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Vers quelle nouvelle spiritualité se tourner ?

Posté par othoharmonie le 25 décembre 2013

 

images (3)N. C. : En dehors des effrayants intégrismes réactionnaires et de l’aimable butinage individualiste de type new-age, qui prend ce qui lui plaît dans chaque tradition, où voyez-vous se dégager une cohérence nouvelle ?

R. S. : Nulle part hélas. La majorité des gens du new-age sont plutôt anti chrétiens et vaguement bouddhistes, mais sans réelle pratique et totalement individualistes. Un peu de magie, un peu de méditation, un peu de médecines alternatives, cela ne donne pas la grande vision collective dont nous avons besoin pour motiver toute une société.

Personnellement, je suis chrétien, membre de l’Église d’Angleterre. Je pense que la tradition chrétienne reste très importante pour l’Europe, à condition de l’incorporer dans une nouvelle vision. Elle nous relie à nos racines. Par chance, en Angleterre, nous avons une Église libérale, ni agressive ni dogmatique, débarrassée des lourdeurs hiérarchiques passéistes des catholiques romains. Nos prêtres peuvent se marier, ou être des femmes. Cela dit, nous ne sommes pas différents du reste du monde : 8 % seulement des Britanniques vont à l’église le dimanche, dont la moitié seulement sont anglicans. 4 % de la population, ce n’est pas un mouvement de masse, surtout quand la plupart des intellectuels ont grandi dans un mode de pensée athée, anti-religieux et surtout anti-chrétien.

N. C. : Le bouddhisme a la faveur d’un certain nombre.

R. S. : Nous avons aussi une forme soft de panthéisme naturaliste et gaïesque, ou un néochamanisme. Mais certainement rien de chrétien. Bref, je ne voudrais pas être décourageant, mais je ne saurais prédire d’où sortira la solution. Selon moi, les ingrédients à synthétiser sont les suivants : la tradition chrétienne, l’expérience mystique, la méditation, une conscience écologique, une philosophie, une science et une médecine holistiques, des communautés locales, avec une relation forte à la région où l’on vit, ainsi qu’à l’histoire et aux traditions. Mais rien de tout cela ne fait partie de l’ordre du jour libéral, dont les objectifs restent fixés sur la croissance de la production, la libre circulation des personnes et des richesses, la gestion des forces de travail.

En fait, nous sommes certainement à la veille de grands changements, à une étape pré-révolutionnaire, ou pré-mutante. Et nous voyons ce qui devrait se passer. Mais que se passera-t-il réellement ? Nul ne le sait. D’habitude, les changements sont lents, étalés sur deux ou trois générations au moins. Là, ça va devoir aller très vite. Si la crise économique s’amplifie, avec un chômage massif et de graves troubles sociaux, montée de l’extrême-droite xénophobe, on peut imaginer le pire. Des régimes autoritaires reposant sur la peur. Une sorte d’éco-dictature. Je réfléchis, travaille et prie pour que cela ne se produise pas, mais…

N. C. : Peut-on croire à une mutation brusque ? Cela existe-t-il, ou l’évolution est-elle forcément graduelle ?

R. S. : En un sens, l’arrivée d’Obama a été une mutation brusque. Et il initie à l’évidence de grands changements, même si l’inertie est gigantesque… J’ai lu récemment un livre passionnant, Culture Codes – Comment déchiffrer les rites de la vie quotidienne à travers le monde , d’un psychanalyste français qui travaille aux États-Unis, Clotaire Rapaille (Ed. JC Lattès). Selon lui, pour influencer les gens, il est nécessaire de trouver le récit sous-jacent à leur culture. Les Américains sont fondamentalement religieux. Leur grand récit mythique est fondé sur l’idée du héros salvateur de la culture juive : Moïse, qui entraîne son peuple à travers le désert et l’amène jusqu’à la Terre promise. Quiconque a émigré aux États-Unis participe individuellement à cette mythologie très forte, sur laquelle se fondent toutes les Églises noires américaines. Obama vient de là. Il correspond à l’archétype de Moïse. Toute sa rhétorique est biblique. Mais ce dernier meurt avant d’atteindre la Terre promise. L’inaccomplissement est structurel, c’est une marche en avant éternelle.

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Vous pouvez suivre la plupart des expériences de Rupert Sheldrake et voir les vidéos de ses débats, avec ses amis ou avec ses contradicteurs, sur  www.sheldrake.org 

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Les métamorphoses de Dieu

Posté par othoharmonie le 25 décembre 2013

 

images (1)N. C. : Vous disiez qu’un Pic de la Mirandole se sentirait à l’aise aujourd’hui. Avec son éclectisme et son goût pour le merveilleux, on le retrouverait donc dans les réseaux New Age – auquel vous consacrez d’ailleurs un chapitre central dans votre livre, pour le meilleur et pour le pire !

F. L. : Sauf que Pic de La Mirandole et les grands humanistes de la Renaissance avaient une exigence intellectuelle que n’ont pas la plupart de ceux que l’on regroupe, souvent avec condescendance, sous le terme de “New Age” – syncrétisme, il faut dire, particulièrement mou, en particulier aux États-Unis. La confusion mentale me semble l’un des principaux défauts de ce mouvement – les deux autres étant l’égotisme (le monde ramené à mon bonheur) et le relativisme (l’idée paresseuse que toutes les croyances se valent à travers l’espace et le temps).

Cela dit, je trouve l’intention du New Age très bonne : elle consiste à aller chercher dans toutes les traditions ce qui peut nous parler et nous permettre de vivre une expérience d’éveil. Mais l’expression New Age me semble avoir fait son temps. Je lui préfère “Réenchantement du monde”, où je vois le meilleur de cet élan très vaste, qui joue en effet un rôle capital dans l’ultra-modernité spirituelle. De quoi s’agit-il ?

Le premier à avoir parlé du “désenchantement du monde” est Max Weber. Pour lui, le processus était fort ancien, puisqu’il le faisait démarrer avec la Bible et la propension des juifs à rationnaliser le divin. Je ne suis pas d’accord, mais une chose est sûre, c’est qu’avec la “modernité seconde” dont je parlais tout à l’heure, celle du “Grand Horloger” des philosophes des Lumières, le monde a peu à peu perdu son immense aura magique – ce qui a contribué à éteindre toutes sortes de correspondances liant les gens à la nature, au vécu, au corps. Ce désenchantement a atteint un paroxysme au 20ème siècle. Jusqu’à la nausée de la société de consommation, où tout est observable, manipulable, déchiffrable, rationnalisable, marchandisable… Mai 68 peut être décrypté comme un besoin de réenchantement. Mais bien avant, c’est tout le mouvement romantique ! Dès le 18ème siècle en effet, certains esprits refusent le “refroidissement” de la modernité cartésienne ou kantienne.

Un Goethe, par exemple, a clairement l’intuition des dangers de la modernité scientiste. Plus tard un Lamartine aussi. Ou un Hugo. Ceux qui chercheront le plus à réintroduire le sens du mythe, de l’imaginaire et du sacré, à réhabiliter cette partie de l’homme niée par les Lumières, sont certainement les grands romantiques allemands, de Novalis aux frères Grimm. Mais la révolution industrielle commence à peine et les romantiques – au rang desquels il faut compter les premiers écologistes américains, Thoreau, Emerson, etc.- sont relégués dans la catégorie des poètes inoffensifs. Si bien que le message philosophique dont ils sont porteurs va passer à d’autres types d’acteurs sociaux : les cercles ésotériques de la fin du 19ème siècle, dont la Société théosophique est l’une des expressions les plus abouties – avec le prolongement antroposophique de 41NDcaA-f2L._Rudolf Steiner…

 

Nouvelles Clés interroge Frédéric Lenoir

icône. Pour moi, le religieux se définit fondamentalement par la pratique et l’expérience de plusieurs niveaux de réalité…

N. C. : … dont le centre est là, en nous, et pourtant nous échappe toujours ?

F. L. : Notre conception du “centre”, c’est-à-dire de Dieu, a considérablement évolué en quelques générations. Pour un nombre croissant de nos contemporains, le divin se conçoit désormais beaucoup plus dans une sorte d’immanence, d’intimité extrême. Et en même temps, paradoxalement, nous sommes allés chercher en Orient des catégories philosophiques comme la “vacuité” ou le “dépassement de la dualité”, qui nous ont permis de repenser le monothéisme de façon plus parlante, mais aussi plus impersonnelle. Nous y avons d’ailleurs retrouvé toute une approche de la religiosité alternative occidentale : celle de Maître Eckhart ou les mystiques néo-flamands, pour qui Dieu est avant tout ineffable et ne peut se définir que négativement, par tout ce qu’il n’est pas.

Ce qui nous ramène à cette caractéristique de l’ultramodernité : l’acceptation de l’incertitude, avec une maturité suffisante pour ne pas nous paniquer face à l’idée d’Inconnaissable.

N. C. : On sent bien cette exigence de l’Orient vis-à-vis de l’Occident dans le mouvement “jew-bu , ou les bouddhistes rappellent aux juifs que l’ineffabilité du Tétragramme n’est pas un détail.

F. L. : L’exigence est indispensable. On critique volontiers la France pour sa fermeture d’esprit, son intolérance, son scepticisme. Mais je pense qu’elle peut jouer un rôle important dans l’émergence de la nouvelle spiritualité, précisément parce qu’elle ne gobe pas tout – comme le fait par exemple le Brésil, où la confusion des mélanges peut atteindre des sommets inimaginables. Nous sommes assez vaccinés contre les amalgames fous.
Du coup, si quelque chose passe chez nous, c’est du sérieux !

À lire de Frédéric Lenoir :

Les métamorphoses de Dieu , éd. Plon

  • Rencontre du bouddhisme et de l’Occident , éd. Albin Michel
  • La promesse de l’ange , avec Violette Cabesos, éd. Albin Michel
  • Mal de terre , avec Hubert Reeves, éd. du Seuil

Le livre des sagesses et Encyclopédie des religions , avec Ysé Tardan-Masquelier, éd. Bayard

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LUMINEUSE CONFIANCE

Posté par othoharmonie le 25 décembre 2013


 

téléchargementParmi les valeurs les plus motivantes et régénératrice qui soient, la confiance semble la plus lumineuse. Mais, comme l’étoile dans la nuit, elle semble parfois bien éloignée. Marie-Claire Daupale nous montre le chemin de cette ascension lové au cœur même de notre esprit.

Enseignante de Philosophie

Qu’y a-t-il de plus touchant que la confiance d’un jeune enfant envers ses parents? Le tout petit qui entre dans l’apprentissage de la marche consolide son équilibre encore hésitant en donnant les mains à ses parents. Il sait qu’il peut compter sur eux pour le soutenir, l’encourager et l’aider à affermir ses pas encore maladroits, aussi longtemps que nécessaire. N’en va-t-il pas de même pour l’évolution spirituelle de chaque âme? Le Père céleste prend grand soin de chacun de ses enfants, il les protège et les accompagne de sollicitude en fonction de ses progrès, de ses aptitudes et de ses défis. Dès lors, nous pouvons nous demander pourquoi les peurs paralysent parfois les actions des hommes, les découragements ralentissent momentanément leurs élans créateurs et la méfiance s’insinue sournoisement dans leur cœur. Ne faudrait-il pas que les adultes ravivent régulièrement en eux une certaine candeur enfantine qui insuffle audace, confiance et joie à leurs mouvements, dans un regain de liberté? Il ne s’agit pas pour autant d’adopter une attitude aveuglément confiante, source de témérité, de désillusion et d’imprudence. Le sage, en effet, sait habilement associer la fraîcheur de l’innocence à la lucidité de l’expérience, la confiance au discernement. Mais cultiver un état d’esprit serein et confiant, porté par l’Amour éblouissant du Très-Haut, pousse à innover, aller de l’avant pour accomplir sa vocation, en assumant ses responsabilités.

La transparence d’une conscience reliée permet de
cultiver un regard confiant
sur les événements qui jalonnent notre vie.

Le meilleur des mondes possibles

Etre au fond de soi persuadé que tout concourt au Bien, même ce qui n’en présente pas l’apparence immédiate, permet de cultiver une attitude optimiste qui n’a rien de candide, n’en déplaise à Voltaire! C’est ainsi que le philosophe Leibniz, génie universel du 17ème Siècle, affirme: «Tout est bien pour celui qui aime Dieu». Qu’est-ce à dire? Si Dieu existe, il possède toutes les qualités poussées à leur perfection. Il est donc infiniment bienveillant, omniscient et tout-puissant, ce qui Lui permet d’instaurer un monde harmonieux, au sein duquel tout contribue à rehausser la beauté et l’ordre admirable de l’ensemble. Il aurait pu créer un monde excluant le mal, la souffrance et les erreurs, mais ce monde n’aurait pas été le meilleur possible, car il n’aurait pas inclus la liberté de l’homme avec sa possibilité de choix, ni de ce fait son perfectionnement. Un monde où l’homme doit développer sa conscience afin de devenir acteur du Bien, et donc instrument de la volonté parfaite de Dieu, voilà la plus fabuleuse des possibilités que Dieu a actualisée! Précisons que le service de Dieu n’a rien d’asservissant, bien au contraire, c’est une clef de liberté. En effet, en méditant sur l’idée de Dieu et en comprenant qu’Il est infinie perfection, l’âme ne peut que ressentir un immense amour envers cet Etre infiniment aimable. Or, aimer, c’est vouloir librement et gratuitement servir l’être aimé. Dès lors, penser à Dieu, c’est l’aimer, par suite, vouloir se mettre à son service. Comment Le servir? Leibniz répond: en participant au dessein de Dieu qui est d’instaurer du Bien, donc en servant le genre humain. Ainsi, toute personne qui consciemment agit en vue du bien commun en témoignant de l’amour à son prochain, chante une louange à Dieu et inscrit ses actes dans l’harmonie du monde. Sur cet arrière-plan métaphysique, l’optimisme n’est pas seulement une attitude psychologique épanouissante, mais c’est aussi le résultat d’une logique solidement fondée sur des principes théologiques cohérents. La foi entre donc ici en conformité avec la raison. Méditer sur l’idée de Dieu, c’est L’aimer et Le servir et, de ce fait, participer activement à l’instauration d’un monde «le meilleur possible».

La confiance est de mise, car tout conduit au Bien, même ce qui au premier abord paraît néfaste. Le sage adoptera un regard constructif sur les situations qui lui occasionnent des difficultés, en ne focalisant pas son attention sur l’épreuve du présent, ce qui serait une attitude statique coupée du devenir, mais en sachant que son expérience individuelle s’inscrit au sein de la Création divine et, de ce fait, constitue une voie de perfectionnement qu’il doit non seulement accepter, mais encore aimer et célébrer afin d’en tirer pleinement profit. Tout est enseignement, encore faut-il le comprendre. En cultivant des vues larges et vastes, décentrées de son petit moi, le disciple peut donner du sens à ce qu’il qualifie de pénible et qui constitue en réalité l’une des marches le menant plus haut sur l’escalier de l’ascension spirituelle. Dans la tourmente, avoir confiance que Dieu cisèle les consciences afin qu’elles deviennent de purs diamants constitue un réconfort inébranlable.

La simplicité du regard

La confiance fondée sur un optimisme métaphysique autorise une candeur lucide. Rappelons que le mot «candeur» s’enracine dans le terme latin «candor» qui signifie blanc. Ainsi, la transparence d’une conscience reliée à Dieu permet de cultiver un regard confiant sur les événements qui jalonnent le parcours de vie d’une âme éveillée. Pour celui qui reste fixé sur l’envers de la toile cosmique (ou la matière seule), les noeuds qu’il aperçoit ne sont ni beaux, ni signifiants. Mais celui qui peut se hisser au-dessus et contempler l’endroit de cette toile (en accédant aux réalités spirituelles) découvrira que tout a sa raison d’être et participe à la réalisation d’une vaste et magnifique réalisation d’ensemble. Comment parvenir à cette «double lecture» (matérielle et spirituelle) des événements?

Le philosophe néoplatonicien Plotin répond : en apprenant à simplifier son regard. Pour cela, il convient de se déprendre des préoccupations strictement matérielles, d’entamer un mouvement de conversion intérieure, afin d’entrer dans «la course immobile» d’un voyage en Esprit. Cette découverte des espaces métaphysiques requiert une vie pure et donc des exercices cathartiques. Le miroir de l’âme doit être lisse, impeccable, pour pouvoir refléter les beautés immatérielles. En méditant sur de belles idées (des vertus par exemple), le disciple fait fleurir dans le jardin de son âme des semences de vérité. Cette ascension intérieure s’opère de façon très progressive (sur des années, et même des vies). Elle permet à l’homme de redécouvrir sa nature profonde qui est éternelle et unie à Dieu. En méditant sur le principe premier, l’Un dont on ne saurait à la limite parler, l’âme parvient à dépasser l’appréhension strictement rationnelle pour activer sa sensibilité mystique ou son intuition spirituelle. Tout en elle se simplifie, au sens où tout s’harmonise, s’apaise et s’éclaire. Au contact de la Source, l’âme avec confiance se désaltère. Pourvue d’ailes, cette âme aérienne reçoit la grâce de s’envoler vers le Très-Haut. Et ainsi que le dit le Psaume 91: «Celui qui demeure sous l’abri du Très-Haut repose à l’ombre du Tout-Puissant». C’est donc cette capacité à se relier à la Lumière divine qui permet à l’homme conscient de s’établir dans la confiance, car il se sait protégé, accompagné et guidé.

Abraham ou la confiance absolue en Dieu

Rappelons que l’étymologie du mot confiance renvoie à la «fides» (la foi, la créance………….suite de l’article ICI

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Quel héritage spirituel pour le XXIème siècle ?

Posté par othoharmonie le 25 décembre 2013

 

            par Jean Biès

imagesPour l’auteur de « Paroles d’urgence » et de « Passeport pour des temps nouveaux », l’événement majeur du XXème siècle dans l’ordre spirituel est la découverte de l’Orient par l’Occident. Un Occident épuisé de matérialisme, avide de solutions pour ses angoisses, soucieux de clés, désireux de se revivifier avant qu’il ne soit trop tard. 

En l’espace de cinquante ans, l’Occident a découvert toute une pléiade d’initiateurs qui continuent de lui être précieux : René Guénon, Frithjof Schuon, Karl G. Durckheim, Marie-Magdeleine Davy, Mircea Eliade. Il a découvert en particulier le christianisme oriental – autrement dit l’Orthodoxie – dont il s’était séparé depuis dix siècles, et qui lui a révélé, sous l’impulsion de Berdiaev et d’Olivier Clément en particulier, une théologie non-dualiste, une liturgie immuable, empreinte du sens de la sacralité, une méthode d’intériorisation : la « Prière du Cœur », fondée sur la répétition du nom du Christ et la respiration contrôlée, véritable yoga chrétien.

Cette exploration du christianisme oriental s’accompagne naturellement de celle des Pères grecs, sensiblement éloignés de la scolastique latine et du rationalisme cartésien qui a suivi. L’Occident a découvert dans le même temps la psychologie des profondeurs élaborée par Carl G. Jung, rompant avec le réductionnisme freudien, apportant des notions décisives comme celle des quatre fonctions, de l’animus et de l’anima, de l’amplification des rêves, et aidant l’analysant à la réconciliation des contraires à partir des données de l’alchimie médiévale et du taoïsme chinois (le Yi King). Sa disciple la plus éminente, Marie-Louise von Franz, a appliqué ces principes à l’interprétation des contes de fées.

Conquête pacifique de l’Orient

Non content de s’en tenir à son propre territoire, l’Occident, à la faveur de nouveaux moyens d’ouverture, s’est également lancé à la conquête pacifique des philosophies orientales. L’Inde était connue dès le XVIIe siècle ; elle le sera beaucoup mieux désormais, grâce en particulier aux traductions qu’a données Jean Herbert des enseignements de Ramakrishna, Swami Ramdas, Ma Ananda Mayi, Ramana Maharshi, Aurobindo. Seront simultanément mis en relief l’importance de la nature et celle du féminin, (rôle des shakti, ou « Energies divines »), la non-violence, popularisée par Gandhi, la loi du karma faisant de nous les héritiers de nos pensées et de nos actes, la variété des points de vue (les darshana), gage de tolérance, et celle des principaux yoga (jnana, intellectuel ; bhakti, affectif ; karma, opératif ; hatha, corporel), adaptés à la nature de chacun. La bhakti se fonde sur l’invocation d’un nom divin (R‚ma, Krishna,…), inclus dans un mantra (le japa-yoga). Lekarma-yoga se fonde sur l’action désintéressée.

Plus récemment, l’Occident s’est familiarisé avec le bouddhisme, déjà décrit par Alexandra David-Neel, lequel offre la singularité de ne pas parler de Dieu, ce qui l’a fait qualifier à tort d’athée. Sa virulente dénonciation de l’illusion cosmique, piège suprême, son balisage du chemin vers la vacuité (shunyata), l’enseignement de la compassion universelle, sont quelques-uns des joyaux qu’il propose à notre contemplation. La version japonaise du bouddhisme est le Zen, d’une pédagogie abrupte, et combattant tout spécialement le mental et ses phantasmagories.

Le soufisme, « âme de l’Islam », son ésotérisme, offre de semblables voies d’accès à « l’autre face du Réel », en privilégiant, outre diverses ascèses, la répétition du nom d’Allah (le dhikr).

Des notions d’ordre universel

Ces démarches, aussi dérangeantes que salutaires, ont rendu à un Occident qui n’entendait pas se laisser endormir, des notions d’ordre universel, oubliées ou perdues depuis longtemps : l’interprétation symbolique des textes sacrés, la formulation paradoxale des vérités métaphysiques, l’aspect ternaire et non-duel du macrocosme, la Sur-Essence, Dieu, le monde phénoménal, auquel répond le microcosme humain : l’esprit, l’âme et le corps. Il faut y ajouter la nécessité de se connaître soi-même et la panoplie des exercices indispensables et appropriés : sans une pratique régulière et patiente, le savoir théorique reste lettre morte.

Il n’y a pas lieu de devenir « oriental », par exotisme ou originalité forcée, mais bien plutôt, de retrouver en soi les valeurs éternelles qui transcendent aussi bien l’Orient que l’Occident. Il ne s’agit donc pas en fait d’une découverte mais d’une redécouverte, d’un recouvrement ; car la vérité ignore les frontières et habite en tout homme. Elle n’est autre que notre propre patrimoine retrouve.

Je vous souhaite de rentrer dans vos biens et de vous faire héritiers de votre héritage, de cet héritage singulier, bien souvent mystérieux, qui a pour vocation de faire passer du multiple à l’un, de l’avoir à l’être, du néant à la plénitude.

Autre article sur le même thème : ici

 

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