Faut-il des Mythes et de Légendes ?

Posté par othoharmonie le 20 juillet 2013

 

Avec Achille nous voici dans le mythe. Que penser des phrases d’Albert Camus ou de Simone Weil disant : « Il faut absolument s’arracher au mythe » ?

Faut-il des Mythes et de Légendes ? dans Astrologie et Esotérisme 24Tout dépend de ce qu’on appelle mythe, une notion difficile à circonscrire car là aussi les dimensions sont multiples. Prenons le mot grec, « mythos », qui veut dire récit, discours, parole. À l’origine et jusqu’au Vème siècle, mythos et logos ne sont pas différenciés, tous deux désignent la parole. Au fur et à mesure que vont se développer des formes d’écriture et de réflexion (la philosophie avec Platon et Aristote, l’histoire avec Hérodote et Thucydide, la médecine et d’autres traités de ce genre), mythos va se séparer de logos, parce que les auteurs vont utiliser le premier terme pour désigner ce que racontaient leurs devanciers et auquel ils ne croient plus. Effectuant une coupure, ils vont expliquer que mythos, c’est quand les gens racontaient n’importe quoi, répétaient de vieilles légendes invérifiables. Tandis que, dira Hérodote (et Thucydide encore plus), quand j’écris quelque chose, c’est toujours que j’ai vu ou entendu des gens qui ont participé aux événements, car moi, le mythos, pas question ! 

Alors, que sont ces histoires légendaires ? La façon dont les Grecs se représentaient leur lointain passé, l’origine du monde, la cosmogonie, les dieux, les héros. Mais le mythe, normalement, c’est oral, ça se transmet de bouche à oreille, et ce que les Grecs se transmettaient ainsi, il nous en reste uniquement ce qu’en ont fait des gens qui écrivaient : la poésie épique ou lyrique, la tragédie, la philosophie, l’histoire. Dès le VIIème siècle, beaucoup d’historiens commencent leurs récits par les dieux et les héros, qui sont pour nous légende et mythe. Pour la fondation d’Athènes, ils vont raconter comment Athéna, poursuivie par Héphaïstos, se refuse à lui. La semence d’Héphaïstos tombe sur sa cuisse, elle l’essuie avec un bout de laine qu’elle jette, et il va en naître Cécrops, mi-homme mi-serpent, fondateur d’Athènes. Et ils racontent cela comme ils vont raconter ensuite la vie de Solon, ou d’autres, qui deviennent pour nous des personnages de légende alors qu’ils sont réels. 

Quels étaient donc les principes mentaux qui présidaient aux mythes ?

Et pourquoi est-ce intéressant ?

Notez bien que je parle des mythes grecs, et non du mythe en général. Bien au contraire, je mets en garde contre l’idée qu’il existerait une fonction mythique, que le mythe serait une forme de pensée. Je crois que, comme les Grecs, il faut savoir remettre à leur place ces histoires légendaires. Quand Aristote ou Platon disent que ce sont des contes de nourrice, ils essaient de promouvoir d’autres formes de récit et de réflexion. Et le mot mythe sert maintenant à désigner toute croyance largement répandue, populaire, se diffusant très vite parce qu’elle correspond à un besoin d’explication à la fois simple et merveilleuse, et que les gens se révèlent prêts à croire n’importe quoi. C’est pourquoi il faut se garder des mythes sur l’islam, le progrès ou la science – qui sont des mythes aussi – et leur opposer une réflexion et une analyse basées sur une étude précise et objective des faits. 

Le mythe grec traduit une certaine vision de ce que sont le monde, l’homme, la vie, la mort, notre rapport au monde, au divin, à l’autre et à nous-mêmes. Il le traduit à travers une narration, sans conclusion. C’est dans le cours même du récit qu’on est amené à s’imprégner d’une certaine façon d’être au monde. Et l’être au monde des Grecs est modeste : on ne croit pas que tout est possible, que l’homme est maître de la nature et peut tout faire. Sentiment des limites, mais sentiment qu’à l’intérieur de ces limites, l’homme est responsable de ce qu’il fait. Pas de vérité imposée, pas de dogme.

Hésiode raconte l’histoire de l’origine du monde avec Chaos, Gaïa, Eros ; mais d’autres théories placent Okéanos et Thétys en premier, et les récits orphiques parlent d’un œuf cosmique où tout est confondu. Différentes façons d’expliquer un monde où chaque chose a un aspect défini, se distingue du reste, avec à la fois le jour et la nuit, le bien et le mal, le bonheur et le malheur, les contradictions de l’existence humaine. Pourquoi l’homme est-il mortel, malheureux, pourquoi doit-il travailler ? Hésiode, avec le mythe de Pandora, le raconte d’une façon incroyablement inventive et précise. Mais il existe d’autres versions, où Prométhée fabrique le premier homme et la première femme – ce qui n’est pas du tout la version d’Hésiode –, ou encore ils sont créés par des personnages héroïques qui échappent au déluge et jettent des pierres qui deviennent les hommes. Multiples versions, mais pas de vérité qui s’impose, ni de culpabilité ! Si l’on compare la Genèse et le mythe de Pandora, on voit que, contrairement à Eve qui a donné la pomme, Pandora n’a aucune responsabilité, aucune désobéissance, elle obéit strictement aux ordres de Zeus. Les hommes ne sont responsables en rien de leur destin, mais ils ont un destin : il faut naître, grandir puis mourir alors qu’au départ on était mêlé aux dieux, il n’y avait ni naissance, ni mort, ni parents, ni femme. Si tout le malheur s’ensuit, ce n’est pas la faute de la femme, c’est comme ça : acceptation d’une condition qui est faite de contradictions.

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