La victoire : triomphe de l’amour sur l’homme
Posté par othoharmonie le 27 mars 2014
Face au drame de la dépossession une seule issue s’avère possible : la fidélité inébranlable à l’éternelle loi d’amour, quelles que soient les circonstances. Cette issue n’aboutit plus à une faillite, elle n’est plus un effondrement. Elle est le plus merveilleux triomphe de l’Amour sur l’homme. Un bonheur infini sanctionne le bien-fondé de sa réalisation.
Nous venons de parler un langage étrange : le triomphe de l’Amour sur l’homme. Ceci n’implique pas la déshumanisation de l’humain. L’état de pur amour ne consacre pas la dissolution de l’humain mais constitue au contraire son plus haut épanouissement. Pour que se réalise pleinement cette suprême floraison de l’humain il faut que le feu purificateur de l’Amour brûle littéralement une à une, les innombrables barrières engendrées par l’égoïsme. Ainsi que l’exprime Krishnamurti « le cercle du « moi » doit se briser de l’intérieur, le « moi » ne peut dissoudre le « moi ».
Nous comprenons maintenant l’irremplaçable privilège de ceux qui s’ouvrent à l’Amour. Ce n’est pas le « moi » qui triomphe de ses limites mais l’Amour. Dans l’âme qui subit l’envahissement d’un puissant amour il existe un embrasement sacré; irrésistible qui dévore les limitations, les attachements et brise toutes les amarres.
Tout amour véritable se manifeste par le don de soi. Dans le don de soi il y a renaissance, recréation. Il faut mourir pour renaître, nous disent les Evangiles. Il nous faut mourir à nous-mêmes pour naître à la Plénitude du Pur Amour. La mise en évidence d’un tel processus nous étonne de prime abord. L’instinct de conservation de notre « moi » se rebiffe et tente de nous suggérer qu’il y a là quelque chose qui pèche contre les lois de la nature. Bien au contraire. Toute l’histoire de la vie dans les règnes successifs n’est-elle pas celle d’une recréation perpétuelle, d’une destruction continuelle de formes, d’un dépassement incessant de niveaux acquis. Le don de soi inhérent à tout véritable amour, constitue le prolongement sur le plan humain, de processus naturels observables sur le plan biologique parmi des êtres primaires en organisation.
Nous citerons ici l’exemple que nous donne le Dr. Roger Godel (L’Expérience Libératrice, p. 210) :
« Ne donnons pas à cette norme universelle de l’amour, un sens exclusivement métaphysique », dit-il.
« Le plus froid et le moins mystique des biologistes peut nous la démontrer, sous le microscope, dans la syngamie de deux conjoints unicellulaires, deux paramécies. Tandis que les deux partenaires accouplés échangent entre eux ces noyaux où se concentrent les caractéristiques fondamentales de leur personne, et pendant qu’une configuration nouvelle — prélude de régénérescence les transforme —, chacun d’eux meurt à lui-même. Par delà l’individualité double tenue en suspens, demeure seule la loi d’amour ordonnant le destin biologique. Dès que la magie de l’union syngamique apparait dans le monde vivant, Eros impose à tous, la même loi du sacrifice : perdre sa vie pour renaître ». Ce qui vient d’être dit sur le plan biologique se transpose en l’homme sur les plans psychiques et spirituels.
Dans le drame de la dépossession de l’amour humain, c’est uniquement la qualité de l’amour qui décidera de la victoire finale. Si cette qualité se trouve réalisée dans les conditions requises l’adorateur lésé verra soudainement s’installer en lui une vision nouvelle des données inhérentes au problème qui le torture.
L’acuité douloureuse du premier choc et les arrachements subtils qu’il détermine se profilent sur la toile de fond d’un amour qui persiste malgré tout. Au lendemain de la tempête, ou parfois même chez certains, — au cœur même de la crise intérieure, un élan d’Amour émerge en lumineux triomphe au milieu des ténèbres. L’adorateur comprendra confusément d’abord que l’Amour est plus important que les personnes sur lesquelles il s’était provisoirement fixé.
Ainsi que l’exprime Krishnamurti (Madras-Bénarès, p. 157) : « Ce qui arrive généralement, c’est que l’amour est moins important que la personne. L’objet de notre amour devient important… non l’amour lui-même »; et p. 159:
« … L’amour n’est pas une recherche de satisfaction. Il n’existe que lorsqu’il y a oubli de soi, complète communion non entre une ou deux personnes — mais communion avec le Suprême, et ceci ne peut avoir lieu que lorsque le « moi » est oublié ». Le contenu de ce qui précède revêtira finalement le caractère d’une évidence tendant à se matérialiser irrésistiblement. Et dans le cœur de l’amant abandonné apparaîtra un ultime combat au cours duquel s’affronteront deux tendances.
D’un côté la somme des résistances du « moi » apparaissant sous la forme de mille suggestions du mental : réapparition de griefs prétendus légitimes, réminiscences des souffrances de la chair et de l’esprit, questions de prestige, de réputation, etc. Mais d’un autre côté ces sollicitations mémorielles du passé seront rapidement balayées par une fidélité inébranlable à l’éternelle loi d’amour.
EXTRAIT de : L’Amour Humain A L’Amour Divin de Ram LINSSEN - Editions ETRE LIBRE 1953 –
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