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Le peuple juif a-t-il inventé Dieu ?

Posté par othoharmonie le 25 septembre 2013

par André Chouraqui

Le peuple juif a-t-il inventé Dieu ? dans DIEU images-123

Il y avait déjà la Bible de Jérusalem, la Bible d’Osty, la « TOB » (traduction oecuménique)… Il y avait déjà des dizaines de traductions du Nouveau Testament et du Coran. Mais à lire ces mêmes textes, fondateurs du christianisme, du judaïsme et de l’islam, traduits par André Chouraqui, on a l’impression de les découvrir pour la première fois. Et l’on s’aperçoit que les racines de notre inconscient spirituel collectif de Paris à Rio et de New York à Bagdad, remontent toutes à Abraham. Le Dieu prié sur la moitié de la planète serait-il juif de naissance ?

Nouvelles Clés : Vos traductions ont pour caractéristique essentielle de toujours serrer de très près le sens premier des mots « Si vous avez choisi de reconduire ainsi les textes monothéistes à leur origine hébraïque, est-ce parce que vous considérez le peuple hébreu comme « l’inventeur » du Dieu unique ?

André Chouraqui : Vous savez, on ne peut pas se réveiller un matin et se dire : « Je vais réaliser cette oeuvre », si on ne la porte pas déjà à l’intérieur de soi. J’ai traduit ces textes tout simplement parce que je portais ces traductions depuis toujours en moi. A vrai dire, j’ai l’impression d’avoir été traversé par cette oeuvre de résurrection des mots, je crois qu’elle a passé à travers moi parce qu’elle devait à tout prix passer.

Quant à votre question sur « l’invention » du Dieu unique, j’ai plutôt conscience que c’est le Dieu unique qui l’inventeur du peuple hébreu ! En vérité, ces choses-là ne s’inventent pas, elles sont ou elles ne sont pas. Elles touchent en fait aux réalités les plus profondes de l’homme et de l’humanité. Le judaïsme, certes, est un phénomène unique en son genre, irréductible à toute autre tradition… mais l’on peut dire la même chose du bouddhisme, du shintoïsme, du christianisme, etc. La multiplicité de ces unicités est infinie ! Cela dit, la Bible, en tant que livre, est une oeuvre particulièrement unique. Qu’elle soit traduite en plus de 1900 langues et dialectes, qu’elle soit le best-seller de tous les temps, qu’elle le demeure encore chaque année, cela ne s’invente pas non plus: il y a là quelque chose qui, à l’évidence, ne dépend pas seulement des hommes. De même pour le Coran, qui lui aussi est annonciateur de l’Elohim d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, et a connu un destin à nul autre comparable. Face à ces himalayas mystiques, les auteurs humains de livres, même les plus lus, font tous figure de petits nains !

N. C. : Dans son « activité » créatrice, le Transcendant de la Genèse se manifeste sous le nom dElohim. Dans le fait que ce vocable intraduisible soit un pluriel ne voyez-vous pas comme la trace, la réminiscence d’un polythéisme originel du peuple hébreu ?

A. C. : Le nom général générique de la divinité chez les Hébreux, comme chez tous les autres peuples sémites, est Elohim. Il vient d’un mot qui a rapport au cerf, symbole de la force.

Eloha, c’est la Force qui mène le monde. Elohim, c’est cette même force conçue sous le mode pluriel. En ce sens, vous avez raison : si l’on était allé dire à Abraham ou à Moïse qu’ils étaient monothéistes, ils auraient été les premiers surpris . L’idée de monothéisme, en fait, est une conception philosophique récente. Le peuple hébreu a trop conscience de la vie pour penSer qu’il n’y a qu’un dieu, ou plus exactement, pour penser que la vie et la divinité ne sont pas plurielles dans leur unité. Prenez le mot « visage », par exemple : en français, on dit « le visage d’un homme », mais c’est un mensonge. Qu’ya-t-il de commun entre votre visage d’enfant et votre visage d’adulte,entre votre visage en colère, ou pleurant, ou plein de joie, ou désespéré ? Les Hébreux, eux, disent Panim, « les Visages » , ou « les faces », comme je l’ai traduit. Tout ce qui est vraiment vivant est par essence multiple, et il n ‘y a rien de plus vivant que le Vivant par excellence que la Bible nomme Elohim.

N. C. : Ihvh est l’autre nom qui indique l’intervention du Transcendant dans la Bible et qui s’accouple maintes lois à celui dElohim. Etonnante. cette dualité des noms qui désignent le Dieu Un…

A. C. : Il s’agit simplement de la dualité qui existe entre le nom commun et le nom propre : vous êtes un homme, c’est ce qui vous définit de façon générique, mais vous êtes aussi votre nom propre, qui vous désigne vous, personnellement, intimement, dans votre unicité. Le nom propre de l’Elohim de la Bible, le seul nom révélé directement par Lui à l’homme dans la liturgie du Buisson-Ardent, se compose de quatre lettres : Yod-hé-vav-hé, Ihvh. De même qu’Elohim dérive d’un mot qui signifie la Puissance, de même le « Tétragramme » dérive d’une racine qui a rapport à l’Etre. Lorsque Moïse demande à Elohim: « S’ils (les enfants d’Israël) demandent quel est ton nom, que leur répondrai-je ? », il lui est dit : « éhévé asher éhyév », « je serai qui je serai ». On pourrait aussi bien traduire: « je serai : je serai », car la conjonction asher est la plus subtile des conjonctions. Il y a ici la répétition, à la première personne, du verbe être dans sa forme « inaccomplie ». En hébreu, n’existe pas succession passé-présent-futur, mais la distinction sur un autre plan, entre l’accompli et l’inaccomplie est donc toujours « Celui qui vient », l »‘Eternel », quoique le concept d’éternité tel que l’entend l’Occident soit foncièrement étranger à la pensée biblique. Disons plutôt: « l’Etre qui a été, qui est, qui sera » à chaque instant.

En un mot, la Transcendance pure.

N. C. : lhvh est non seulement. comme Elohim, intraduisible. mais également imprononçable. On serait bien en peine. d’ailleurs de le prononcer puisque du fait de l’absence de voyelle dans l’hébreu écrit ce tétragramme ne nous dit rien de sa prononciation originelle. Comment interpréter cette béance. ce silence crucial au coeur même du judaisme ?

A. C. : Le Tao dit que le nom qui peut se prononcer n’est pas le Nom qui fut toujours, et que la route qui peut se parcourir n’est pas la Route qui fut toujours. Ce que la Bible nous apporte, c’est la compréhension d’un fait essentiel : dès que vous donnez un nom à la divinité, vous suscitez la contradiction. Je suis attaché à la Bible parce que son « dieu » n’a pas de nom, ou plutôt, parce qu’il a un nom silencieux. On ne peut donc sérieusement se diviser sur cet Essentiel, on ne peut que se fondre dans cet Essentiel. La Réalité la plus universelle (la plus « catholïque », si ce mot avait encore un sens), c’est l’Etre. On peut dire : « Je ne crois pas en un Dieu » … et pour tout vous avouer,

el est mon sentiment. Mais comment pourrait-on ne pas croire en Ihvh l’Ineffable, l’Imprononçable, c’est à dire en l’Etre de l’être ? Le mot croire, d’ailleurs, est un piège, car la foi en l’Etre n’est pas une croyance d’ordre mental, mais une adhérence.
L’homme de fois adhère à Ihvh comme l’écorce adhère à. l’arbre. Cela se passe de mots, cela se passe de noms pour nommer l’Innommable. Aussi, les Hébreux, pour lire le Tétragramme, prononcent Adonaï que l’on a souvent traduit par Seigneur ; mais là encore, à quoi bon employer un mot aux connotations médiévales et féodales ? Il y a tant de mots étrangers déjà intégrés tels quels dans la langue française que je ne vois aucune raison de ne pas conserver ce nom d’Adonaï, qui, en réalité n’est pas étranger au christianisme puisque c’est celui qu’employait Jésus.

N. C. : Lorsque nos manuels d’histoire nous parlent de lavhé ou de Jéhovah, ils sont donc, du point de vue spirituel complètement hors-sujet. Mais les chrétiens ont-ils mieux en nommant « Dieu  » cet indicible ?

A. C. : Pour Jéhovah, on a purement et simplement marié les consonnes de Ihvh avec les voyelles de la prononciation d’Adonaï. Les chrétiens qui ont fait cela n’ont fait que montrer leur profonde ignorance du principe biblique qui commande de ne pas prononcer I’lmprononçable. Ce qui est invraisemblable, c’est que les deux mots les plus importants de la Bible, Adonaï et Elohim, soient rayés, effacés des 1900 traductions existantes ! Au moment de réaliser ma propre traduction, je me suis aperçu qu’aucune de celles qui existaient depuis deux mille ans n’avait jusqu’alors adopté cette clé, pourtant lumineusement évidente. Ce faisant, elles vidaient la Bible de son contenu essentiel et irremplaçable, et étaient toutes entachées du plus grand sacrilège. Les traducteurs étaient pourtant avertis par le commandement : « Tu respecteras le nom d’Adonaï Elohim » commandement dont dérivent tous les autres, y compris le : « Tu ne tueras point », puisque ne pas respecter le Nom, c’est en quelque sorte tuer l’Etre de l’être. Mais il y a pire : outre ce sacrilège, le véritable drame c’est qu’on nous propose en prime, au lieu du nom d’Adonaï Elohim, son exact contraire : kurios theos, qui, en grec, désigne les dieux de l’Olympe, puis les empereurs romains qui se sont attribués le nom de dominus deus. Theos, deus, Dieu, ne sont autre que le Zeus, et le despote romain qui s’y assimile ! Chez les anglo-saxons et les normands, même confusion: Gad, Gott, dérivent de Wotan et de Tor, les dieux de la guerre ! Au Japon, depuis Saint François-Xavier, on a cherché un « équivalent » au nom d’Adonaï Elohim, et en fin de compte, comme le montre la dernière traduction oecuménique de la Bible en Japonais, on est tombé sur Kami, qui est le nom général des quelque huit millions de divinités shintoïstes. « Une de plus, une de moins… » se sera-t-on sûrement dit ! Mais on a fait là un contresens catastrophique sur la quidité, sur la nature profonde de la Bible. « Oui, me disent parfois certains de mes mis, mais lorsque I’on prie « Dieu », on ne pense pas à Zeus ». Ce à quoi je réponds toujours : « Alors dites-Ie, et n’ayez pas peur d’employer les noms justes ! Ou bien, si vous pensez que les mots n’ont pas de sens, qu’ils n’ont aucun rapport essentiel avec l’être, taisons-nous, tout se vaut et rien ne vaut la peine de vivre, de parler et de prier ! Mais on ne peut raisonner ainsi et en même temps faire semblant de croire au commandement : « Tu n’élèveras pas, tu ne porteras pas le nom d’Adonaï Elohim en vain. « Ne voyez dans mes propos aucune idolâtrie du Nom.

holistique explique pourquoi la science n’est pas venue d’Orient, qui fut pourtant longtemps en avance dans le domaine technologique. Les Chinois ont inventé la poudre, la boussole et bien d’autres innovations techniques, mais la science n’est pas née chez eux. Le concept d’un « dieu horloger » qui impose des lois strictes étant absent, ils ne se donnèrent pas la peine de rechercher celles-ci. Il leur a manqué cette notion grecque de la raison humaine, capable, par sa propre rigueur, de retrouver les lois de la nature imposé par des dieux créateurs. a quelque dix mille ans. Les éléments naturels se sont transformés en dieux, tout en acquérant des pouvoirs surhumains. Dès lors, on ne pouvait plus leur parler familièrement. Pour communiquer avec eux, il fallait avoir recours à des intermédiaires spéciaux, des prêtres – qui gagnèrent par leur fonction un grand pouvoir. Ce furent d’abord des astrologues qui lisaient dans les événements naturels le destin des hommes. Observant le ciel, ils firent de la lune et du soleil des dieux, et expliquèrent l’univers par des mythes. Pour les Égyptiens, par exemple, le ciel était le corps de la belle déesse Nout, dont les bijoux formaient les étoiles. Le dieu soleil Rê traversait son corps pendant le jour, pour revenir la nuit sur ses pas à travers les eaux souterraines dans les entrailles de la Terre. Ainsi se trouvait expliquée l’alternance du jour et de la nuit. Dans l’univers mythique, tout phénomène naturel, la création de l’univers incluse, était la conséquence des actions des dieux, de leurs amours et de leurs accouplements, de leurs haines et de leurs guerres. L’alliance entre l’homme et la nature fut rompue. L’homme se mit à adorer les dieux, mais perdit le contact intime et familier avec son environnement. Les dieux de l’univers mythique créent le monde, contrôlent tout et s’éloignent de l’homme. Eux seuls ont accès à la connaissance. 
Cette vision a duré jusqu’au VI° siècle avant notre ère, quand, le long de la côte de l’Asie Mineure, en Ionie, survient le « miracle grec ». En plein milieu de l’univers mythique, les Grecs ont l’intuition extraordinaire que les phénomènes naturels peuvent être compris sans s’abandonner aveuglément à l’action des dieux. Les composantes du monde sont régies par des lois qui peuvent être appréhendées par la raison humaine. Puisque les dieux imposent ces règles et que la nature les suit, l’idée que l’harmonie du monde ne peut être perçue qu’à travers les mesures et les observations des mouvements célestes s’impose. Seule l’observation de la nature peut en livrer les clés. Les Grecs ont entrepris de les chercher. Toute la science moderne occidentale est née de cette quête.

Des scientifiques de très haut niveau, réunis il y a un quart de siècle autour de cette question, estimèrent que l’Occident avait dû son succès au déisme, et particulièrement au monothéisme. Vous – pourtant nourri de culture orientale – semblez partager cet avis ? 

Oui. Si l’Orient a aussi élaboré de temps à autre des concepts mythiques de personnalité divine, il s’est plutôt construit sur une vue non déiste. Pour les Chinois, le monde est engendré par l’effet réciproque et dynamique de deux forces polaires opposées, le yin et le yang. Le ciel est le yang, la force masculine, créatrice et forte. La Terre est le yin, la force féminine et maternelle. Le yin et le yang se succèdent dans un mouvement perpétuel, la lumière chaude et sèche du Soleil, le yang, cédant la place à la lumière sombre, froide et moite de la Lune, le yin. De leur interaction serait né l’univers. Je pense en effet que cette vision plus holistique explique pourquoi la science n’est pas venue d’Orient, qui fut pourtant longtemps en avance dans le domaine technologique. Les Chinois ont inventé la poudre, la boussole et bien d’autres innovations techniques, mais la science n’est pas née chez eux. Le concept d’un « dieu horloger » qui impose des lois strictes étant absent, ils ne se donnèrent pas la peine de rechercher celles-ci. Il leur a manqué cette notion grecque de la raison humaine, capable, par sa propre rigueur, de retrouver les lois de la nature imposé par des dieux créateurs.

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Comment fonctionne la pleine conscience ?

Posté par othoharmonie le 25 septembre 2013

Comment fonctionne la pleine conscience ? dans Nouvelle conscience images-112

« Grâce au non agir tout se met en place », dit Lao Zi. Lao Zi et Tchouang Zi sont deux de mes « amis ». Je les lis régulièrement. Ils sont très inspirants. Tout est dit dans leurs œuvres.

Lorsque notre attention, notre conscience se portent sur ce que l’on ressent, pense… il importe de faire attention aux mots que l’on utilise mentalement pour prendre conscience de ce qui se passe en nous. Souvent, ils font obstacle à la présence en nous. Quand on est dans le passé ou le futur, il importe donc de le noter simplement et de revenir au présent. Nos pensées, les bruits, les sensations, les douleurs… ne sont pas nos ennemies. Ils sont là, c’est tout. C’est normal de les percevoir. Méditer ne signifie pas ne rien percevoir, avoir l’esprit vide. Nous sommes des humains, nous avons des pensées. Le contraire serait inquiétant. C’est la manière dont nous nous attachons ou pas à ces pensées, à ces perceptions, à ces sensations et ce que nous en faisons qui va déterminer la qualité de notre présence à l’instant. L’esprit se ballade et c’est normal. La pratique consiste à revenir, sans cesse, au moment présent. C’est un entraînement. Elle est affinée en fonction de chacun. Nous sommes à la fois uniques et différents. Nous devons apprendre à revenir à nous même de manière intime et authentique.

La pleine conscience est donc faites à la fois d’attention et d’expansion de la conscience ?

C’est ça, c’est comme la double hélice de l’ADN. L’une des hélices représente l’attention, la concentration et l’autre l’expansion de la conscience. Elles se soutiennent mutuellement. Nous avons besoin des deux. Il n’y a pas possibilité d’accéder à la sagesse à partir de la seule concentration. L’expansion de la conscience nous aide à développer la sagesse, à comprendre les choses.
Le point de rencontre entre les deux hélices, c’est le « vide médian » dont parle Lao Zi, la vacuité bouddhiste, le lieu où tout se crée et où tout retourne. Quand on commence à faire attention à ses pensées, c’est comme si on observait un flot de voiture qui passe. Entre les pensées, il y a cet espace. On n’est pas très doué pour le reconnaître. La pratique aide à voir cet espace entre les pensées et l’espace en dessous des pensées qui est la pleine conscience elle-même. C’est pourquoi, il ne faut pas fermer le robinet des pensées. C’est une énorme erreur de penser que l’esprit est vide, sans pensées. C’est très important de le comprendre. L’idée est de parvenir à demeurer stable intérieurement même en présence des pensées, des émotions quelles qu’elles soient. On peut alors voir que l’agitation qui les meut est vide, sans substance. On se rend compte qu’habituellement, ces riens qui sont vides de substance nous manipulent totalement. Ils conduisent nos vies, nous rendent fou. Ce sont des tyrans. Réaliser que nous ne sommes pas nos pensées, nos émotions, nos peines, nos colères, nos souffrances, est une expérience de

libération. On ne l’oublie jamais. Cette expérience demeure accessible en nous 24 h sur 24… si on ne cherche pas à la retrouver ! En revanche, si on s’en saisit, on est alors dans l’avidité et il est impossible de la retrouver.

Les bouddhistes disent que c’est l’esprit qui crée le monde dans lequel nous sommes…

C’est vrai à un niveau absolu. Mais sur le plan relatif, penser ainsi peut nous rendre « dingue » et n’aide pas toujours à se libérer de la souffrance. La pleine conscience c’est, découvrir en profondeur, à l’intérieur de soi, cette capacité que l’on a et qui s’appelle la conscience. Parfois, nos pensées nous rendent fou. La conscience est la seule méthode qui permet de contenir les pensées de manière à ce qu’elles cessent de nous tyranniser. C’est vrai aussi pour les émotions. Pensées et émotions sont imbriquées les unes dans les autres. Elles créent un univers à elles et on finit par croire à la réalité de cet univers. C’est ce que le bouddhisme tibétain appelle une fabrication de l’esprit. Je ne veux pas dire que le monde n’existe pas, mais qu’on ne le voit pas tel qu’il est. On ne voit que celui que l’on crée dans notre esprit.

Est-ce que les Occidentaux développent facilement cette capacité de la conscience ?

Notre programme s’est répandu dans le monde entier et montre que les Occidentaux sont aussi à l’aise que des canards dans une mare pour le pratiquer. Depuis des années maintenant, la plupart des maîtres orientaux passent la plupart de leur temps en Occident, car c’est là que « l’énergie » est maintenant. Si les enseignements sont présentés selon un dharma authentique, les Occidentaux se donnent à fond dans ces pratiques. Le dharma n’est pas seulement l’enseignement bouddhique, c’est la loi, le mouvement naturel de la vie. C’est une vérité universelle. Le dharma existait bien avant la naissance du Bouddha.

Comment définissez-vous ce qu’est la nature fondamentale de l’esprit ?

Je ne la définirais pas, cela serait trop limitant. La magie réside dans le mystère de la question : qu’est-ce que l’être humain ? Ce qu’est ce mystère, nous le découvrons peu à peu grâce à la méditation. Notre conscience englobe tout ce que nous sommes, des parties belles, des pensées sombres. Notre pratique est d’accueillir avec bienveillance l’ensemble de ces états.

C’est le début de la sérénité ?

Oui. L’impulsion qui nous pousse à suivre cette voie est déjà une forme de compassion de soi.
Il importe de garder à l’esprit cependant que rien n’est tracé d’avance. Cette aventure dure toute la vie. Elle est un engagement à comprendre qui on est. On ne sait pas où cela nous amène, mais une chose est certaine, en approchant la vie ainsi on est beaucoup moins prisonnier de nos conditionnements et de nos émotions destructives et si réactives.

Propos recueillis par le Dr Jon Kabat-Zinn

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La méditation selon le Dr Jon Kabat-Zinn

Posté par othoharmonie le 25 septembre 2013

Propos recueillis par Catherine Barry

 La méditation selon le Dr Jon Kabat-Zinn dans Méditation images-103

Plus de deux cents hôpitaux américains et des facultés de médecine aussi prestigieuses que Stanford, Duke ou Harvard pratiquent et enseignent les exercices de méditation préconisés par le Dr Jon Kabat-Zinn pour réduire le stress des traitements et les souffrances des malades.

Pour la première fois, le docteur Jon Kabat-Zinn est venu en France pour parler de la méditation de la pleine conscience et des méthodes qu’il a commencé à mettre au point il y a 30 ans maintenant, aux Etats-Unis. Il vient de fêter ses 65 ans. Son travail commence à peine à être découvert par les Européens, du moins dans le milieu médical, encore peu familiarisé avec les étonnantes capacités de transformation de l’esprit. Mais, les choses changent rapidement. En quelques jours, dès l’annonce de sa venue à Paris pour animer un séminaire, plus de 300 personnes se sont inscrites pour venir écouter cet homme, qui est à la fois médecin, scientifique, écrivain, enseignant de méditation et professeur émérite à la Faculté de Médecine de l’Université du Massachussets (le célèbre MIT), où il a fondé en 1979, la première clinique de réduction du stress, la Mindfulness Based Stress Reduction Clinic (MBSR = Méditation de la pleine conscience pour réduire le stress). Et en 1995, le Center for Mindfulness in Medecine, Health Care, and Society, un centre dédié au concept de pleine conscience dans les domaines de la médecine, de la santé et de la société. Il est aussi, membre du conseil d’administration du célèbre Mind and Life Institute, qui promeut le dialogue et la recherche, au plus haut niveau, entre les sciences modernes et les traditions contemplatives.

Quelle fut votre motivation de départ, en 1979, pour associer méditation, thérapie et réduction du stress ? A l’époque, cette démarche devait apparaître inattendue de la part d’un professeur de médecine et docteur en biologie moléculaire comme vous !

Au départ, mon souhait était de faire un travail « proche de mon cœur » (en français dans l’interview : aussi souvent que possible, par souci d’être au plus près de la pensée de ces interlocuteurs français, JKZ utilise notre langue qu’il a appris quand il était élève au Lycée Henri IV de Paris). Je voulais partager avec mes patients, les bienfaits que j’avais expérimentés en faisant ce type de méditation. Leurs effets profonds, en relation avec la santé physique et avec celle du cœur, du mental et de l’esprit, m’apparaissaient clairement. Cela, je l’avais découvert en suivant l’enseignement d’un maître coréen, Seung Sahn, dans les années 70.

Quand j’ai fondé, en 1979, la Clinique de Réduction du Stress, je n’ai pas pensé en termes de « thérapie » mais en termes d’éducation, de « self éducation », d’auto-éducation. Mais, c’est vrai que la pratique de la pleine conscience a de nombreux effets thérapeutiques, au plan physiologique et psychologique. C’est pourquoi, des méthodes issues de la MBSR existent maintenant. Le programme MBCT (Mindfulness Based Cognitive Therapy, ou thérapie cognitive basée sur la pleine conscience), par exemple, est une forme de thérapie particulièrement efficace dans la prévention des rechutes dépressives. Elle favorise la construction d’une nouvelle attitude à l’égard des pensées, émotions, comportements. Ce programme intègre la méditation de la pleine conscience et des méthodes cognitives, qui aident à se centrer sur le moment présent, de manière à éviter les ruminations négatives et tout comportement qui conduit à générer des états d’esprit faits de tristesse, d’angoisse, de peur et de mal être. Le recours à la MBCT permet de diviser par deux le risque de récidive après deux épisodes dépressifs sévères ou plus.

C’était une manière d’aider vos patients à se prendre en charge ?

Quand j’ai crée cette méthode, il y a 30 ans, en dehors de tout contexte bouddhique, c’était pour aider mes patients qui n’étaient pas satisfaits des traitements habituels. Il s’agissait de mettre en place une forme de médecine qui soit complémentaire au traitement médical qu’ils avaient. J’ai pu le faire sans rencontrer de problèmes particuliers avec mon administration et mes collègues. Mes diplômes représentaient une garantie aux yeux de mes interlocuteurs. Ce programme a eu tant de succès qu’il a fallu que je forme des instructeurs. La plupart ne sont pas médecins. À ce jour, 18 000 personnes ont suivi le programme de huit semaines, pratiqué dans plus de 200 hôpitaux aux États-Unis.

Le programme se déroule sur 8 semaines, 6 jours par semaine, et aide les patients à faire tout un travail sur eux-mêmes, sur leur esprit et sur leurs relations à la souffrance. Le choix de participer à ces groupes montre que les patients se prennent en charge. Ils opèrent un changement de vie radical et immédiat grâce à la discipline quotidienne qu’ils suivent. Cela se voit très vite. Le soutien du groupe et les nombreuses interactions qui existent entre les personnes sont très important dans ce processus. Dans un même groupe, tous non pas les mêmes maladies ou problèmes. J’ai brisé en quelque sorte une loi médicale non écrite qui disait que tous les patients ayant un même type de maladie devaient être regroupés ensemble. Cela renforçait en réalité leur stress et leur angoisse. Ce qui compte ici, c’est de travailler ensemble, à développer la capacité de la conscience à l’attention.

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