L’ENGAGEMENT SPIRITUEL
Posté par othoharmonie le 22 mars 2014
Il est temps à présent que l’Homme franchisse un pas réellement important, qu’il franchisse ce fossé qui le limite et le cantonne à une vision fragmentaire des êtres et des choses, une approche restreinte des causes profondes de ce qu’il vit, de ce qui l’entoure et le constitue. D’une position essentiellement terrestre, parce que conditionnée par les diverses et multiples forces d’inertie que génère le passé, notre comportement doit se faire le foyer d’une modification fondamentale, indispensable. En refusant de demeurer les esclaves de la multitude des mécanismes que chacun de nous, individuellement entretient et manifeste. Cette modification nous orientera et nous intègrera inévitablement dans une sphère nettement plus départie de ces tensions, des contradictions et exigences inhérentes à notre échelle de dimension, une sphère à caractère principalement Cosmique.
Cette assertion peut apparaître, pour beaucoup d’entre nous, tout à fait dénuée de fondement, sans rapport avec ce que la société dans sa crise actuelle nous demande comme aide et intervention.
Et chacun de penser qu’une telle éventualité ne renferme aucune capacité de transformation, aucun agent révolutionnaire. En fait, il s’agit de l’irruption pure et simple d’une dimension différente, au cœur même de notre propre sphère d’appréhension, et qui, par son seul élan a la possibilité de placer l’Homme en face d’une réalité toute autre, infiniment plus vivante et changeante, entre autre celle des causes essentielles qui président au déroulement des situations et des événements sociaux et historiques.
Cette prise de position du Cosmique au niveau du Terrestre se fait par le biais de l’Action — dont nous avons déjà abordé la nature — qu’aucun désir ou ambition, aucun vouloir personnel ne peut déclencher. Cette Action « E st ». Matérialisation de l’infini mouvement, elle exprime au travers de l’être humain les formes les plus hautes de l’Intelligence et de l’Amour.
Des qualités qui n’offrent d’ailleurs que très peu de similitude avec ce qu’il nous est donné de rencontrer au niveau de l’Humanité sur un plan émotionnel. Lorsque notre personnalité de surface s’est estompée au bénéfice d’une réalité agissante extrêmement dépouillée et intense, se perçoivent alors le gigantesque et l’infime, le puissant et le fragile, sans que rien en nous ne puisse se définir comme différent de ce que nous percevons ! Un dépassement, la conscience soudaine de quelque chose qui se meut et se transforme infiniment en nous, se distille constamment dans le geste le plus simple.
Ce pas que nous avons la possibilité mais aussi la nécessité de franchir, ne peut en aucune manière se présenter comme une quelconque variante, une transformation partielle et insuffisante de ce qui se vit actuellement au niveau des consciences terrestres. La situation dans laquelle se trouve notre société, demande un engagement tout autre, un engagement global, une cassure nette et décisive, à l’égard de tous les processus de devenir, quels qu’ils soient. Chaque seconde qui s’écoule, chaque jour qui passe, nous fait plus encore, chacun de nous, le participant direct ou indirect de ce chaos affreux qui règne dans le Monde.
Sous prétexte de référer notre comportement à ce que la société dans son ensemble nous dicte et programme, nous nous faisons ainsi les complices des compromis les plus douloureux, des aberrations les plus destructrices. Cette violence dont on nous dit qu’elle est nécessaire à l’évolution des civilisations, nous plonge dans un conflit perpétuel dont seul le plus fort, le plus armé, le plus rusé, réchappe parfois. Toutes les valeurs sur lesquelles s’appuie notre humanité, ne sont que des prétextes, des encouragements à accomplir selon les normes et les conventions de la légalité en cours, les pires escroqueries, les chantages les plus odieux, toujours aux dépens de celui qui est pauvre. C’est pourquoi l’engagement doit porter en lui une révolution fondamentale de tout notre comportement, de la totalité même de ce que nous sommes. Sinon au provisoire des idées — surtout lorsqu’elles ne s’accompagnent pas d’une mutation profonde et complète du vécu — nous ajoutons le provisoire des croyances et des réformes.
A travers ses misères, ses souffrances, ses injustices, notre époque nous montre clairement que ce ne sont point les idées, les discours et les diplomaties qui donneront à l’homme ce dont il a vraiment besoin : quelque chose d’infiniment plus important et agissant, véritablement libérateur, qui ne se borne pas aux seuls critères et aspects d’un bien-être matériel et d’une béatitude technologique. Sinon, notre civilisation est vouée à plus ou moins longue échéance à disparaître sans laisser la moindre trace d’authenticité, de vérité. Tout est à vivre, tout est à découvrir, en nous et par nous, seul notre « Moi », l’égoïsme et le profit qui en résultent, nous empêchent d’entrer en relation directe avec cette Vie aux mille richesses, jaillissant des ultimes profondeurs.
Une vie donatrice et régénératrice où les mots, les croyances et les dogmes, les religions et les idéaux disparaissent au bénéfice d’une multitude de faits et actions dont le Silence intérieur assure le lien.
Au cœur de ce Silence se précise et s’exprime la Mutation, le « bond » nécessaire et indispensable, la perception intégrale de la relation primordiale et essentielle qui redonne à la conscience et au cœur la place qui leur est due. A ce niveau se révèle un océan de vibrations, dont les myriades de tournoiements spiraliques et infinitésimaux reflètent la multitude des possibilités de l’Amour, de l’Intelligence et de la Volonté Cosmique.
Pouvoir accueillir les autres en soi-même, les aimer non pour ce qu’ils nous procurent ou l’image qu’ils représentent, mais simplement pour ce qu’ils sont, comme nous sommes. Il faut comprendre que nous ne pourrons jamais modifier le monde extérieur si nous ne modifions pas notre monde intérieur, car ce sont les deux aspects d’une seule et même réalité. Et si nous poussons à l’extrême cette investigation en nous-mêmes, une rupture se produira, inéluctable et décisive, fondamentale, qui révélera dans toute son ampleur notre solidarité à l’égard du Tout et notre responsabilité. Changeons le « regard » de notre Conscience et tout se découvrira comme un perpétuel émerveillement, le moindre geste, la moindre manifestation exprimée par la Vie. En nous se révèlera l’émerveillement d’un Silence résidant au cœur de l’infini mouvement, au delà des reflets multiples que sont les êtres et les choses, l’existence et la mort, l’Univers, le Cosmos.
EXTRAIT de L’Engagement Spirituel – Conférences données en France, Suisse et Belgique de Gérard Méchoulam aux Edition Etre Libre Bruxelles 1974
http://www.revue3emillenaire.com/doc/livres/Gerard-Mechoulam-L-engagement-Spirituel-1974.pdf
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