Des signes qui ont du sens !

Posté par othoharmonie le 22 décembre 2013

Tous les individus du monde entier sont fascinés par leur devenir. Autant dire par leur avenir. Il existe une vraie raison à cela, aussi bien pour les parapsychologues que pour les astrologues, les philosophes et, bien sûr, les psychanalystes : l’inconscient est visionnaire. Pour autant, nous redoutons de nous tromper devant la tentation d’interpréter ce qui nous semble être des signes. Explications.

Effectivement, nous avons l’art de dramatiser et d’analyser de façon négative des manifestations qui nous parlent, qui nous semblent adressées. Alors qu’il est si simple de remédier à ce type de dérive. Tout d’abord, un signe s’adresse véritablement à nous s’il compulse dans une même journée. Ensuite, il faut le positiver ! À chacun sa méthode, à chacun sa technique. Entre en jeu à ce moment précis l’envie de chasser l’horrible Thanatos et de savourer… Eros. Très vite cette saine attitude fait un pied-de-nez au négatif tout en dégageant les mauvais réflexes/but. Et là, enfin, les signes prennent tout leur sens… 

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Qu’est-ce qu’un
Clown-Gestalt ?

Le fondateur de la Gestalt-thérapie, Fridrich Perls, s’est intéressé aux individus soumis à la réelle difficulté d’identifier leurs besoins. Or, en tant qu’organismes vivants, les humains répondent à des pulsions d’autoconservation qui demandent à être assouvies régulièrement. Nos instincts nous y aident la plupart du temps, à moins – effectivement – que des résistances inconscientes s’y opposent. Fondamentalement, chacun d’entre nous est donc lié à des besoins primaires et secondaires. Les gestaltistes, dont la particularité consiste à prendre en compte les perceptions, étudient le « figuratif » en tant qu’un événement puisse se détacher de façon sensible du fond. Pour Perls, ce processus figure-fond considère le «champ». Le Clown-Gestalt ouvre sur la compréhension de cet outil thérapeutique singulier comme médiation tout aussi étonnante que probante. Patchwork étonnant, drôle, poétique, l’habit de clown version Gestalt nous pousse à révéler à la face de l’Univers les recoins les plus secrets, les plages les plus lumineuses de notre être. But du jeu : nous équiper d’une palette plus large dans nos relations aux autres et avec le monde. Bref, le jeu avec le nez rouge remet de la couleur sur nos visages pâlots.

C’est un mariage de raison et de coeur que ce duo du clown-théâtre et de la Gestalt, pratique de développement personnel et psychothérapie. Pour cause, Fridrich Perls, quand il crée la Gestalt, est nourri de philosophies orientales, avec des axes comme l’ici et maintenant, la mort/renaissance mais également le théâtre « moderne » et son travail sur la présence, la mémoire du corps, de l’invisible. La Gestalt se donne comme objectif de nous ouvrir sur une vie intérieure-extérieure plus complète, une attitude plus riche et plus souple vis-à-vis de notre environnement. Elle veut soigner ce qui en nous bloque, freine, filtre, déforme, répète sans renouvellement. Retrouver le mouvement avec l’énergie de l’essentiel et la totalité de notre être : voilà ce sur quoi elle peut aboutir. Sur tous ces points, elle est en harmonie avec le clown-théâtre, avec son présent, sa présence, son corps, ses mouvements, regards, contacts, sens, imaginaire, poésie, rire et sourire. Concret, son univers onirique a les pieds sur terre. En contact, son regard pointe et partage ses émotions les plus riches. De chair, son corps est vivant, respire, échange constamment avec ce qui l’environne et ceux qui l’entourent. Animé, bruyant ou sonore, il surfe sur les vagues de ses états intérieurs. Spontané, il traverse ses peurs et s’ouvre à l’inconnu. Ouvert, il rencontre ses partenaires d’improvisation dans une totale liberté, les respectant en les bousculant tout à la fois. Créatif, il fait de chaque objet, de chaque chose, du moindre événement, du son qui passe, comme de l’ombre qui s’étend, un élément de son monde imaginaire, le transforme, jongle, joue, manipule jusqu’à plus soif. Il est curieux sans cesse, découvre tout sous un jour nouveau ; son regard est lumière, une lumière tellement particulière, quasi «numineuse», pure, sans biais et sans faux-semblant et, s’il est menteur, moqueur, tricheur ou voleur, c’est toujours entièrement et sans demi-ton. Le clown-théâtre est éclatant. Il est la vie en bloc, matière première essentielle et brutale, poésie des temps oubliés où nous connaissions sans savoir, où nous étions totalement. 

Clown-contact
Examinons maintenant le clown à travers concepts et outils de la Gestalt. Du fond de la Gestalt se détache nettement le concept de contact-retrait et, avec lui, la notion de cycle. C’est ce qu’on appelle une gestalt (la forme en allemand). C’est la manière dont un besoin émerge à notre conscience, se développe, trouve satisfaction puis s’estompe pour laisser place à un nouveau besoin. Ce mouvement se reproduit de manière continue et ascendante chez une personne saine. Exemple très simple, la faim ! Ici, deux nouvelles notions gestaltistes sont nécessaires pour exprimer la qualité de déploiement d’une gestalt : l’awarness et l’ajustement créateur. La première peut se résumer (de manière très réductrice) par conscience-présence-acceptation à (et de) ce que je suis, sens, veux, désire et ai besoin. La deuxième (de manière tout aussi lapidaire) par comment je peux faire, agir, me comporter, créer pour satisfaire ce que mon awarness met à jour. Le clown-théâtre est contact, awarness et ajustement créateur. Il est le prototype même du contact : soit conscience sans a priori de ce qui l’entoure, sensibilité de ce qui change et bouge en lui, une présence sans cesse active, partie prenante, intégrante, transformante, mutante. Une conscience de soi et de ses envies. Une conscience en action, une âme désirante faite d’actes poussés jusqu’à leur épuisement, respectueuse du rythme qui lui est propre et, chose primordiale, face (le mot n’est pas neutre !) au «public» représenté en stage par les autres stagiaires et l’animateur. Un public « validateur » de contact… une clé de contact ? Car avec son public le jeu est d’une totale vérité : rien n’échappe à cette instance à la fois chaleureuse (rire, émotions, applaudissements, etc.) et glaciale (trop silencieux, dissipé, bruyant). Tel un équilibriste sur son fil, le clown-théâtre suit une ligne située entre son centre intime et le coeur du public. Toute déviation, tout mensonge, tout faux-semblant, toute tricherie trouble, détend ce lien ténu. Une fois coupé, le clown vit une solitude intense ; il n’est plus nourri, plus alimenté. Or, il a encore une chance de se rattraper, un joker : vivre totalement et vraiment cet instant de perte et d’éloignement et, en le partageant avec les autres par le regard et le coeur, renouer, retisser et retendre le lien vital. Revivre en somme.

Etapes et écueils
De nombreuses Gestalt (les cycles du contact) restent inachevées sous l’effet des résistances. Le jeu du clown va permettre de les repérer assez rapidement. Elles sont présentes dès les premiers exercices, dès les premières improvisations. Elles sont les étapes et les écueils sur le chemin du clown intérieur. Mais révélées et acceptées, elles font aussi partie du clown, de son jeu avec les choses de la vie. Comme dans la vie ? « Parle moins fort ! », « Sois poli ! », « Dis bonjour ! », « Une chaise est une chaise pas une balançoire », voilà le prototype même de l’empêcheur de clowner en rond, c’est l’introjection. Mal digérées, entassées, stockées en nous, tels des paquets de linge sale, elles nous appesantissent et nous rétrécissent. C’est « l’apprentis-sage » mais souvent trop sage ! Le clown plonge dans le paquet et s’en délecte. La projection consiste à attribuer à l’environnement des éléments personnels. Une gourmandise pour le clown qui va pouvoir sans frein, ni raison, répandre et projeter sur la réalité extérieure la richesse de son imaginaire, de sa folie, de sa fantaisie. La confluence dans laquelle plus de différence entre l’individu et l’environnement n’existe. Le clown se fond et absorbe ce qui l’entoure et, en effet, tout est lui et lui est tout. Il est tout pouvoir, toute-puissance et rien du tout. Il est le maître du monde et le jouet de son imaginaire. Ces résistances sont les principales. Elles ont à la fois un rôle de sauvegarde et de déformation de nos cycles de contact. La démarche Gestalt et clown permet de les transmuter.

Exprimer l’indicible
Dans le jeu de clown, toutes ces résistances sont là naturellement mais, avec le plaisir du jeu, leur exploration devient dynamique et dédramatisée. Le clown gestaltiste, qu’il soit débutant ou avancé, repart des sessions avec une moisson d’expériences émotionnelles, créatives, relationnelles hors du commun. De quoi travailler « à la maison ». Il a vécu une belle aventure, un voyage au coeur de ses potentialités, de ses différentes « polarités » amour/haine, violence/douceur, colère/impassibilité, joie/tristesse, etc. Le travail du clown assouplit, attendrit, réveille et revivifie ces parties de nous-mêmes laissées pour compte : notre corps, notre ombre, notre inconscient. Le jeu du clown-théâtre sert donc de support, de milieu-test ; c’est un espace éprouvette où chacun à sa mesure, en son temps, avec ses ressources, expérimente des manières d’être différentes, autorise ses sens cachés à resurgir, exprime l’indicible, dévoile sa part occulte et honteuse, laisse jaillir et célèbre son humanité. D’ailleurs, c’est sur un espace dénudé et vide que le clown donne la pleine mesure de la qualité de son contact ! Là, son imaginaire, sa vie intérieure s’expriment le plus clairement. Là, sa capacité à « communiquer » ses émotions et ses sentiments est la plus éclatante, la plus magistrale. Le clown-théâtre dans sa dimension d’expérimentation, de training, recrée pour l’individu-acteur une situation de forte intensité dans laquelle celui-ci devra mettre en jeu toutes ses potentialités créatrices. C’est la subjectivité de l’Homme qui est mise en lumière, dans un espace de grande liberté.

 

Article de Manuel Fréchin paru sur http://www.psychanalysemagazine.com/

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