Le rejet d’une vision

Posté par othoharmonie le 29 octobre 2013

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On pourrait le croire. Mais la vision du monde de Laplace est très différente de celle du bouddhisme. Certes, comme Laplace, un bouddhiste n’a pas besoin de Dieu pour faire fonctionner le monde. Pour le bouddhiste, le monde fonctionne par l « ‘interdépendance des phénomènes », idée fondamentale du bouddhisme. Rien n’existe en soi, ni n’est sa propre cause. Une chose ne peut être définie que par rapport à d’autres. L’interdépendance est nécessaire à la manifestation des phénomènes. Un phénomène quel qu’il soit — et cela inclut la création de l’univers — ne peut survenir que s’il est relié et connecté à d’autres. Le bouddhisme nie donc catégoriquement la notion d’un dieu créateur, qui existe par lui-même et indépendamment de tout, et qui crée l’univers ex nihilo. Par contre, dans la vision de Laplace, la présence de Dieu est nécessaire pour créer l’univers. Seulement, après avoir créé l’univers, et remonté son « ressort », il assiste de loin à son évolution et n’intervient plus dans les affaires humaines. C’est cet éloignement de Dieu de l’homme qui explique la réplique de Laplace à Napoléon quand celui-ci lui reproche de ne pas avoir mentionné une seule fois le Grand Architecte dans son ouvrage Mécanique céleste : « Sire, je n’ai pas besoin de cette hypothèse ! » Laplace a donc besoin d’un dieu créateur alors que le bouddhisme ne l’accepte pas. 

Mais il existe une autre différence fondamentale entre Laplace et le bouddhisme. Ce dernier donne une primauté à la conscience et au libre-arbitre. Dans l’univers de Laplace (et de Newton), au contraire, il n’y a plus de libre-arbitre, plus de choix, mais un enchaînement déterministe dans le déroulement du monde résumé par la fameuse phrase de Laplace : « Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée, et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l’analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’univers et ceux du plus léger atome ; rien ne serait incertain pour elle et l’avenir comme le passé seraient présents à ses yeux. » Autrement dit, le fait que nous soyons ici ensemble à nous parler serait déterminé dès les premières secondes du big-bang. Cela ne paraît-il pas absurde ? Selon le bouddhisme, l’univers n’a nul besoin d’être réglé pour que la conscience apparaisse : les deux coexistant fondamentalement par le principe de l’interdépendance, ils ne peuvent s’exclure. 

Mais je ne suis pas un bouddhiste « orthodoxe » : j’admets que le concept d’interdépendance puisse expliquer le réglage extrêmement précis de l’univers pour qu’il puisse héberger la vie et la conscience. Mais il est moins évident pour moi que l’interdépendance puisse répondre à la question existentielle de Leibniz : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Car le rien est plus simple et plus facile que quelque chose. De plus, à supposer que des choses doivent exister, il faut qu’on puisse rendre compte du pourquoi elles doivent exister ainsi et non autrement ». J’ajouterai : « Pourquoi les lois de l’univers sont-elles ce qu’elles sont et non autres ? ». Ainsi je pourrai très bien imaginer vivre dans un univers décrit seulement par les lois de Newton. Or ce n’est pas le cas. Ce sont les lois de la mécanique quantique et de la relativité qui rendent compte de l’univers connu. Le concept d’interdépendance ne suffit pas par lui-même à expliquer l’existence de l’univers et des lois physiques qui le règlent.

Extraits du Livre Rouge selon C.G. Jung

 

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