Dans les bras de “mother India”
Posté par othoharmonie le 9 décembre 2013
» En Inde, on vit nu ou quasiment. On a l’impression d’être dans une espèce de bulle, de poche humide et chaude, atemporelle, où même la communication est censée se faire par “vibrations”. » Pour Régis Airault, l’Inde n’est pas sans rappeler une sorte de » grande mère » archaïque qui dans le même temps attire et avale le voyageur en quête du » grand tout « , mais le rejette à force d’étrangeté, et de différence, car » l’Inde, c’est le pays de l’altérité « .
De là à penser que le processus de séparation avec la mère est au centre des problématiques rencontrées par certains voyageurs, il n’y a qu’un pas. Pour Régis Airault, » voyager, c’est avant tout fuir la figure paternelle pour ne pas l’affronter, sans pour autant abandonner l’espoir de la dépasser et de réaliser quelque chose d’œdipien en parcourant le monde « . C’est fuir le deuil de la toute-puissance infantile, tout en se donnant les moyens de faire effectivement ce deuil. Dans nos sociétés, où les rites initiatiques n’existent plus, chacun se crée ses propres épreuves ; l’Inde, qui représente en Occident une sorte de » nirvana maternel « , est, pour cela, une destination privilégiée des jeunes adultes.
Mais sur cette route, certains butent sur un écueil majeur : ils » partent tout en restant « , fusionnels, adolescents, et pris dans leur désir d’immortalité. Ajoutez à cette tentative de séparation symbolique des conditions matérielles précaires, l’épreuve de la chaleur, de la dysenterie, qui font partie du processus initiatique, et vous ne pouvez éviter les incidents.
En 1993, Jean-Marc a voyagé seul en Inde pendant un an. Il avait 29 ans. » J’avais arrêté de travailler, réglé tous mes comptes. J’étais dans un tel état d’esprit que si j’avais pu être rayé de l’état civil, je l’aurais fait ! » C’est donc une véritable volonté de renaître, de recréation, qui l’a entraîné là-bas. » Sauf que ça peut vous tuer « , précise-t-il. C’est au moment où il décide de rentrer en France, après s’être laissé absorber pendant de longs mois par le pays, qu’il tombe malade, » tétanisé, sans appétit, avec des douleurs partout pendant six jours ! » Il présentait tous les symptômes du paludisme… alors qu’il n’était pas allé en zone tropicale !
Le passage par l’Inde
Pour de nombreuses personnes, le passage par l’Inde joue donc comme une épreuve initiatique, qui passe nécessairement par une forme de mort à soi pour revenir différent. Cela ne signifie pas que les chemins de la sagesse mènent forcément à la folie. Olivier Germain-Thomas, producteur à France Culture et auteur de La Tentation des Indes (Albin Michel, 1993), confirme que les Occidentaux vont chercher là-bas » ce qui est moribond chez nous, l’élan spirituel. Mais il y a dans l’Occident actuel une hâte. Or le besoin de spiritualité n’appelle pas une réponse rapide, comme on prendrait un ticket pour Disneyland. C’est long, c’est lent. Il faut être prêt. » Telle est sans doute la leçon majeure de l’Inde.
article Angoisse et tristesse inexplicables, crises de panique et de sidération, hallucinations… L’Inde peut faire chavirer dans la folie certains vacanciers.
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