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Les trois maximes de Descartes

Posté par othoharmonie le 2 avril 2014

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     La première était d’obéir aux lois et aux coutumes de mon pays, retenant constamment la religion en laquelle Dieu m’a fait la grâce d’être instruit dès mon enfance, et me gouvernant, en toute autre chose, suivant les opinions les plus modérées, et les plus éloignées de l’excès, qui fussent communément reçues en pratique par les mieux sensés de ceux avec lesquels j’aurais à vivre. Car, commençant dès lors à ne compter pour rien les miennes propres, à cause que je les voulais remettre toutes à l’examen, j’étais assuré de ne pouvoir mieux que de suivre celles des mieux sensés. Et encore qu’il y en ait peut-être d’aussi bien sensés, parmi les Perses ou les Chinois, que parmi nous, il me semblait que le plus utile était de me régler selon ceux avec lesquels j’aurais à vivre; et que, pour savoir quelles étaient véritablement leurs opinions, je devais plutôt prendre garde à ce qu’ils pratiquaient qu’à ce qu’ils disaient; non seulement à cause qu’en la corruption de nos mœurs il y a peu de gens qui veuillent dire tout ce qu’ils croient, mais aussi à cause que plusieurs l’ignorent eux-mêmes, car l’action de la pensée par laquelle on croit une chose, étant différente de celle par laquelle on connaît qu’on la croit, elles sont souvent l’une sans l’autre. Et entre plusieurs opinions également reçues, je ne choisissais que les plus modérées : tant à cause que ce sont toujours les plus commodes pour la pratique, et vraisemblablement les meilleures, tous excès ayant coutume d’être mauvais; comme aussi afin de me détourner moins du vrai chemin, en cas que je faillisse, que si, ayant choisi l’un des extrêmes, c’eût été l’autre qu’il eût fallu suivre. Et, particulièrement, je mettais entre les excès toutes les promesses par lesquelles on retranche quelque chose de sa liberté. Non que je désapprouvasse les lois qui, pour remédier à l’inconstance des esprits faibles, permettent, lorsqu’on a quelque bon dessein, ou même, pour la sûreté du commerce, quelque dessein qui n’est qu’indifférent, qu’on fasse des vœux ou des contrats qui obligent à y persévérer; mais à cause que je ne voyais au monde aucune chose qui demeurât toujours en même état, et que, pour mon particulier, je me promettais de perfectionner de plus en plus mes jugements, et non point de les rendre pires, j’eusse pensé commettre une grande faute contre le bon sens, si, parce que j’approuvais alors quelque chose, je me fusse obligé de la prendre pour bonne encore après, lorsqu’elle aurait peut-être cessé de l’être, ou que j’aurais cessé de l’estimer telle.

     Discours de la Méthode (1637), in Œuvres et lettres, éd.Gallimard, NRF, Bibliothèque de la Pléiade.

la seconde maxime


      »Ma seconde maxime était d’être le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais, et de ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses, lorsque je m’y serais une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées. Imitant en ceci les voyageurs qui, se trouvant égarés en quelque forêt, ne doivent pas errer en tournoyant, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, ni encore moins s’arrêter en une place, mais marcher toujours le plus droit qu’ils peuvent vers un même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons, encore que ce n’ait peut-être été au commencement que le hasard seul qui les ait déterminés à le choisir : car, par ce moyen, s’ils ne vont justement où ils désirent, ils arriveront au moins à la fin quelque part, où vraisemblablement ils seront mieux que dans le milieu d’une forêt. Et ainsi, les actions de la vie ne souffrant souvent aucun délai, c’est une vérité très certaine que, lorsqu’il n’est pas en notre pouvoir de discerner les plus vraies opinions, nous devons suivre les plus probables; et même, qu’encore que nous ne remarquions point davantage de probabilité aux unes qu’aux autres, nous devons néanmoins nous déterminer à quelques-unes, et les considérer après, non plus comme douteuses, en tant qu’elles se rapportent à la pratique, mais comme très vraies et très certaines, à cause que la raison qui nous y a fait déterminer se trouve telle. Et ceci fut capable dès lors de me délivrer de tous les repentirs et les remords, qui ont coutume d’agiter les consciences de ces esprits faibles et chancelants, qui se laissent aller inconstamment à pratiquer, comme bonnes, les choses qu’ils jugent après être mauvaises ».

     Discours de la Méthode (1637), in Œuvres et lettres, éd. Gallimard, NRF, Bibliothèque de la Pléiade.

la troisième maxime


      »Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l’ordre du monde ; et généralement de m’accoutumer qu’il n’y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées, en sorte qu’après que nous avons fait notre mieux touchant les choses qui nous sont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est au regard de nous absolument impossible. Et ceci seul me semblait être suffisant pour m’empêcher de rien désirer à l’avenir que je m’acquisse, et ainsi pour me rendre content : car notre volonté ne se portant à rien désirer que les choses que notre entendement lui représente en quelque façon comme possible, il est certain que si nous considérons tous les biens qui sont hors de nous comme également  éloignés de notre pouvoir, nous n’aurons pas plus de regret de manquer de ceux qui semblent être dus à notre naissance, lorsque nous en serons privés sans notre faute , que nous avons de ne posséder pas les royaume de la Chine ou de Mexique ; et que faisant, comme on dit, de nécessité vertu, nous ne désirerons pas davantage d’être sains étant malades, ou d’être libres étant en prison, que nous faisons maintenant d’avoir des corps d’une matière aussi peu corruptible que les diamants, ou des ailes pour voler comme les oiseaux ».

     Discours de la Méthode (1637), in Œuvres et lettres, éd. Gallimard, NRF, Bibliothèque de la Pléiade, 1953, pp.142-143.

 

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le Soi est immobile

Posté par othoharmonie le 2 avril 2014

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    « Question : Que signifie Voir Qui vous êtes vraiment ?

      Harding : C’est tellement simple, c’est difficile à décrire. Normalement, nous regardons les choses là dehors. Voir Qui vous êtes vraiment ; c’es regarder ce à partir de quoi vous regardez, Ce qui regarde. C’est faire pivoter votre attention de 180° et regarder ce qui est le plus proche de vous que tout, ce qui est central dans votre vie – l’ingrédient permanent dans tout ce que vous êtes et faites. C’est-à-dire ce qui est à 0 centimètres de vous. Habituellement, je suis attentif à ce qui est relativement loin de moi – à quelque centimètre, mètres ou kilomètres. Mais ce qui est Ici, c’est un lieu que j’ai appris à ignorer, par la pression sociale. J’ai appris à prétendre que ça n’existe pas, que ce n’est pas important, que c’est dangereux et qu’il ne faut pas s’en occuper. C’est voir ce qui est exactement Ici où je suis – ce à partir de quoi je regarde. Voilà ce que Voir signifie pour moi »…

     « Il y a trois possibilités. L’une c’est que je suis ce que la société m’apprend à affirmer ce que je suis, c’est-à-dire un être humain exactement semblable à ceux que je vois autour de moi, un objet solide, périssable, limité. Çà c’est la première. La deuxième, c’est que je suis uniquement espace – vide pour les autres êtres humains, Vacuité pure, un vide à remplir avec des choses. Mais il y a une troisième possibilité très différente des deux autres. Aucun mot ne peut décrire ce que je vois Ici. Cela n’a aucune caractéristique. Mais paradoxalement, cela lui donne une valeur incroyable. Il est dit dans les Upanishads – et on le retrouve dans d’autres écritures – que nous ne trouvons le bonheur, la paix que dans ce qui est grand ouvert, sans limites, au-delà de tout entendement, de tous nos cadres de référence. C’est totalement mystérieux. C’est en cela que nous sommes comblés –jamais dans ce qui est limité. Ainsi la troisième possibilité dont je parle, c’est la Non-chose qui est réellement Rien, Absence de chose, vraiment indescriptible. Mais c’est ce que je suis et donc c’est tout ce que je connais vraiment sans être capable de le décrire. C’est quelque chose qui me déconcerte, tant c’est inexprimable. C’est ce que je suis. Et que suis-je ? Je suis Non-chose, conscient de l’être. Et parce que c’est totalement mystérieux, auto-créateur, invraisemblable, incompréhensible, inconnaissable, cela devient mystérieusement ce en quoi je puis placer ma confiance »

L’immensité intérieure, p. 145, 147, 148. de Harding Douglas 

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la relation sans pouvoir

Posté par othoharmonie le 2 avril 2014

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      Comprendre une personne, c’est déjà lui parler. Poser l’existence d’autrui en la laissant être, c’est déjà avoir accepté cette existence, avoir tenu compte d’elle. « Avoir accepté », « avoir tenu compte », ne revient pas à une compréhension, à un laisser-être. La parole dessine une relation originale. Il s’agit d’apercevoir la fonction du langage non pas comme subordonnée à la conscience qu’on prend de la présence d’autrui ou de son voisinage ou de la communauté avec lui, mais comme condition de cette « prise de conscience »…

     La rencontre d’autrui consiste dans le fait que malgré l’étendue de ma domination sur lui et de sa soumission, je ne le possède pas. Il n’entre pas entièrement dans l’ouverture de l’être où je me tiens déjà comme dans le champ de ma liberté. Ce n’est pas à partir de l’être en général qu’il vient à ma rencontre. Tout ce qui de lui me vient à partir de l’être en général s’offre certes à ma compréhension et à ma possession. Je le comprends à partir de son histoire, de son milieu, de ses habitudes. Ce qui en lui échappe à la compréhension, c’est lui, l’étant. Je ne peux le nier partiellement, dans la violence, en le saisissant à partir de l’être en général et en le possédant. Autrui est le seul étant dont la négation ne peut s’annoncer que totale : un meurtre. Autrui est le seul être que je peux vouloir tuer.

     Je peux vouloir. Et cependant ce pouvoir est tout le contraire du pouvoir. Le triomphe de ce pouvoir est sa défaite comme pouvoir. Au moment même où mon pouvoir de tuer se réalise, autrui m’a échappé. Je peux certes en tuant atteindre un but, je peux tuer comme je chasse ou comme j’abats des arbres ou des animaux — mais c’est qu’alors j’ai saisi autrui dans l’ouverture de l’être en général, comme élément du monde où je me tiens, je l’ai aperçu à l’horizon. Je ne l’ai pas regardé en face, je n’ai pas rencontré son visage. La tentation de la négation totale mesurant l’infini de cette tentative et son impossibilité — c’est la présence du visage. Etre en relation avec autrui face à face — c’est pouvoir tuer. C’est aussi la situation du discours…

     En quoi la vision du visage n’est plus vision, mais audition et parole, comment la rencontre du visage — c’est-à-dire la conscience morale — peut être décrite comme condition de la conscience tout court et du dévoilement, comment la conscience s’affirme comme une impossibilité d’assassiner, quelles sont les conditions de l’apparition du visage, c’est-à-dire de la tentation et de l’impossibilité du meurtre, comment je peux m’apparaître à moi-même comme visage, dans quelle mesure enfin la relation avec autrui ou la collectivité est notre rapport, irréductible à la compréhension, avec l’infini ? — voilà les thèmes qui découlent de cette première constatation du primat de l’ontologie. La recherche philosophique ne saurait en tout cas se contenter de la réflexion sur soi ou sur l’existence. La réflexion ne nous livre que le récit d’une aventure personnelle, d’une âme privée, retournant à elle-même sans cesse, même quand elle semble se fuir. L’humain ne s’offre qu’à une relation qui n’est pas un pouvoir.

Entre Nous. Essais sur le penser-à-l’autre, Grasset, Paris, 1998, p. 17.20-22. Emmanuel Levinas         

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La Chasteté n’est pas un moyen, mais une conséquence

Posté par othoharmonie le 2 avril 2014

 

 

imagesLa plupart des cercles de culture humaine « supérieure » et les cénacles de perfectionnement spirituel considèrent la chasteté comme moyen indispensable de libération et d’épanouissement.

Certes, la science nous enseigne que les énergies sexuelles dépensées selon les normes actuelles constituent un gaspillage de forces précieuses pouvant être utilisées à des fins plus utiles. 

Mais nous constatons que dans la pratique, le fait de postuler à priori la chasteté intégrale, comme moyen indispensable de libération spirituelle, aboutit très souvent à des désastres. Nous connaissons de nombreux « spiritualistes », d’ailleurs très sincères, qui « se forcent » à la chasteté et n’en ont pas les moyens. Ces êtres mènent une vie extérieurement chaste, mais leur esprit est affreusement encombré d’images érotiques, leurs conversations témoignent d’une préoccupation maladive du problème sexuel. Certains sont atteints d’une sorte de « logorée chronique », bavards insatiables qui, par le truchement de leur volubilité libèrent maladroitement les énergies refoulées. 

En présence de tels êtres, nous sentons chez eux la flamme d’un désir qui « transpire littéralement à travers tous les pores de la peau ». Ne perdons pas de vue que la spiritualité véritable est avant tout oubli de soi même, absence du souci-de soi-même. Nous constatons que chez beaucoup d’êtres non préparés, ou plus exactement mal informés, la chasteté entraîne non seulement une cristallisation du « moi » mais une exacerbation maladive de celui-ci. Il s’agit là d’authentiques abcès psychologiques générateurs de toute une gamme de névroses. 

De tels refoulements aboutissent à un état de tension psychologique et de crispation nerveuse qui ne résolvent en rien le problème du « moi ». Ce dernier s’affirme au contraire avec arrogance sous des formes déviées. Nous ne pouvons en aucun cas considérer de telles personnes comme « spirituelles » en dépit de leur fidélité intégrale à la chasteté dont elles se réclament. Si la personne est plus « psychique » que « physique », le refoulement sexuel peut donner lieu à des phénomènes dits « mystiques » se manifestant sous la forme de visions, d’auditions psychiques, d’extases mineures qui n’ont aucune commune mesure avec l’extase de l’état d’amour véritable. 

L’attitude des Sages d’Orient à cet égard, est particulièrement sévère. Nous blâmons l’ivrogne qui s’intoxique par la boisson mais nous sommes enclins à respecter les pseudo-religieux qui s’enivrent psychiquement en subissant les charmes de leur autohypnose. Le grand mérite de l’enseignement des Maîtres du Bouddhisme Zen et du psychologue indou Krishnamurti réside dans le fait d’une mise en garde particulièrement lucide et profonde de ces dangers.

Pour eux, il y a, sous-jacente aux recherches de jouissances matérielles ou spirituelles, la même entité, la même force pernicieuse : l’avidité du « moi ». A partir de l’instant où nous prenons profondément conscience du processus opérationnel de l’égoïsme en nous, nous nous libérons de lui. Cette libération nous affranchit de tous les problèmes, non parce que nous avons cherché à les résoudre sur leurs plans particuliers mais parce que le « créateur de problèmes » que nous sommes, en transformant son optique, nous libère de toutes les fausses questions. 

Il tombe sous le sens, qu’envisagé de ce point de vue, les problèmes de la chasteté ou de la non chasteté sont secondaires. L’essentiel à résoudre est plutôt le processus du « moi » dont l’ignorance engendre les innombrables formes d’avidité et parmi elles, l’activité sexuelle.

EXTRAIT de : L’Amour Humain  A L’Amour Divin de Ram LINSSEN -  Editions ETRE LIBRE

 1953 –  http://www.revue3emillenaire.com/doc/livres/Robert-Linssen-Amour-Humain-Amour-Divin-1953.pdf

 

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