Pourquoi brûlait-on les sorcières

Posté par othoharmonie le 10 février 2014

 

220px-SalemwitchLa chasse aux sorcières est la recherche et la condamnation de personnes accusées de pratiquer la magie noire. Elle se rencontre à toutes les époques et dans toutes les grandes civilisations, jusqu’à sa remise en cause progressive par le christianisme, puis par la culture scientifique. Les femmes accusées de sorcellerie sont souvent sages-femmes ou guérisseuses, dépositaires d’une pharmacopée et de savoirs ancestraux. La population, essentiellement rurale, n’avait guère d’autre recours pour se soigner. Ces méthodes définies comme magiques se heurtent au rationalisme de la Renaissance. Des incantations en langue connue ou inconnue sont souvent associées aux soins et l’Église contraint les fidèles à remplacer ces gestes et incantations par des prières aux saints guérisseurs et par des signes de croix. Les sages-femmes sont accusées de pratiquer des avortements. On reproche également aux sorcières leur sexualité. Il est probable, à lire certains comptes rendus de prétendues relations sexuelles avec le diable dans certaines maisons ou dans la nature, que des hommes déguisés abusaient de la naïveté de certaines femmes en se faisant passer pour le diable, avec ou sans complicités. L’autre aspect de cette focalisation sur la sexualité est l’accusation de rendre les hommes impuissants (« nouer l’aiguillette ») ainsi que la terre et les animaux infertiles. Institoris raconte dans Le Marteau des sorcières que les sorcières volent les sexes masculins et les cachent dans des nids. La guerre de la fertilité est attestée par les travaux de l’historien Ginzburg sur les benandantis du Frioul qui vont en rêve combattre les sorciers et démons qui volent les récoltes. Ces croyances sont immémoriales. 

 

Pourquoi brûlait-on les sorcières ?

Parce qu’elles jetaient de mauvais sorts ? Si on approfondit la question on se rend compte que les « sorcières » étaient des femmes qui rendaient d’immenses services  : elles soignaient les gens, elles les écoutaient, les conseillaient. Alors pourquoi les brûlait-on ? Et bien justement, on les brûlait parce qu’ elles s’occupaient des problèmes des autres. Elles étaient le « réceptacle » de ces problèmes. Brûler une sorcière, c’est comme écrire ses problèmes sur un bout de papier et puis le brûler. C’est une purification de l’image de soi-même, le refus d’associer des malheurs à l’image de soi-même. Les problèmes étant inhumains, l’image que les gens ont de la sorcière est donc inhumaine. Lui faire du mal est une injustice abominable et une grande bêtise, mais cela ne leur vient pas à l’idée. De plus, faire disparaître les sorcières servait les intérêts des hommes d’église. Leur métier consiste à faire accepter leurs malheurs aux gens en associant leur image à celle de Dieu. Tout en utilisant des méthodes très différentes, ils sont en concurrence directe avec les sorcières. Comme elles sont plus honnêtes, beaucoup plus instruites et plus travailleuses, les sorcières leur faisaient une concurrence déloyale. Il n’y avait pas de problèmes entre les « sorcières » et l’Eglise au Moyen-Age, lorsque l’Eglise dominait tout. C’est à la Renaissance que les problèmes ont commencé, lorsque le pouvoir de l’Eglise s’est mit à vaciller. 

 

La coutume visant à brûler les sorcières est un vestige des rituels païens. Il existe de nombreuses légendes qui expliquent pourquoi ce rituel est né. Selon les ethnologues, nous pouvons chercher l’origine de ces traditions chez les bergers des temps préchrétiens qui considéraient le 1er mai comme le début d’un nouveau semestre de transition d’une période froide vers une période chaude. Pour cette raison, les gens allumaient des feux afin de brûler tout le mal qui s’était accumulé pendant la sombre période hivernale et afin de célébrer l’arrivée de la période illuminée de l’année. Ce n’est que plus tard que cette coutume s’est transformée en bûcher des sorcières.

Le rituel du bûcher des sorcières figure parmi les coutumes populaires tchèques appréciées. La légende dit que pendant la Nuit magique des Saints Jacques et Philippe, du 30 avril au 1er mai, les forces du mal ont plus de pouvoir que jamais et que les gens doivent protéger contre elles non seulement eux-mêmes, mais aussi leur foyer et leur bétail. Les gens croyaient que cette nuit-là, de nombreuses sorcières volaient dans l’air pour se rendre au sabbat des sorcières (assemblée des sorcières). Les gens allumaient des feux sur les collines ou à des endroits élevés et lançaient des balais brûlant dans l’air pour chasser les sorcières et pour affaiblir leur pouvoir.

De nos jours, le bûcher des sorcières est plutôt une occasion de divertissement pour les gens. La dernière nuit d’avril, des milliers de grands feux s’allument dans tout le pays. Les gens y brûlent des figurines de sorcières, fabriquées en paille et avec de vieux torchons. Les gens passent ensuite la soirée près du feu en grillant des saucisses, en dansant, en jouant et en chantant. Il n’y a plus que très peu de gens qui associent cette nuit aux rituels magiques.

 

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