Dans ses quelques paragraphes, Eckhart Tolle partage avec nous son expérience d’illumination et la nécessité de comprendre et d’accepter ce qu’il nomme le corps de souffrance, c’est-à-dire toutes les douleurs et souffrances qui viennent de notre identification au mental et à l’ego et qui nous empêchent de vivre totalement !
Un nouveau texte fondamental de cet auteur… à lire tranquillement…
La plus grande partie de la souffrance humaine est inutile. On se l’inflige à soi-même aussi longtemps que, à son insu, on laisse le mental prendre le contrôle de sa vie. La souffrance que vous créez dans le présent est toujours une forme de non-acceptation, de résistance inconsciente à ce qui est.
Sur le plan de la pensée, la résistance est une forme de jugement. Sur le plan émotionnel, c’est une forme de négativité. L’intensité de la souffrance dépend du degré de résistance au moment présent, et celle-ci, en retour, dépend du degré d’identification au mental. Le mental cherche toujours à nier le moment présent et à s’en échapper.
Autrement dit, plus on est identifié à son mental, plus on souffre. On peut également l’énoncer ainsi : PLUS ON EST A MEME DE RESPECTER ET D’ACCEPTER LE MOMENT PRESENT, PLUS ON EST LIBERE DE LA DOULEUR, DE LA SOUFFRANCE ET DU MENTAL.
D’après certains enseignement spirituels, toute souffrance est en définitive une illusion, et c’est juste. Mais est-ce vrai pour vous ? Le simple fait d’y croire n’en fait pas une vérité. Voulez-vous éprouver de la souffrance pour le reste de votre vie en continuant de prétendre qu’elle est illusoire ? Cela vous libère-t-il de la souffrance ? Ce qui nous préoccupe ici, c’est comment actualiser cette vérité, c’est-à-dire comment en faire une réalité dans sa vie.
La douleur et la souffrance sont inévitables tant et aussi longtemps que vous êtesidentifié à votre mental, c’est-à-direinconscient spirituellement parlant. Je fais ici surtout référence à la souffrance émotionnelle, également la principale cause de la souffrance et des maladies corporelles. Le ressentiment, la haine, l’apitoiement sur soi, la culpabilité, la colère, ladépression, la jalousie, ou même la plus petite irritation sont sans exception des formes de souffrance. Et tout plaisir ou tout exaltation émotionnelle comportent en eux le germe de la souffrance, leur inséparable opposé, qui se manifestera à un moment donné.
N’importe qui ayant déjà pris de la drogue pour » décoller » sait très bien que le » planage » se traduit forcément par un » atterrissage « , que le plaisir se transforme d’une manière ou d’une autre en souffrance. Beaucoup de gens savent aussi d’expérience avec quelle facilité et rapidité une relation intime peut devenir une source de souffrance après avoir été une source de plaisir. Si on considère ces polarités négative et positive en fonction d’une perspective supérieure, on constate qu’elles sont les deux faces d’une seule et même pièce, qu’elles appartiennent toutes deux à la souffrance sous-jacente à l’état de conscience dite de l’ego, à l’identification au mental, et que cette souffrance est indissociable de cet état.
Il existe deux types de souffrance : celle que vous créezmaintenant et la souffrance passée qui continue de vivre en vous, dans votre corps et dans votre esprit. Maintenant, j’aimerai vous expliquer comment cesser d’en créer dans le présent et comment résoudre celle issue du passé.
Tant que vous êtes incapables d’accéder au pouvoir de l’instant présent, chaque souffrance émotionnelle que vous éprouvez laisse derrière elle un résidu. Celui-ci fusionne avec la douleur du passé, qui était déjà là, et se loge dans votre mental et votre corps. Bien sûr, cette souffrance comprend celle que vous avez éprouvée enfant, causée par l’inconscient du monde dans lequel vous êtes né.
Cette souffrance accumulée est un champ d’énergie négative qui habite votre corps et votre mental. Si vous la considérez comme une entité invisible à part entière, vous n’êtes pas loin de la vérité. Il s’agit du corps de souffrance émotionnel.
Il y a deux modes d’être : latent et actif. Un corps de souffrance peut être latent 90 % du temps. Chez une personne profondément malheureuse, cependant, il peut être actif tout le temps. Certaines personnes vivent presque entièrement dans leur corps de souffrance, tandis que d’autres ne le ressentent que dans certaines situations, par exemple dans les relations intimes ou les situations rappelant une perte ou un abandon survenus dans leur passé, au moment d’une blessure physique ou émotionnelle.
N’importe quoi peut servir de déclencheur, surtout ce qui écho à un scénario douloureux de votre passé. Lorsque le corps de souffrance est prêt à sortir de son état latent, une simple pensée ou une remarque innocente d’un proche peuvent l’activer.
LECTURE MEDITATIVE
En somme, le corps de souffrance ne désire pas que vous l’observiez directement parce qu’ainsi vous le voyez tel qu’il est. En fait, dès que vous ressentez son champ énergétique et que vous lui accordez votre attention, l’identification est rompue.
Et une dimension supérieure de la conscience entre en jeu. Je l’appelle la présence. Vous êtes dorénavant le témoin du corps de souffrance. Cela signifie qu’il ne peut plus vous utiliser en se faisant passer pour vous et qu’il ne peut plus se régénérer à travers vous. Vous avez découvert votre propre force intérieure.
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Plusieurs corps de souffrance sont exécrables mais relativement inoffensifs, comme c’est le cas chez un enfant qui ne cesse de se plaindre. D’autres sont des monstres vicieux et destructeurs, de véritables démons . Certains sont physiquement violents, alors que beaucoup d’autres le sont sur le plan émotionnel. Ils peuvent attaquer les membres de leur entourage ou leurs proches, tandis que d’autres préfèrent assaillir leur hôte, c’est-à-dire vous même.
Les pensées et les sentiments que vous entretenez à l’égard de votre vie deviennent alors profondément négatifs et autodestructeurs. C’est ainsi que les maladies et les accidents sont souvent générés. Certains corps de souffrance mènent leur hôte au suicide.
Si vous pensiez connaître une personne, ce sera tout un choc pour vous que d’être pour la première fois confrontée soudainement à cette créature étrange et méchante.
Il est cependant plus important de surveiller le corps de souffrance chez vous que chez quelqu’un d’autre.
LECTURE MEDITATIVE
Remarquez donc tout signe de morosité, peu importe la forme qu’elle peut prendre. Ceci peut annoncer le réveil du corps de souffrance, celui ci pouvant se manifester sous forme d’irritation, d’impatience, d’humeur sombre, d’un désir de blesser, de colère, de fureur, de dépression, d’un besoin de mélodrame dans vos relations, et ainsi de suite. Saisissez-le au vol dès qu’il sort de son état latent.
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Le corps de souffrance veut survivre, tout comme n’importe quelle autre entité qui existe, et ne peut y arriver que s’il vous amène à vous identifier inconsciemment à lui. Il peut alors s’imposer, s’emparer de vous, » devenir vous » et vivre par vous.
Il a besoin de vous pour se » nourrir « . En fait, il puisera à même toute expérience entrant en résonance avec sa propre énergie, dans tout ce qui crée davantage de douleur sous quelque forme que ce soit : la colère, un penchant destructeur, la haine, la peine, un climat de crise émotionnelle, la violence et même la maladie. Ainsi, lorsqu’il vous aura envahi, le corps de souffrance créera dans votre vie une situation qui reflétera sa propre fréquence énergétique, afin de s’en abreuver. La souffrance ne peut soutenir qu’elle même. Elle ne peut se nourrir de la joie, qu’elle trouve vraiment indigeste.
Lorsque le corps de souffrance s’empare, vous en redemandez. Soit vous êtes la victime, soit le bourreau. Vous voulez infliger de la souffrance ou vous voulez en subir, ou bien les deux. Il n’y a pas grande différence. Vous n’en êtes pas conscient, bien entendu, et vous soutenez avec véhémence que vous ne voulez pas de cette souffrance. Mais si vous regardez attentivement, vous découvrez que votre façon de penser et votre comportement font en sorte d’entretenir la souffrance, la vôtre et celle des autres. Si vous en étiez vraiment conscient, le scénario disparaîtrait de lui-même, car c’est folie pure que de vouloir souffrir davantage et personne ne peut être conscient et fou en même temps.
En fait, le corps de souffrance, qui est l’ombre de l’ego, craint la lumière de votre conscience. Il a peur d’être dévoilé. Sa survie dépend de votre identification inconsciente à celui-ci et de votre peur inconsciente d’affronter la douleur qui vit en vous. Mais si vous ne vous mesurez pas à elle, si vous ne lui accordez pas la lumière de votre conscience, vous serez obligé de la revivre sans arrêt. Le corps de souffrance peut vous sembler un dangereux monstre que vous ne pouvez supporter de regarder, mais je vous assure que c’est une fantôme minable qui ne fait pas le poids face au pouvoir de votre présence.
LECTURE MEDITATIVE
Lorsque vous commencez à vous désidentifiez et à devenir l’observateur, le corps de souffrance continuera de fonctionner un certain temps et tentera de vous amener, par la ruse, à vous identifier de nouveau à lui. Même si la non identification ne l’énergise plus, il gardera un certain élan, comme la roue de la bicyclette continue de tourner même si vous ne pédalez plus. A ce stade, il peut également créer des maux et des douleurs physiques dans diverses parties du corps, mais ceux-ci ne dureront pas.
Restez présent, restez conscient. Soyez en permanence le vigilant gardien de votre espace intérieur. Il vous faut être suffisamment présent pour pouvoir observer directement le corps de souffrance et sentir son énergie. Ainsi, il ne peut plus contrôler votre pensée.
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Dès que votre pensée se met au diapason du champ énergétique de votre corps de souffrance, vous y êtes identifié et vous le nourrissez à nouveau de vos pensées.
Par exemple, si la colère en est la vibration énergétique prédominante et que vous avez des pensées de colère, que vous ruminez ce que quelqu’un vous a fait ou ce que vous allez lui faire, vous voilà devenu inconscient et le corps de souffrance est dorénavant » vous-même « . La colère cache toujours de la souffrance.
Lorsqu’une humeur sombre vous vient et que vous amorcez un scénario mental négatif en vous disant combien votre vie est affreuse, votre pensée s’est mise au diapason de ce corps et vous êtes alors inconscient et ouvert à ses attaques.
Le mot » inconscient « , tel que je l’entends ici, veut dire être identifié à un scénario mental ou émotionnel. Il implique une absence complète de l’observateur.
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Extrait de Mettre en pratique Le pouvoir du moment présent, Eckhart Tolle ; ed ARIANE, 2002 – Pour acheter ce livre, allez sur www.amazon.com