La méditation selon le Dr Jon Kabat-Zinn

Posté par othoharmonie le 25 septembre 2013

Propos recueillis par Catherine Barry

 La méditation selon le Dr Jon Kabat-Zinn dans Méditation images-103

Plus de deux cents hôpitaux américains et des facultés de médecine aussi prestigieuses que Stanford, Duke ou Harvard pratiquent et enseignent les exercices de méditation préconisés par le Dr Jon Kabat-Zinn pour réduire le stress des traitements et les souffrances des malades.

Pour la première fois, le docteur Jon Kabat-Zinn est venu en France pour parler de la méditation de la pleine conscience et des méthodes qu’il a commencé à mettre au point il y a 30 ans maintenant, aux Etats-Unis. Il vient de fêter ses 65 ans. Son travail commence à peine à être découvert par les Européens, du moins dans le milieu médical, encore peu familiarisé avec les étonnantes capacités de transformation de l’esprit. Mais, les choses changent rapidement. En quelques jours, dès l’annonce de sa venue à Paris pour animer un séminaire, plus de 300 personnes se sont inscrites pour venir écouter cet homme, qui est à la fois médecin, scientifique, écrivain, enseignant de méditation et professeur émérite à la Faculté de Médecine de l’Université du Massachussets (le célèbre MIT), où il a fondé en 1979, la première clinique de réduction du stress, la Mindfulness Based Stress Reduction Clinic (MBSR = Méditation de la pleine conscience pour réduire le stress). Et en 1995, le Center for Mindfulness in Medecine, Health Care, and Society, un centre dédié au concept de pleine conscience dans les domaines de la médecine, de la santé et de la société. Il est aussi, membre du conseil d’administration du célèbre Mind and Life Institute, qui promeut le dialogue et la recherche, au plus haut niveau, entre les sciences modernes et les traditions contemplatives.

Quelle fut votre motivation de départ, en 1979, pour associer méditation, thérapie et réduction du stress ? A l’époque, cette démarche devait apparaître inattendue de la part d’un professeur de médecine et docteur en biologie moléculaire comme vous !

Au départ, mon souhait était de faire un travail « proche de mon cœur » (en français dans l’interview : aussi souvent que possible, par souci d’être au plus près de la pensée de ces interlocuteurs français, JKZ utilise notre langue qu’il a appris quand il était élève au Lycée Henri IV de Paris). Je voulais partager avec mes patients, les bienfaits que j’avais expérimentés en faisant ce type de méditation. Leurs effets profonds, en relation avec la santé physique et avec celle du cœur, du mental et de l’esprit, m’apparaissaient clairement. Cela, je l’avais découvert en suivant l’enseignement d’un maître coréen, Seung Sahn, dans les années 70.

Quand j’ai fondé, en 1979, la Clinique de Réduction du Stress, je n’ai pas pensé en termes de « thérapie » mais en termes d’éducation, de « self éducation », d’auto-éducation. Mais, c’est vrai que la pratique de la pleine conscience a de nombreux effets thérapeutiques, au plan physiologique et psychologique. C’est pourquoi, des méthodes issues de la MBSR existent maintenant. Le programme MBCT (Mindfulness Based Cognitive Therapy, ou thérapie cognitive basée sur la pleine conscience), par exemple, est une forme de thérapie particulièrement efficace dans la prévention des rechutes dépressives. Elle favorise la construction d’une nouvelle attitude à l’égard des pensées, émotions, comportements. Ce programme intègre la méditation de la pleine conscience et des méthodes cognitives, qui aident à se centrer sur le moment présent, de manière à éviter les ruminations négatives et tout comportement qui conduit à générer des états d’esprit faits de tristesse, d’angoisse, de peur et de mal être. Le recours à la MBCT permet de diviser par deux le risque de récidive après deux épisodes dépressifs sévères ou plus.

C’était une manière d’aider vos patients à se prendre en charge ?

Quand j’ai crée cette méthode, il y a 30 ans, en dehors de tout contexte bouddhique, c’était pour aider mes patients qui n’étaient pas satisfaits des traitements habituels. Il s’agissait de mettre en place une forme de médecine qui soit complémentaire au traitement médical qu’ils avaient. J’ai pu le faire sans rencontrer de problèmes particuliers avec mon administration et mes collègues. Mes diplômes représentaient une garantie aux yeux de mes interlocuteurs. Ce programme a eu tant de succès qu’il a fallu que je forme des instructeurs. La plupart ne sont pas médecins. À ce jour, 18 000 personnes ont suivi le programme de huit semaines, pratiqué dans plus de 200 hôpitaux aux États-Unis.

Le programme se déroule sur 8 semaines, 6 jours par semaine, et aide les patients à faire tout un travail sur eux-mêmes, sur leur esprit et sur leurs relations à la souffrance. Le choix de participer à ces groupes montre que les patients se prennent en charge. Ils opèrent un changement de vie radical et immédiat grâce à la discipline quotidienne qu’ils suivent. Cela se voit très vite. Le soutien du groupe et les nombreuses interactions qui existent entre les personnes sont très important dans ce processus. Dans un même groupe, tous non pas les mêmes maladies ou problèmes. J’ai brisé en quelque sorte une loi médicale non écrite qui disait que tous les patients ayant un même type de maladie devaient être regroupés ensemble. Cela renforçait en réalité leur stress et leur angoisse. Ce qui compte ici, c’est de travailler ensemble, à développer la capacité de la conscience à l’attention.

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