Ces amours qui nous révèlent
Posté par othoharmonie le 10 février 2013
Certains partenaires déclenchent ce qu’il y a de pire en nous, d’autres nous poussent à dévoiler nos qualités. Pourquoi ? Mise au point avec la psychanalyste Catherine Bensaid.
Flavia Mazelin-Salvi
« C’était comme s’il appuyait sur la touche on, se souvient Luce, 39 ans. Il suffisait que Marc adopte un certain ton, un mélange de reproches et d’agressivité pour que je démarre au quart de tour. Quand je lui demandais d’exprimer clairement ses récriminations, il me répondait que j’étais toujours aux aguets, prête à le coincer et, inévitablement, nous finissions par nous traiter de “parano” et de “passive agressive”. Nous avons vécu cinq ans ensemble et n’avons jamais pu sortir de ce fonctionnement. »
Si certaines relations amoureuses font advenir le plus aimable en nous – bienveillance, indulgence, humour –, d’autres semblent nous connecter directement à notre part la plus sombre – agressivité, méfiance, violence… Comment un tel mécanisme est-il possible ?
Selon Catherine Bensaid, le mauvais côté de soi qui se réveille est toujours la partie qui, dans le passé, a été blessée, dévalorisée, négligée. Si cette zone de fragilité n’a pas été identifiée, nous choisissons inconsciemment un partenaire qui va nous faire revivre des scénarios – douloureusement – familiers. Et ses agressions – ou ce qui est vécu comme tel – déclenchent tristesse, agacement ou violence, selon la stratégie de défense que l’on s’est construit.
On ne peut sortir de ces « relations prisons » qu’en identifiant leur fonctionnement, puis en apprenant à bien se traiter. « C’est en entamant une thérapie que j’ai compris que Marc, lorsqu’il se positionnait en victime, me faisait penser à ma mère, poursuit Luce. Celle-ci me voyait en égoïste ingrate, sans jamais me dire ce qu’elle attendait de moi. Du coup, je l’agressais pour tenter d’avoir prise sur elle, mais elle restait dans sa position de victime. Sans ce travail de fond, je suis certaine que je serais toujours retombée sur le même type de partenaire. »
Depuis deux ans, Luce vit avec Alexandre. En tout point l’opposé de Marc. « Je ne connaissais que les rapports de force. Aujourd’hui, je sais ce que signifie le mot “échange”. Je me sens libre d’être moi-même, parce que je ne me sens pas jugée. Je ne suis plus sur la défensive, je n’agresse plus, alors que j’avais fini par me croire invivable ! »
Selon Catherine Bensaid, les relations qui révèlent de nous ce qu’il y a de plus positif sont celles qui, tout en nous bousculant dans nos habitudes et nos croyances, nous élèvent et nous grandissent. « Dans ces relations, chacun est un sujet à part entière. On ne se sert plus de l’autre pour régler ses comptes. » Et c’est dans ce climat de respect et de confiance réciproque que chacun peut offrir à l’autre ce qu’il a de meilleur en lui.
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