Trouver les chemins qui mènent à moi
Posté par othoharmonie le 16 juin 2013
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Chanteur, humoriste, comédienne, réalisateur… tous à l’aise dans des métiers prestigieux, ils ont pourtant, chacun à leur façon, tâtonné pour se trouver. Récits de retrouvailles avec soi-même.
Isabelle Yuhel
Certains, l’adolescence à peine envolée, s’embarquent sur les chemins de l’existence avec cette tranquillité que donne la conscience d’être un humain aimable. Quoi qu’il en soit des aléas de la vie, pour eux, c’est une évidence : ce n’est qu’en s’aimant soi-même que l’on peut aimer les autres et espérer palper le cœur réel et profond du monde. D’autres, plus tourmentés, ont du mal à recoller les bouts de cette personnalité complexe dont ils héritent à l’âge adulte. Alors, ils avancent masqués par simple méconnaissance de qui ils sont vraiment.
Or, on ne peut s’aimer, jouir de ce beau sang qui circule dans nos veines, que si l’on se connaît. Cinq personnalités – Arthur H., Mathilda May, Michèle Bernier, Serge Moati et Vanessa – nous montrent que, si s’apprendre demande parfois du temps, une multitude de voies, depuis les arts martiaux jusqu’à la psychanalyse en passant par l’humour, peuvent aider à débroussailler ce chemin qui mène à s’aimer soi-même.
Arthur H
Arthur H, chanteur de jazz-rock
« J’éprouve des états de jubilation comme quand, enfant, vous courez très vite et que la plénitude vous submerge »
« Il y a quelques années, durant une nuit d’angoisse, j’ai passé en revue dans ma tête les artistes qui me touchaient, et je me suis aperçu qu’ils représentaient pour moi, au-delà d’une forme d’art ou de pensée, une présence physique. Et je me suis dit que, malgré mes désirs et mes rêves, je n’avais pas la présence physique.
A la même époque, je suis tombé sur un article d’Albert Palma (1) à propos des arts martiaux. Il ne mettait pas en avant l’aspect agressif que l’on imagine aller avec ce genre de pratiques, et expliquait qu’il s’agissait de retrouver une énergie naturelle proche de celle des bébés : libre et spontanée. Je me suis donc inscrit à son cours de shintaïdô, et j’ai eu l’impression de tomber dans un ouragan. C’était trois heures d’une folle intensité physique, car une des techniques de cet art est d’aller au-delà de l’épuisement.
En fait, le travail, c’est un aller-retour permanent entre la souffrance et la jouissance ; la souffrance que l’on s’impose, parce que l’énergie ne circule pas bien et qu’il faut donc aller la chercher très loin dans le corps ; et la jouissance quand enfin tu la trouves. Tu connais alors des moments de grâce comparables à ceux que j’éprouve avec la musique. Le shintaïdô est une véritable initiation, puisqu’il y a des épreuves physiques à dépasser et des remises en question profonde, et l’aide d’un maître est nécessaire pour effectuer certains passages.
Pour moi, ce maître fut Albert Palma. C’est lui qui m’a initié à cette dimension physique de l’énergie qui me manquait, et cela a changé ma façon de goûter la vie. J’ai fait l’apprentissage de la rigueur : quand tu entres sur le dojo, où les exercices ont lieu, tu salues, tu te tais, tu ouvres les yeux, et tu essayes de reproduire le plus fidèlement possible les “kata”, les formes faites par le maître. J’ai tout de suite ressenti un changement radical dans ma vie. Je ne dirais pas que cela m’a donné le goût de la joie parce que je l’ai toujours eue, mais elle était enfouie sous trois tonnes et demi d’idées et de douleurs. Or, grâce au shintaïdô, j’ai souvent éprouvé des états de jubilation qui m’ont ramené à des sensations connues pendant l’enfance, par exemple quand vous vous mettez à courir très vite et que la plénitude vous submerge.
Récemment, j’ai décidé de faire un break avec cette pratique, parce que je ne veux pas m’enfermer dans une technique. Les sensations que j’ai éprouvées, je veux les vivre, sans l’aide du groupe ni du maître, dans mon quotidien. Aujourd’hui, je sais que l’énergie est partout, dans un fou rire avec ma fille, quand je fais l’amour ou que je donne un concert. »
1- Maître de shintaïdô reconnu internationalement. Son dernier livre : “Geïdô, la voie des arts” (Albin Michel, 2001).
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