La spiritualité du plaisir
Posté par othoharmonie le 2 juin 2013
Plaisir et spiritualité, voilà deux mots que l’on n’a pas l’habitude d’associer !
Pourtant, que vaudrait une démarche spirituelle qui consisterait à se blesser, se maltraiter, se brimer et se faire souffrir ?
La spiritualité authentique n’est ni triste, ni sérieuse, ni austère. Et la plénitude, le bonheur et la joie figurent parmi les attributs essentiels de l’Éveil. Pour un être éveillé, la vie consiste ainsi en une suite ininterrompue de bonheurs et de plaisirs, car tout instant, tout acte et tout événement deviennent extraordinairement intéressants, dès lors qu’ils sont vécus consciemment, avec un œil neuf et sans routine, rituel, attente ou idée préconçue. La route de l’Éveil commence donc par apprendre à jouir, c’est-à-dire savoir percevoir et apprécier toute la richesse, la beauté et l’intensité de l’instant présent.
Mais, au nom du plaisir, l’être humain bien souvent s’abîme, s’intoxique et se détruit, par ignorance, fuite ou mépris de lui-même.
Il existe effectivement un monde entre le plaisir de la contemplation d’un somptueux paysage automnal, lors d’une randonnée en montagne et le prétendu plaisir d’une beuverie, se terminant invariablement par les cris, la violence et la déchéance. L’art de l’instant consiste donc en une puissante quête de beauté et une exigence permanente de valeur et de qualité : qualité des moments vécus et partagés, qualité des pensées et sentiments éprouvés, qualité des actions et projets entrepris…
On peut ainsi hiérarchiser les plaisirs, du plus grossier au plus subtil ; et une des multiples définitions que l’on pourrait donner de l’Éveil ou de la spiritualité, serait l’aptitude à goûter à des plaisirs de plus en plus fins, délicats ou éthérés.
Or, pour apprécier et savourer l’instant présent, encore faut-il s’en donner les moyens et le temps. Une existence entièrement vécue dans la vitesse, l’urgence et la précipitation ne pourra produire que des instants médiocres, des pensées conventionnelles et des relations superficielles. Pour s’exercer à l’art du plaisir, il est donc nécessaire de développer son attention et sa sensibilité, et pour cela, de ralentir le rythme, d’élaguer les activités nocives ou inutiles et de se donner le droit de faire ce que l’on aime, de dire ce que l’on pense et d’écouter ce que l’on ressent.
Le plaisir conscient devient ainsi synonyme de sagesse : en se mettant de plus en plus à l’écoute de son ressenti intérieur, on s’écartera des impasses et des pièges, et l’on deviendra expert dans l’art des solutions heureuses.
Apprendre le plaisir, c’est donc explorer et connaître de mieux en mieux son monde intérieur, ses sensations, émotions, désirs et sentiments ; c’est ainsi rétablir la connexion à la source de soi, à son être intérieur. Le plaisir véritable n’a donc rien d’une fuite hystérique et hypnotique dans l’hyper-consommation, les activités extrêmes et dangereuses ou encore les prétendus « paradis artificiels » des toxicomanes. L’hédonisme bien compris est en réalité un retour à soi, à ses idéaux et aspirations profondes, à son objectif de vie, parfois délaissé, ignoré ou enterré.
Le plaisir réel est donc moral, constructif, noble et spirituel : il résulte du désir de se rendre utile, d’apporter sa pierre à l’édifice commun et d’en retirer bonheur et fierté. Qu’il s’agisse de gastronomie, de musique, de philosophie ou de l’art de réparer les bicyclettes, la voie du plaisir nous mène vers l’Eveil et l’accomplissement. Car le plaisir authentique, émanant du centre de soi, est un indice de justesse : il indique à chacun ce pour quoi il est fait, ce qui lui permettra de se réaliser ; et il se trouve, pour cette raison, toujours accompagné du sentiment d’être à sa juste place et d’accomplir et satisfaire le dessein profond de son cœur.
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