difficile pour toi d’avoir un petit frère tout le temps mais, tu sais, je t’aime autant qu’avant, j’ai seulement moins de temps qu’avant. Par contre, tu n’as pas le droit de lui faire du mal ». La jalousie n’est qu’une peur de ne plus être aimé.
Pour le petit qui n’a pas encore les mots, le dessin fait en tête à tête a valeur de langage même si le parent ne le comprends pas, lui sait qu’il s’est exprimé et que le parent était là pour lui .
Ce temps d’écoute ne demande pas forcément beaucoup de disponibilité, ½ h par semaine avec chaque parent lui suffit souvent sauf en état de crise.
Peut-être quelques erreurs à éviter :
La comparaison
Chaque personne est unique. On ne peut comparer que des objets, des résultats, dans les sports de compétition par exemple, mais le problème, c’est que l’enfant se projette dans ses actes, dans ses résultats.
« Si je suis mauvais élève, c’est que je suis nul » il en oublie toute sa valeur humaine, relationnelle ou autre qu’il nous appartient de lui rappeler.
L’égalité
Chaque personne est spécifique avec des besoins spécifiques.
Egaliser, c’est encore comparer.
De toute façon, il est faux que nous aimons tous nos enfants de la même façon car entre deux êtres uniques se crée une relation unique, mais il nous est possible de dire que nous les aimons autant.
Par contre, il est possible de faire passer à chacun quelque chose comme : « il n’y a dans le monde qu’une personne comme toi, et je suis heureux(se) que tu sois mon fils(fille) »
Que faire des attirances qui font aussi partie de nous « humain ». D’abord les reconnaître, essayer de découvrir leurs racines : projection de nos projets personnels, ressemblances…. ?Trouver dans l’enfant non pas « moins attirant » mais « celui qui nous attire moins » le côté qui serait susceptible de nous attirer. Lui donner plus de temps, plus d’attention.
Les rôles
Les rôles qu’on donne aux enfants les emprisonnent, les étouffent et les empêchent de ressentir notre amour. Ils prennent leur source :
* dans ce qu’on attend d’eux à leur conception ou à leur naissance. On peut y retrouver :désir d’amour, de valorisation, d’appui, de réparation, de remplacement d’un être cher disparu ou tout autre chose.
* Dans le rôle que l’enfant se donne pour attirer notre attention ou pour se différencier des autres : le gentil, le responsable, le malade, le méchant, le grand, le petit etc.
Si l’enfant a perçu que sa personnalité est unique au monde et qu’il est aimé tel qu’il est il n’aura pas besoin de se donner un rôle.
2) Besoin de valorisation pour se structurer solidement
L’enfant a besoin que l’on mette des mots sur ses valeurs devant lui et devant les autres : ses valeurs humaines, relationnelles, morales, physiques non seulement son apparence mais aussi sa santé, ses capacités intellectuelles . Même si ses résultats scolaires sont insuffisants, il a des valeurs intellectuelles : intelligence pratique, intuitive, imagination, valeurs artistiques, jugement, vivacité d’esprit, humour, etc…
Dès l’âge de 7 ans, il est important de l’entraîner à l’autoévaluation, ceci lui permettra d’apprendre à se reconnaître valable sans avoir besoin du regard des autres et aussi de reconnaître ses limites (les personnes qui ne veulent pas reconnaître leurs manques sont la plupart du temps des personnes très dévalorisées), ses erreurs, donc d’ouvrir son esprit aux apports extérieurs : études, connaissances, expériences des autres, apprentissage…
3) Besoin de territoire, de posséder des biens.
Ces besoins sont fondamentaux et font partie de notre nature humaine. Qui dit territoire, dit avoir un espace, ne serait-ce qu’un lit qui n’appartient à personne d’autre et dans lequel personne n’a le droit de s’introduire sans l’autorisation du propriétaire. Toute intrusion du territoire de l’autre est un délit, comme dans le code civil et est passible d’une sanction.
Il en est de même pour les biens, les jouets de chacun. Disposer du bien de l’autre sans son consentement est un délit nécessitant une sanction.
Vous pouvez y retrouver facilement les règles qui régissent la société, la famille est l’apprentissage de la vie en société où nous avons le devoir d’introduire nos enfants, certes, mais ces règles font partie des besoins de tout être vivant, humain et animal.
Ce qui nous différencie de l’animal, c’est que nous pouvons prêter un bien, l’offrir à quelqu’un qu’on aime, mais pour pouvoir le faire, il faut d’abord le posséder.
Quelques erreurs à éviter :
- Les parents ne sont pas des objets, ils ont leurs désirs propres, ils doivent pouvoir dire « non » et frustrer simplement au nom de leurs désirs.
- Les jouets collectifs ne peuvent se concevoir que s’ils sont régis par des règles : les jeux de société. Les autres sont sources de conflits légitimes car l’enfant n’a pas la maturité nécessaire pour les gérer avant l’âge adulte.
4) Besoin de cadre pour être rassuré
L’enfant, l’adolescent a besoin de cadre jusqu’à ce qu’il quitte le foyer parental pour vivre autonome.
Ce cadre doit être fait :
- Des règles sociales qui régissent la société et qui sont valables pour tous (y compris les parents) et à tous les âges (y compris les bébés).
Elles sont peu nombreuses :
* Interdiction de porter atteinte au corps de l’autre et de le toucher sans son autorisation, même pour l’embrasser.
* Interdiction de violer le territoire de l’autre.
* Interdiction de disposer du bien de l’autre sans son consentement.
* Interdiction d’insulter quelqu’un en sa présence.
* Interdiction de l’inceste entre les frères et sœurs, et entre les parents et enfants.
Toute transgression nécessite une sanction, il n’y a pas de petit délit.
Il me semble important de revenir sur le fait que le fait que d’avoir envie de transgresser n’est pas un délit, c’est le passage à l’acte »le faire » qui seul en est un.
- Du règlement intérieur de maison
C’est un cadre de vie familial fait par les parents, réalisé pour rendre la vie familiale plus confortable, plus agréable, plus respectueuse des besoins (et non des désirs ) de chacun.
Ce cadre, bien qu’indispensable pour l’équilibre de chaque enfant, suscite bien entendu des frustrations, lesquelles engendrent de l’agressivité. Ces réactions ne sont pas néfastes du tout, au contraire, chacun a le droit de s’exprimer pourvu qu’il le fasse d’une façon socialement acceptable, sans insultes. La frustration ne rend pas malheureux, elle gêne le désir de toute puissance, sans plus, et ceci est bénéfique.
Je préconise qu’il y ait dans chaque famille un sac de frappe pour se défouler et un lieu :chambre ou débarras où il est possible de s’exprimer seul, en criant, en disant tout haut n’importe quoi. Là, les injures, les grossièretés sont permises.
Ces défouloirs évitent presque toujours la violence, la délinquance et les troubles somatiques : maladies diverses, troubles digestifs, troubles du sommeil, troubles du comportement. Si l’enfant les utilise tôt, ils passent naturellement dans leur hygiène de vie.
Importance de la fratrie dans la vie d’adulte :
C’est dans cette vie de groupe que l’enfant peut apprendre à vivre avec les autres.
Il peut y apprendre
qu’il n’est pas le centre de l’univers,
l’esprit d’équipe,
la complémentarité,
le partage,
le respect des autres,
l’amour des autres et beaucoup d’autre chose encore.
Sa place, son vécu dans la fratrie influencera fortement son choix professionnel, sa vie privée, la place qu’il prendra dans la société.
Je suggère aux parents d’enfant unique de les sociabiliser très tôt en leur faisant bénéficier de la vie sociale d’une crèche ou d’activités dans lesquelles il a à composer avec d’autres enfants de son âge.
Je souhaite à tous les parents beaucoup de courage, beaucoup de patience et surtout beaucoup de simplicité pour accepter de ne pas pouvoir être parfait, la perfection n’existe pas .
Faire de son mieux est le maximun qui nous est possible.
Docteur Minou Poirier
Médecin psychanalyste, psychosomaticienne
http://minoupoirier.e-monsite.com/