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Peut-on changer ce monde ?

Posté par othoharmonie le 21 juillet 2013


Peut-on changer ce monde ? dans En 2012-2013 et après 2016 phareAllons-nous laisser mourir ce monde sans rien tenter ? L’urgence ne peut plus être ignorée. Et une mutation intérieure est possible, pour préparer et permettre les changements possibles pour l’extérieur. C’est ce qu’affirment les personnalités qui ont signé ce texte d’appel, au premier rang desquels le maître zen Thich Nhat Hanh.

Nous sommes un certain nombre à penser que les valeurs fondatrices de nos civilisations sont cycliquement remises en cause.
Nous savons que les idéaux qui accompagnent les grandes épopées humaines ont besoin de se renouveler pour s’adapter à l’esprit des Temps et aux besoins des générations qui se succèdent sur la Terre.
L’humanité est-elle prête à accueillir une transformation de la conscience aussi radicale et profonde que celle qui lui permettrait de s’ouvrir à la splendeur du monde, à la manière d’un bourgeon qui explose au printemps pour faire apparaître la lumière de la fleur, prémisse de l’accomplissement du fruit ?
« …L’éventualité d’une telle transformation constitue l’essentiel du message des enseignements des grands sages de l’histoire humaine :
Bouddha, Jésus et d’autres figures emblématiques sont les premières fleurs de l’humanité.
Ce sont les précurseurs des fleurs précoces, rares et précieuses et leurs messages respectifs ont été largement incompris et souvent déformés, car une floraison généralisée n’était pas encore possible à leur époque… »
 (Eckhart Tolle)

L’humanité est-elle prête aujourd’hui, plus qu’elle ne l’était hier, à ce formidable changement intérieur qui prédispose à tous les changements possibles pour l’extérieur ?
Nous sommes une « grande minorité » à le croire et à le démontrer.
Toutes les résistances populaires des indignés face à l’imposture de la sphère financière, les innovations sociales en cours et les manifestations de la société civile pour instituer davantage de justice, davantage de solidarité, davantage de partage et de fraternité ne sont-elles pas les signes avant-coureurs de la mutation attendue ?
Toutes les initiatives citoyennes : « Resto du coeur », jardins de cocagne, économie solidaire, commerce équitable, AMAP (association pour le maintien des agricultures paysannes), Terres de Lien, Médecins sans frontières et combien d’autres mouvements bénévoles de protection de l’environnement et d’actions caritatives, n’en sont-elles pas les manifestations exemplaires ?
Elles suscitent l’adhésion spontanée et désintéressée de tant de jeunes aujourd’hui, parce qu’il sont plus préoccupés d’entraide, de solidarité et de coopération que de carrières, de compétitions ou de profits stériles…
Tous ces indicateurs du changement sont sous nos yeux, aussi incontournables et irrépressibles que la métamorphose de la chenille en papillon.
Le best-seller du Vénérable Thich Nhat Hanh, « Ce monde est tout ce que nous avons » est une invitation à relier l’écologie et la spiritualité, comme deux notions indissociables de l’énergie du « Sacré ».
Nous devons changer ce monde : nous changer nous-mêmes pour le rendre plus juste, plus sûr et plus durable pour les multiples espèces qui en ont besoin avec nous… et après nous, et surtout ne pas laisser faire l’insupportable discrimination économique et sociale qui dégrade la personne humaine et qui compromet toute possibilité de vivre en paix sur cette terre.

N’est-ce pas le plus beau et le plus grand des enjeux que nous pouvons relayer sur la terre entière avec les modes de communications modernes dont nous disposons afin de susciter cet immense élan vers un idéal commun :v Protéger la vie et les ressources sur cette belle et unique planète en commençant par célébrer en nous les valeurs sacrées de la spiritualité et de la pleine conscience.
C’est le programme du Rendez-vous des 15 et 16 septembre prochain à l’Espace de la Grande Arche à Paris La Défense autour de l’engagement « pour une éthique globale », en faveur des principes d’équité et de non-violence.
N’éludons pas nos responsabilités individuelles et collectives dans la situation de ce monde en surgissement.
Apprenons à vivre ensemble et à incarner ce message de paix pour entrer dans la liberté.

Co-signataires :
– Docteur Christophe André , médecin psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, écrivain
– Philippe Desbrosses Agriculteur – Docteur en Sciences de l’Environnement, co-fondateur d’Intelligence Verte et des principaux mouvements d’Agriculture Biologique.
– Marc Luyckx Ghisi , théologien, mathématicien, philosophe, ancien conseiller spécial à la présidence de la Commission Européenne.
– Edgar Morin, sociologue, philosophe, auteur de nombreux ouvrages de référence.
– Docteur Hanh Nguyen Ngoc, médecin acupuncteur, enseignante du Dharma, présidente de l’association « Pour les Enfants du Vietnam ».
– Jean-Marie Pelt , botaniste, agrégé de pharmacie, écrivain, homme de radio.
– Patrick Viveret, philosophe, magistrat honoraire à la Cour des Comptes de Paris.
– Pierre Rabhi, agriculteur, philosophe, essayiste auteur de « la sobriété heureuse ».

 Parution sur http://www.inrees.com/articles

 

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Trouver le divin dans le presque rien

Posté par othoharmonie le 21 juillet 2013

 Trouver le divin dans le presque rien dans DIEU images-11

EXTRAIT de l’interview de Christian Bodin sur lepoint.fr  

Christian Bobin : Tout est une question d’air et de respiration. C’est l’encombrement qui nous rend malhabile, et qui nous fait parfois, suffoquer. On a besoin de connaître des choses telles que l’ennui, le manque, l’absence, pour connaître la présence, la joie et l’attention pure. On a besoin d’une chose pour aller vers une autre. Par exemple, j’aime beaucoup les livres, mais j’ai remarqué que je trouvais les plus intéressants dans les toutes petites librairies perdues, qui n’en vendent que très peu ; comme si c’était là que certains livres m’attendaient depuis très longtemps. Alors que je ne les aurais pas vu dans un grand étalage, parmi mille autres choses. Cette pensée va dans le sens exactement inverse de celui qui a créé Internet. À la racine d’Internet, il y a le désir qu’on ait tout, tout de suite. Que surtout nul ne souffre plus d’un manque. Or, je pense que c’est une souffrance que d’avoir tout à sa disposition, sans intervalles. On devient soi-même comme une chose au milieu des choses. Alors qu’on a besoin que certaines vitres de la maison soient cassées. Et que le vent entre ! Besoin de certains défauts, de certains manques, de certaines brisures, pour pouvoir respirer.

N.C. : Qu’est-ce qui vous conduit vers la toute petite librairie où, justement, vous allez trouver le livre rare et important ? Le hasard ? La grâce ?

C.B. : Comment préciser sans trahir ? (parce qu’il faut que je reste dans ma langue, que je parle avec mes mots). Vous avez plusieurs façons de voir le soleil. La voie scientifique vous met entre les mains des documents extrêmement nombreux, de plus en plus précis, qu’il vous faudra plus qu’une vie pour lire. Et puis, vous avez l’autre voie. Vous regardez autour de vous, vous voyez un pissenlit, et là, vous savez ce qu’il en est du soleil. Parce que la structure est la même. Le pissenlit, à mon sens, est comme un petit frère égaré du soleil. Il aime tellement son grand frère, qu’il s’est mis à lui ressembler. Dans l’infime, vous avez l’immense. La contemplation vous donne ce que l’information ne vous donnera jamais. La contemplation a besoin de s’appuyer sur du très peu, du très simple. Elle est semblable à ce royaume dont parle le Christ, qui est tout entier contenu dans un grain de sénevé.

N.C. : Autre cohabitation des contraires, vous dites qu’il faut « écrire, pour réparer l’irréparable »…

C.B. : Oui, d’abord l’accepter l’irréparable. Le regarder. Le contempler en tant que tel. Ne pas chercher de consolations illusoires. Ne pas se précipiter pour venir en aide. Mais, d’abord, regarder, et si l’on est devant un mur, le voir. S’il est aussi haut que le ciel, le reconnaître. C’est quelque chose qui amène un profond changement intérieur. Cette « acceptation » n’est pas une résignation, mais une vue. C’est la vue qui guérit, la vision vraie. Pas l’illusion, même si parfois la vérité est que nous n’avons pas de solution. Mais le reconnaître, le formuler, change tout. Comme si savoir que la porte est fermée, et l’accepter, vous la faisait traverser ! Or, la racine de la vue, c’est la contemplation. Et la racine de la contemplation, c’est l’attention.

L’écriture évidemment a à voir avec ça. Les livres, je les aime depuis toujours. Ce qui est beau, c’est que les livres sont bâtis à la hauteur des mains. Un livre, c’est comme une porte qui ne serait pas plus grande qu’une main. Et, de l’autre côté de cette porte, il y a les anges. Voilà ce que sont les livres, en gros, je m’en suis aperçu très tôt. Mais ce n’est pas le cas de tous les livres, loin de là ! Certains livres, qualifions-les de « vrais », viennent en secours au lecteur. Ils viennent vers lui et ont la vertu de l’écouter. Pourquoi ? Il y a quelque chose dans une page qui est en train de me déchiffrer. Je crois la lire, et c’est elle qui me lit ! Les « vrais » livres sont toujours des livres de médecine, au fond. Ils sont guérisseurs. Parce que ce qui nous rend malade, ce sont souvent les mots. Soit que ces mots qui nous aient manqué. Soit qu’ils aient été d’une dureté insupportable. Mais ce que des mots ont fait, d’autres mots peuvent le défaire. C’est le langage qui souffre en nous, et qui nous fait souffrir. Et la matière des livres est un langage qui est, ou devrait toujours être profondément réparateur.

N.C. : Quels livres jalonnent votre parcours ?

C.B. : Je peux citer quelques auteurs. Par exemple, André Dhôtel et Jean Grojean. Ils ont beaucoup de points communs. Ils ne sont plus de ce monde et se connaissaient entre eux. Dhôtel, c’est extraordinaire, ses livres sont comme une forêt impénétrable. On peut avoir crainte, en les lisant, de ne plus jamais vouloir rentrer à la maison, tellement ils semblent longs et invraisemblables. Et puis, tout d’un coup, on débouche sur une clairière de toute beauté, devant une image ou une parole qui ne vous quittera plus jamais. Ce sont des « livres expériences ». Apparemment, ce sont des récits qui captent le charme même de la vie, ce que la vie a d’imprévisible et de malicieux par rapport à nos projets, nos volontés. Je crois que c’est Giacometti qui disait : « Le malheur, quand on cherche, c’est qu’on ne trouve que ce qu’on cherche. » Dans les livres de Dhôtel, comme dans la vie, les gens cherchent quelque chose, et puis oublient à un moment ce qu’ils cherchent, et c’est là qu’ils trouvent des merveilles. Ce sont des livres de vagabonds, qui ont la consistance des nuages. Leur forme change, au fur et à mesure des relectures. C’est ça, les livres vagabonds. Dhôtel dit : « Je n’aime pas rêver. J’aime que les rêves viennent vers moi ».

Grojean, c’est tout à fait autre chose. Mais finalement, il arrive au même point source. Grojean, son grand amour, ce sont les Évangiles. L’un de ces maîtres-livres, c’est L’ironie christique, paru chez Gallimard, qui est un commentaire, pas à pas, de chaque verset de l’évangile de Saint-Jean, qu’il a traduit lui-même. C’est époustouflant de vie, de vivacité, de malice, de songes. Comme son camarade André Dhôtel, ses phrases bougent alors que le livre est fermé. Et, quand vous revenez, elles ne sont plus à la même place. Peut-être que c’est ça, les vrais livres. Ils poursuivent leur vie, indépendamment de vous. Et donc, quand vous les retrouvez, vous aussi, vous êtes neufs. Parce qu’on est toujours en miroir, dans cette vie. On est, au fond, comme l’autre est, en face de nous. Ce sont des livres où la pensée a la fluidité des rivières, ou plus rare, de la lumière sur la rivière. C’est cette chose presque indicible, et toujours mouvante, que ces deux écrivains ont su capter dans leurs mots, dans leur intuition de la vie.

Il y a une veine taoïste dans les Évangiles, qui a été très bien saisie par Grojean. Son Christ est comme désencrassé de toutes les Églises, de toutes les institutions. Il est comme rendu à lui-même. Propre, comme un caillou, comme un sou neuf, un brin d’herbe. Et, il est à proprement parlé « inouï ». Quand on voit ce Christ-là, on comprend que l’on n’a pas encore commencé à vraiment réfléchir à la merveille de toute cette histoire. Si simple, et pourtant si mystérieuse.

Lire la suite de l’article ici ….

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