conscience inconditionnée
Posté par othoharmonie le 25 novembre 2013
Peter Fenner est américain, Docteur en philosophie. Il a étudié et pratiqué leBouddhisme tibétain auprès de nombreux maitres. Il enseigne aux Etats-Unis un cursus nommé « Radiant Mind ». Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont certains sont traduits en français.
Notre esprit conditionné nous dit qu’il y a toujours plus loin où aller.
En tant qu’êtres humains, nous explorons une multitude de moyens pour atteindre cette plénitude, mais la seule expérience qui puisse satisfaire tous nos besoins est celle de la conscience inconditionnée.
Pourquoi ? Parce que lorsque nous reposons dans la conscience inconditionnée, nous n’avons plus besoin de quoi que ce soit. Nous sommes parfaits et accomplis exactement tels que nous sommes. Nous n’avons pas besoin de nous débattre de certaines pensées ou émotions, ni de changer nos conditions de vie de quelque façon que ce soit. Pensées, sentiments et perceptions surviennent mais ne nous conditionnent plus. Aussi extraordinaire qu’elle puisse paraître, la conscience inconditionnée n’est pourtant pas éloignée de notre quotidien ; elle nous est toujours parfaitement disponible. Grâce à l’expérience de la conscience inconditionnée, nous pouvons connaître un accomplissement total au sein de notre existence conditionnée.
Dans cette expérience, nous abordons notre quête de cette plénitude profonde selon une perspective non-duelle. Qu’est-ce que cela signifie? Cela signifie que la liberté ou la libération n’est pas un état qui existerait en opposition avec le sentiment d’être prisonnier ou coincé dans nos vies.
En fait, il n’est en opposition avec rien. C’est un niveau d’expérience qui coexiste avec tout. Cet état de conscience inconditionnée non-duel ne peut exclure les pensées, les sensations et les perceptions parce qu’il inclut tout ce qui est, et il n’est ainsi pas séparé de notre existence dualiste quotidienne. Cette qualité non-duelle renferme inévitablement le paradoxe suivant: une chose peut être à la fois vraie et fausse, bonne et mauvaise, présente et absente. Contrairement à l’expérience du mental conditionné, l’expérience de la conscience inconditionnée nous permet de demeurer paisibles et tranquilles au sein du paradoxe et de l’ambiguïté. Notre tendance à préférer l’ordre, la structure, les catégories et les concepts s’efface lorsque nous sommes établis dans cette conscience non-duelle.
La plupart d’entre nous fonctionnons le plus souvent, pour ne pas dire constamment, à partir du mental conditionné. C’est le mental qui fait l’expérience du manque et qui cherche des solutions, des remèdes et des stratégies pour résoudre ses problèmes. Le mental conditionné fonctionne entièrement à partir des préférences, des attirances et des aversions. Il cherche à éviter la douleur et à maximiser le plaisir. Le mental conditionné essaie de retenir les expériences qui sont considérées comme « bonnes» et de rejeter les expériences jugées « mauvaises ». Il croit que le bonheur résulte de l’alignement de nos expériences sur nos préférences. Quand nos expériences et nos préférences ne coïncident pas, nous prenons cela comme un problème que le mental conditionné tente de résoudre en élaborant une stratégie, ce qui nous pousse habituellement àchanger notre situation, notre façon de penser, nos émotions, nos relations ou nos conditions matérielles. Nous éprouvons alors un soulagement momentané par rapport à ce problème, mais nous avons tellement l’habitude de juger nos expériences d’après nos préférences que nous sommes très rapidement confrontés au fait d’avoir à résoudre un nouveau problème.
En Occident, si nous réalisons que nos pensées se contredisent, nous sommes embarrassés et craignons de manquer de clarté ou de rationalité. En Orient, le paradoxe est bienvenu parce qu’il montre au mental ses propres limites, ce qui offre la possibilité d’expérimenter ce qui se trouve au-delà du courant mental conventionnel. Les voies mystiques orientales évoluent avec aisance dans ce domaine paradoxal, sans le moindre embarras ni la moindre difficulté. L’expérience leur montre que la conscience inconditionnée peut seulement être décrite par le paradoxe et la contradiction.
Lorsque nous sommes établis dans la conscience inconditionnée, notre conditionnement (âge, sexe, histoire, éducation, condition physique et situation financière) ne nous limite plus. Nous sommes intimement reliés à tout ce qui est en nous et autour de nous, et cependant nous sommes hors de portée de toute perturbation. Nous transcendons la souffrance, non pas parce que nos problèmes sont résolus mais parce que nous expérimentons un niveau de conscience dans lequel rien ne manque,un état d’être qui ne dépend ni des conditions de notre mental, ni de notre corps, ni de la situation que nous vivons.
L’expérience de la conscience inconditionnée nous fait sortir du cycle des réponses et émotions réactives en nous reliant à la nature même de notre mental en tant que pure conscience, sans contenu, non structurée. Nous retrouvons ce que nous sommes d’une façon totalement naturelle et détendue. Dans la tradition Vajrayana du bouddhisme, cette expérience est appelée l’invincibilité ou l’indestructibilité. Tout en acceptant pleinement notre existence finie et conditionnée, nous sommes établis dans un niveau de conscience qui ne peut pas être altéré ni amoindri par la présence d’une pensée, d’une émotion ou d’une sensation quelconque.
Peter Fenner – extrait du livre L’Esprit lumineux – Editions Almora
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