Comment fonctionne la pleine conscience ?
Posté par othoharmonie le 25 septembre 2013
« Grâce au non agir tout se met en place », dit Lao Zi. Lao Zi et Tchouang Zi sont deux de mes « amis ». Je les lis régulièrement. Ils sont très inspirants. Tout est dit dans leurs œuvres.
Lorsque notre attention, notre conscience se portent sur ce que l’on ressent, pense… il importe de faire attention aux mots que l’on utilise mentalement pour prendre conscience de ce qui se passe en nous. Souvent, ils font obstacle à la présence en nous. Quand on est dans le passé ou le futur, il importe donc de le noter simplement et de revenir au présent. Nos pensées, les bruits, les sensations, les douleurs… ne sont pas nos ennemies. Ils sont là, c’est tout. C’est normal de les percevoir. Méditer ne signifie pas ne rien percevoir, avoir l’esprit vide. Nous sommes des humains, nous avons des pensées. Le contraire serait inquiétant. C’est la manière dont nous nous attachons ou pas à ces pensées, à ces perceptions, à ces sensations et ce que nous en faisons qui va déterminer la qualité de notre présence à l’instant. L’esprit se ballade et c’est normal. La pratique consiste à revenir, sans cesse, au moment présent. C’est un entraînement. Elle est affinée en fonction de chacun. Nous sommes à la fois uniques et différents. Nous devons apprendre à revenir à nous même de manière intime et authentique.
La pleine conscience est donc faites à la fois d’attention et d’expansion de la conscience ?
C’est ça, c’est comme la double hélice de l’ADN. L’une des hélices représente l’attention, la concentration et l’autre l’expansion de la conscience. Elles se soutiennent mutuellement. Nous avons besoin des deux. Il n’y a pas possibilité d’accéder à la sagesse à partir de la seule concentration. L’expansion de la conscience nous aide à développer la sagesse, à comprendre les choses.
Le point de rencontre entre les deux hélices, c’est le « vide médian » dont parle Lao Zi, la vacuité bouddhiste, le lieu où tout se crée et où tout retourne. Quand on commence à faire attention à ses pensées, c’est comme si on observait un flot de voiture qui passe. Entre les pensées, il y a cet espace. On n’est pas très doué pour le reconnaître. La pratique aide à voir cet espace entre les pensées et l’espace en dessous des pensées qui est la pleine conscience elle-même. C’est pourquoi, il ne faut pas fermer le robinet des pensées. C’est une énorme erreur de penser que l’esprit est vide, sans pensées. C’est très important de le comprendre. L’idée est de parvenir à demeurer stable intérieurement même en présence des pensées, des émotions quelles qu’elles soient. On peut alors voir que l’agitation qui les meut est vide, sans substance. On se rend compte qu’habituellement, ces riens qui sont vides de substance nous manipulent totalement. Ils conduisent nos vies, nous rendent fou. Ce sont des tyrans. Réaliser que nous ne sommes pas nos pensées, nos émotions, nos peines, nos colères, nos souffrances, est une expérience de
libération. On ne l’oublie jamais. Cette expérience demeure accessible en nous 24 h sur 24… si on ne cherche pas à la retrouver ! En revanche, si on s’en saisit, on est alors dans l’avidité et il est impossible de la retrouver.
Les bouddhistes disent que c’est l’esprit qui crée le monde dans lequel nous sommes…
C’est vrai à un niveau absolu. Mais sur le plan relatif, penser ainsi peut nous rendre « dingue » et n’aide pas toujours à se libérer de la souffrance. La pleine conscience c’est, découvrir en profondeur, à l’intérieur de soi, cette capacité que l’on a et qui s’appelle la conscience. Parfois, nos pensées nous rendent fou. La conscience est la seule méthode qui permet de contenir les pensées de manière à ce qu’elles cessent de nous tyranniser. C’est vrai aussi pour les émotions. Pensées et émotions sont imbriquées les unes dans les autres. Elles créent un univers à elles et on finit par croire à la réalité de cet univers. C’est ce que le bouddhisme tibétain appelle une fabrication de l’esprit. Je ne veux pas dire que le monde n’existe pas, mais qu’on ne le voit pas tel qu’il est. On ne voit que celui que l’on crée dans notre esprit.
Est-ce que les Occidentaux développent facilement cette capacité de la conscience ?
Notre programme s’est répandu dans le monde entier et montre que les Occidentaux sont aussi à l’aise que des canards dans une mare pour le pratiquer. Depuis des années maintenant, la plupart des maîtres orientaux passent la plupart de leur temps en Occident, car c’est là que « l’énergie » est maintenant. Si les enseignements sont présentés selon un dharma authentique, les Occidentaux se donnent à fond dans ces pratiques. Le dharma n’est pas seulement l’enseignement bouddhique, c’est la loi, le mouvement naturel de la vie. C’est une vérité universelle. Le dharma existait bien avant la naissance du Bouddha.
Comment définissez-vous ce qu’est la nature fondamentale de l’esprit ?
Je ne la définirais pas, cela serait trop limitant. La magie réside dans le mystère de la question : qu’est-ce que l’être humain ? Ce qu’est ce mystère, nous le découvrons peu à peu grâce à la méditation. Notre conscience englobe tout ce que nous sommes, des parties belles, des pensées sombres. Notre pratique est d’accueillir avec bienveillance l’ensemble de ces états.
C’est le début de la sérénité ?
Oui. L’impulsion qui nous pousse à suivre cette voie est déjà une forme de compassion de soi.
Il importe de garder à l’esprit cependant que rien n’est tracé d’avance. Cette aventure dure toute la vie. Elle est un engagement à comprendre qui on est. On ne sait pas où cela nous amène, mais une chose est certaine, en approchant la vie ainsi on est beaucoup moins prisonnier de nos conditionnements et de nos émotions destructives et si réactives.
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