Dieu est éternel
Posté par othoharmonie le 25 février 2014
»Aucune durée n’appartient à Dieu. – L’attribut principal qu’il faut considérer avant tous les autres est l’Éternité de Dieu par où nous expliquons sa durée ; ou plutôt, pour n’attribuer à Dieu aucune durée, nous disons qu’il est éternel. Car, ainsi que nous l’avons noté dans la première partie, la durée est une affection de l’existence, non de l’essence. Ainsi nous ne pouvons attribuer aucune durée à Dieu, son existence étant de son essence. Attribuer à Dieu la durée, c’est distinguer en effet son existence de son essence. Il y en a cependant qui demandent si Dieu n’a pas une existence plus longue maintenant que lorsqu’il a créé Adam et, cela leur paraissant assez clair, ils estiment ne devoir en aucune façon retirer à Dieu la Durée. Mais ils font une pétition de principe ; car ils supposent que l’essence de Dieu est distincte de son existence. Ils demandent, en effet, si Dieu qui a existé jusqu’à la création d’Adam n’a pas ajouté à son existence un nouvel espace de temps depuis Adam jusqu’à nous ; ils attribuent ainsi à Dieu une durée plus longue pour chaque jour écoulé, et supposent qu’il est continûment comme créé par lui-même. S’ils ne distinguaient pas l’existence de Dieu de son essence, ils ne lui attribueraient en aucune façon la durée, attendu que la durée ne peut du tout appartenir aux essences des choses. Personne ne dira jamais que l’essence du cercle ou du triangle, en tant qu’elle est une vérité éternelle, a duré un temps plus long maintenant qu’au temps d’Adam. De plus, comme la durée est dite plus grande et plus petite, c’est-à-dire qu’elle est conçue comme composée de parties, il s’ensuit clairement qu’aucune durée ne peut être attribuée à Dieu ; car, puisque son Être est éternel, c’est-à-dire qu’il ne peut y avoir en lui ni avant ni après, nous ne pouvons lui attribuer la durée sans détruire le concept vrai que nous avons de Dieu : en lui attribuant la durée, nous diviserions en effet en parties ce qui est infini de sa nature et ne peut être conçu autrement que comme infini ».
Pensées Métaphysiques, trad. Charles Appuhn, G.F. p.357-358. par Spinoza
le retournement du regard vers l’intérieur
Le regard scrute l’horizon. Il cherche avidement le bonheur et la joie, se saisit d’objets multiples, s’en réjouit pour un temps, et retourne inexorablement au sentiment de manque qui l’étreint. Cette course effrénée l’amène à explorer le nord, le sud, l’ouest, l’est, le haut et le bas. Le constat amer est toujours le même : le bonheur ressenti ne dure pas. Où peut donc bien se situer le bonheur durable ? Accablé par le désespoir, sa main contractée n’ayant plus rien à saisir relâche sa prise. Dans cet abandon par dépit, une fois la souffrance extrême atténuée, un doux vent de tranquillité vient à lui: un parfum bien connu, qui comble le manque et adoucit la peine. Étonné de voir qu’en ne faisant rien, cela lui était offert, il commence à se retourner vers lui-même et à contempler la nature de ce qu’il est. C’est ainsi qu’il réalise que rien n’est en dehors de lui, et qu’il est déjà complet, alors qu’il s’imaginait incomplet. La joie vient à lui, et l’emplit de sa céleste musique. Cette joie aussi vint s’effacer. L’unité resplendit alors dans toute sa beauté.
Jean Marc Mantel
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