Extase de la chair extase de l’esprit
Posté par othoharmonie le 29 mars 2014
Les psychologues indoues nous enseignent que l’acuité de certaines perceptions sensorielles immobilise temporairement le processus mental.
L’intensité de perception qui se réalise durant l’extase sexuelle entraîne une immobilisation des agitations familières de l’esprit. Les agitations du mental formant l’aliment essentiel du « moi » il est normal qu’une dissolution temporaire des complexes sensoriels de l’ego se réalise parallèlement à l’extase sexuelle. Dès que cessent les tensions du « moi », naît une euphorie à la fois psychique et nerveuse responsable de tout un secteur des plaisirs sexuels, parallèlement au processus physiologique.
Comme le disait à ce propos Krishnamurti (Madras-Bénarès, 1947-49, p. 335). « La sexualité est un problème parce qu’il semblerait que dans cet acte il y ait absence totale du moi. A ce moment là, vous êtes heureux parce qu’il y a cessation de la conscience de soi, du moi ; et comme vous désirez retrouver encore cette abnégation du moi en laquelle réside un bonheur complet, cet acte devient très important. Or, pourquoi ai-je ce désir accru ? Parce que partout ailleurs je suis en conflit…
dans tous nos rapports avec les personnes, avec la propriété, avec les idéaux, nous sommes en conflit, en lutte, en détresse, mais dans un seul acte est la complète cessation de tout cela… donc l’acte sexuel devient suprêmement significatif et important. Ainsi le problème n’est pas la sexualité, certainement, mais de savoir comment se libérer du moi.
S’accrocher au seul exutoire sexuel est évidemment un signe de déséquilibre ; et précisément nous sommes tous des déséquilibrés. Nous le sommes parce que nous avons fait du sexe la seule voie d’évasion, et la société, la prétendue culture moderne nous aident à le faire. Vous n’avez qu’à voir toutes les publicités, les cinémas, les gestes suggestifs, les attitudes. ». et p. 340 (loc. cit.) .
« Un esprit qui cherche son bonheur au moyen du sexe ne peut jamais être chaste. Bien que vous puissiez, dans cet acte, trouver momentanément l’abnégation et l’oubli de vous-même, la poursuite même de ce bonheur est du domaine de l’esprit, et rend l’esprit non chaste. La chasteté n’entre en existence que lorsqu’il y a amour. Sans amour, il n’y a pas de chasteté, et l’amour n’est pas une chose qui puisse être cultivée ; il n’est d’amour que dans le complet oubli de soi-même, et pour avoir cette bénédiction de l’amour nous devons être libres, grâce à la compréhension de nos rapports. Lorsque l’amour est présent, l’acte sexuel a une signification toute différente ».
L’attrait de la sexualité ne provient pas seulement de la superficialité et de la mécanisation de la vie moderne. Indépendamment de ces facteurs qui donnent aux problèmes sexuels une importance prépondérante, il en existe d’autres plus profonds. Les psychologues indous nous enseignent que l’acuité de perception de l’extase sexuelle projette une sorte d’interdit sur l’activité mentale.
Mais ils comparent ce processus d’immobilisation mentale inférieur à celui qu’opère l’acuité de perception transcendante du Réel. L’état d’amour véritable recèle un caractère d’intensité dont la magie suspend l’activité mentale. Mais si l’immobilisation du mental résultant de l’extase sexuelle n’est qu’éphémère et superficielle, celle que commande l’état d’amour véritable est infiniment plus durable, plus sereine et plus profonde.
Le mental ne peut dominer le mental. Un tel processus engendre du moins une immobilité sous tension qui nous mettrait dans l’incapacité d’être réceptifs aux émissions des niveaux de conscience supérieurs. C’est l’état d’amour véritable et non le « moi » qui réalise l’immobilisation de la pensée. Ceci confère au processus sa valeur métaphysique et son caractère de réalité supérieure. Néanmoins, remarquons que le parallélisme existant entre les deux processus répond à de lointaines nostalgies inscrites dans les profondeurs de l’inconscient. Nous l’avons dit maintes fois ailleurs : Il y a la tendance irrésistible à retrouver « ici à la surface » un pâle écho du « délice des profondeurs ».
EXTRAIT de : L’Amour Humain A L’Amour Divin de Ram LINSSEN - Editions ETRE LIBRE 1953 –
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