Faire Bonne Fortune, Bon Coeur
Posté par othoharmonie le 3 mai 2014
Clients et commerçants
C’est d’ailleurs cette nouvelle rumeur urbaine — et une page Facebook bien partagée — qui a mené, à la mi-novembre, Patrick Pilon, propriétaire du Café-Bistro Bobby Mcgee, à prendre le relais à son tour. « Ça « fitte » parfaitement ici, lance-t-il dans un éclat de rire. Tu es socialiste ou tu ne l’es pas ! »
Plus sérieusement, il explique qu’il s’agit d’une initiative somme toute banale pour les tenanciers. « Il ne faut pas oublier que ce sont les clients qui payent. Ce sont des gens qui sont contents de débourser 10 $ de plus pour offrir deux sandwichs à des étrangers. »
Pour les commerçants, il s’agit surtout de créer un lien entre les consommateurs réguliers et ceux qui n’ont plus les moyens de se payer un simple café, même si ce n’est parfois que pour un temps.
« Il n’y a pas juste des itinérants, insiste Julie Gilbert. Ça peut être un étudiant qui est au bout de ses prêts et bourses et qui, avec ses vingt heures de travail par semaine, n’arrive plus. Ou encore quelqu’un qui commence un nouvel emploi et qui n’a pas eu sa première paye. Je ne suis pas là pour juger et tout le monde peut, un jour, ressentir le besoin d’être aidé. »
Même son de cloche dans Hochelaga-Maisonneuve, bien qu’il s’agisse là du quartier montréalais où les indicateurs de pauvreté sont les plus élevés. « Au-delà des problèmes sociaux, ce sont surtout des gens qui vivent beaucoup d’exclusion, ajoute Patrick Pilon. Venir demander un café ou un sandwich, c’est parfois quelque chose de très nouveau pour eux. »
Difficile, parfois, lorsqu’on a le ventre plein, de concevoir ce que des gestes aussi simples demandent à ceux qui n’ont pas eu de quoi se remplir la panse depuis quelques jours. « On ne s’en rend pas compte, mais venir dans un lieu public et faire le choix de ce qu’on va manger peut vraiment être ardu quand ça ne fait plus partie de notre quotidien », renchérit la propriétaire du café Ô deux sœurs.
Et c’est justement ce lent processus de « réinsertion » qu’elle veut intégrer tranquillement au concept des cafés suspendus. « La première fois se résume souvent à un café pour emporter. Ça peut prendre quelques semaines avant que la personne décide de rester pour manger, souligne la jeune entrepreneure. Récemment, une dame a même donné un rendez-vous galant sous le couvert des cafés suspendus. ».
Où trouver un commerce ayant rejoint ce mouvement de générosité, au Québec ?
Sur la liste des commerces « Café en attente au Québec« !
La bonne fortune
La tradition est née à Naples, dans le sud de l’Italie, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Elle voulait alors que celui à qui la chance sourit prenne un caffè sospeso — ou café suspendu — pour ainsi partager sa bonne fortune.
« C’est le moins qu’on puisse faire, soupire Patrick Pilon. On m’a déjà dit que personne ne planifie de finir dans la rue. Ça se déglingue vite, une vie, quand ça va mal, et ces gens, malgré leurs problèmes actuels, ont tous un passé. »
Dans l’absolu, nul ne sait ce que l’avenir lui réserve. Devant cette incertitude, ces propriétaires au cœur sur la main préfèrent donner au suivant, quitte à ne jamais rien recevoir en retour.
Et ailleurs dans le monde ?
Actuellement, 195 commerces sont référencés dans 19 pays (138 villes). Liste ICI
Et autour de nous ?
Cette excellente idée de solidarité, de charité, née en en Italie du Sud avant de rejoindre le Québec et de se propager à travers le monde, ne pourrait-elle pas trouver sa place autour de chez nous, dans la ville, le village, où nous vivons, où les besoins sont les mêmes ?
Les clients et les commerçants sont-ils prêts à jouer le jeu ?
Pour le savoir, rien de plus simple à vous qui lisez ces lignes : tentez l’expérience avec votre café, votre commerçant favori… vous offrez un café « en attente » et lui, l’annonce clairement, afin que celles et ceux dans le besoin osent le demander… Et il y a beaucoup plus de personnes dans le besoin que l’on pense… Ceux réellement dans le besoin ne le disent pas forcément « haut et fort »…
Dans de nombreuses villes en France, des commerces emboîtent le pas : Beauvais, Chambéry, Grenoble, Evreux, Lyon … et beaucoup d’autres !
De nombreuses pages Facebook organisées autour du concept « Le café en attente » sont créées et permettent de transmettre l’information très rapidement…
Comment participer, « faire cela » ?
C’est très simple et clairement expliqué sur le site : www.coffeesharing.com
Tout le monde peut participer…
Un événement Facebook « Le café en attente » regroupant de nombreuses initiatives Françaises a été créé. Vous y trouverez les adresses des commerçants participants, comment participer…
Cafés, baguettes, kebabs, livres…
C’est en regardant la page Facebook des Indignés en mars 2013, que Stéphanie Dupin, employée dans une association de réinsertion pour les jeunes à Rouen, a été conquise par l’idée. Elle en parle à son voisin qui tient le café-restaurant Le zèbre à pois, dans le centre de la cité . Il est tout trouvé pour démarrer le mouvement, son petit établissement étant régulièrement récompensé par le prix du meilleur accueil, délivré par la ville. « C’est parti très fort et nous avons maintenant largement dépassé les 200 cafés offerts », indique le cafetier Olivier Lenoble, qui ne compte pas son temps pour faire vivre le concept. Outre les SDF qui viennent dès l’ouverture, Olivier Lenoble sait repérer la retraitée modeste ou l’étudiant désargenté à qui offrir le café.
L’établissement lyonnais Des galets bleus la nuit, à la Croix-Rousse, a rejoint le mouvement qui s’est développé ces derniers mois de Brest à Bayonne, de Bordeaux à Mulhouse et de Nantes à Carcassonne, sortant même du café pour conquérir d’autres commerces. Deux petites boulangeries du Puy-de-Dôme ont ainsi lancé le mouvement de la « baguette en attente ». Il y a maintenant des sandwiches, des kebabs, des viennoiseries… et même des « repas réservés », lancés à Mulhouse par David Petit, employé dans un magasin de bricolage. Un client paye un deuxième repas et reçoit un ticket tamponné avec mention du prix. Il peut l’offrir à une personne de son choix ou à une association. « Nous avons déjà plus de 100 tickets et plus de 60 restaurants adhérents », affirme-t-il.
Michaël Féron, bouquiniste à Rouen, met des livres en attente. Il demande 2 euros aux clients donateurs. « La personne qui réclame choisit son livre. S’il coûte plus que 2 euros, je mets la différence », avance-t-il. Places de spectacle, jouets, vêtements… Le concept peut encore être bien élargi. Pour coordonner le tout, des associations ont été créées à Nantes sous le nom de Tout en attente, ainsi qu’aux Lilas , en région parisienne, sous la bannière Eveil.
Bientôt, un site Internet dédié…
Afin que ce bel élan de générosité s’inscrive dans la durée, « il faut lever toutes les barrières de défiance », estime à Lyon Wilfried Lacour, qui anime le mouvement sur Facebook. Pour que chacun sache mieux ce que font les autres, un site Internet est en cours de construction à Montpellier.
Principales sources :
• Café en attente : www.cafeenattente.org
• Coffee Sharing : www.coffeesharing.com
• Facebook : Facebook: le-cafe-en-attente
• Le Devoir : www.ledevoir.com
• L’Express : www.lexpress.fr
• TVA Nouvelles : www.tvanouvelles.ca
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