La Lutte entre le Corps et l’Esprit
Posté par othoharmonie le 12 mars 2013
C’est-à-dire : LES MEFAITS DE LA COMPLAISANCE
En fait, la lutte qui a lieu entre les parties hautes et les parties basses de notre ETRE, correspond à la lutte entre l’esprit et le corps, c’est-à-dire à la lutte entre l’adulte et l’enfant.
Quand l’adulte n’arrive pas à imposer sa volonté à l’enfant ou alors qu’il l’impose d’une mauvaise manière, le petit enfant va certainement développer un caractère très difficile : colère, irrespect, etc. Mais il faut savoir que aucun enfant n’est mauvais ; un enfant qui se comporte mal n’est que le reflet de la mauvaise éducation qui lui a été donnée.
Dans cette situation tout le monde est malheureux : l’adulte est malheureux, car le petit enfant refuse de faire ce qu’il lui demande. Et l’enfant est malheureux, car l’image qu’il a de lui-même est déplorable ; ou plus précisément, l’image de lui que lui renvoie l’adulte est déplorable, et dons il va agir en fonction de cette image négative que lui a donné l’adulte, et endosser le rôle du méchant, car il pense que c’est ce que la vie attend de lui.
En fait, lorsqu’il y a un conflit à l’intérieur d’une famille, il ne peut y avoir que des perdants. En effet, blesser ou faire du mal à quelqu’un avec qui on est lié, cela revient en définitive à se faire du mal à soi-même.
La clé pour sortir de cette impasse, c’est que l’adulte cesse toute forme de complaisance envers l’enfant. Il ne s’agit pas du tout d’être violent ou agressif envers l’enfant, mais simplement de lui reprendre le pouvoir qu’il n’aurait jamais dû avoir.
En effet, le monde dans lequel nous vivons est complexe, dangereux, etc. Ce n’est pas un monde adapté pour les enfants, ni pour les animaux d’ailleurs. Je parle des animaux, car il y a des gens qui leur donnent un pouvoir qu’ils ne devraient pas avoir. Prenons l’exemple des chiens : certains dorment dans le lit de leur maître, mangent dans la même assiette, etc. On pourrait croire que c’est un « cadeau » pour le chien, mais c’est en réalité exactement l’inverse : le chien se retrouve en position dominante, c’est-à-dire en position de celui qui prend les décisions, alors qu’il est dans un monde qui le dépasse complètement. Cela me fait penser au cas du premier singe envoyé dans l’espace : celui-ci était suffisamment intelligent pour comprendre qu’il était au cœur d’une expérience, mais pas suffisamment pour comprendre le sens ni l’intérêt de cette expérience. Conséquence : un stress terrible pour l’animal.
Concrètement, comment faire pour s’en sortir ?
Je pense que tout se joue lorsque nous sommes confrontés à une situation ingérable. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’aucune situation n’est ingérable pour un adulte véritable, pour un « adulte » au sens le plus fort de ce mot. Les enfants – et 99,99% des gens sont des enfants à l’intérieur – perçoivent toute chose comme étant soit un bien soit un mal. Un adulte, quant à lui, voit tout comme un défi.
La crucifixion de Jésus, par exemple, est effrayante pour ceux qui perçoivent le monde comme des enfants ; un adulte digne de ce nom ne verrait même pas où est le problème, il dirait un truc du genre : « Bon, je vois pas trop pourquoi ces gens veulent détruire ce corps en faisant des trous dedans… Mais ce n’est pas grave, si ça les amuse ! ».
La grande erreur, l’erreur fatale, c’est de vouloir « gérer » une situation « ingérable ». Il est incorrect de demander à un enfant de gérer l’ingérable, car c’est au-dessus de ses forces. Par contre, l’adulte peut sans problème gérer une situation ingérable, car pour lui, aucune situation ne peut être perçue comme ingérable.
Quand l’enfant essaye de gérer une situation qui le dépasse, il n’y arrive pas. Son réflexe, c’est alors de se mettre à se plaindre, voire à gémir. Bref, il va dire « non » à la situation qui se produit, il va refuser la réalité, refuser que ce qui est soit. Ce non va engendrer une souffrance qui va aller en s’accroissant, et cette situation de souffrance va provoquer un deuxième non dans le cœur de l’enfant, qui va refuser de souffrir à cause d’une situation qui le dépasse. Ce deuxième non va encore accroître la souffrance… Bref, c’est un cercle vicieux : plus je souffre, plus je refuse la souffrance, et donc plus la souffrance s’accroît.
Ce qu’il faut faire face à une situation ingérable, c’est très précisément ne rien faire, en ayant le courage de reconnaître que dans cette situation on ne peut pas s’en sortir par soi-même. Cela a une conséquence en quelque sorte magique : l’adulte, autrement dit la partie la plus évoluée de notre être (Dieu le Père), passe au premier plan, et cela résout tout d’une manière magistrale.
Si l’on comprend bien ce qui vient d’être dit, alors il faudrait se réjouir de toute situation ingérable à laquelle la vie nous confronte. Je me souviens d’un mystique chrétien, contemporain de St-Thérèse d’Avila, qui dormait dans une minuscule cellule pour moine, non chauffée. Lorsque par exemple l’hiver il avait trop froid et percevait une voix qui commençait à se plaindre à l’intérieur de lui, il enlevait une épaisseur de vêtement, ou encore ouvrait la porte de sa cellule pour que le vent y entre…
En ce qui me concerne je pense utile de préciser qu’il n’y a pas un milligramme de masochisme en moi. Si je me suis confronté à des situations ingérables dans ma vie, notamment par le biais de l’alpinisme et de la marche en montagne, ce n’est pas du tout par masochisme, mais au contraire parce que seules ces situations me permettent de sortir le meilleur de moi-même et de me dépasser.
Etre confronté à la mort ici et maintenant permet de réaliser à quel point la vie est précieuse. C’est la présence de la mort qui donne un goût délicieux à la vie !
Extrait issu du site de Xavier Plantefol, créateur de Terra Incognita : http://www.terre-inconnue.ch/
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