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Thich Nhat Hanh : le plus grand maître du bouddhisme

Posté par othoharmonie le 31 mai 2014

 

C’est un pacifiste éclairé. Né Nguyen Xuan Baoen 1926, Thich Nhat Hanh fonde, en 1950, l’Institut des hautes études du bouddhisme An Quang. En 1966, son appel contre la guerre du Viêt Nam le contraint à l’exil. En 1969, réfugié politique, il s’installe en France. Depuis 1982, il délivre son enseignement au Village des Pruniers, la communauté bouddhique qu’il a créée. Rencontre rare avec un vrai sage. 

Propos recueillis par Anne Laure Gannac

téléchargement (5)Sa lutte non violente contre la guerre du Viêt Nam, son pays, avait fait de lui un ennemi majeur aux yeux des dirigeants et une source d’influence pour Martin Luther King, entre autres. Plus de quarante ans plus tard, Thich Nhat Hanh reste un maître inégalable. Des millions de bouddhistes et de laïcs suivent son enseignement via ses livres, ses conférences ou ses retraites données chez lui, en France, au Village des Pruniers.

Il a créé ce centre bouddhique en 1982, seize ans après avoir été contraint à l’exil par le gouvernement vietnamien. C’est là que nous le rencontrons, tôt le matin, dans une grande salle peuplée de moines et moniales et de laïcs venus des quatre coins du monde pour une retraite de quelques jours, semaines ou mois. D’un pas lent, arrive Thây (« maître »), un petit homme de 87 ans qui en paraît 60, à l’air inébranlable. Avant de donner un enseignement, il invite, sans rien dire, à une méditation, puis à quelques gestes de gymnastique – dont il expliquera qu’il ne les fait pas « pour être en forme », mais pour le plaisir de se sentir vivant. Une occasion parmi d’autres de pratiquer la pleine conscience, principe central du bouddhisme.

A lire

La Force de l’amour (Albin Michel, 2008), livre dans lequel Soeur Chân Không raconte son parcours auprès de Thich Nhat Hanh.

Plus tard, nous obtenons un rendez-vous dans son ermitage : assis à son bureau, à la lueur rougeâtre d’une lampe et face à une forêt de pins, Thây réalise des calligraphies. L’image semble sortie d’un conte bouddhiste ancestral.

Soeur Không, sa plus ancienne compagne de route et cofondatrice du Village des Pruniers, et soeur Dinh, son autre bras droit, nous invitent à nous asseoir face au maître, qui nous a rejointes en silence. On aimerait que cet homme, qui a échappé par miracle aux bombes françaises, américaines, puis aux mains des communistes et à la douleur de l’exil, nous parle de lui. La voix douce et ferme, il répond : « “Moi, moi”, il n’y a pas de soi séparé. »

Psychologies : Votre nouvel ouvrage porte sur l’enfant intérieur, une notion de psychologie. Comment la définissez-vous en tant que bouddhiste ?

Thich Nhat Hanh : Quand vous plantez une graine de maïs dans le sol, elle pousse et se transforme en plante. Alors, vous ne voyez plus la graine. Elle est pourtant toujours vivante. Lorsque vous regardez un adulte, l’enfant est bien là, même si vous ne pouvez pas le voir. Souvent, cet enfant a souffert et continue de souffrir. Pour le guérir, il faut commencer par le voir, reconnaître sa tristesse, puis lui parler en l’entourant de votre tendresse, en pleine conscience. Ainsi, vous l’apaiserez.

Vous considérez-vous comme un thérapeute ?

T.N.H. : Dans notre tradition, on nomme le Bouddha « le roi des guérisseurs ». Car le dharma [l’enseignement du Bouddha, ndlr] a pour fonction de guérir les gens : la colère, le désespoir ou la jalousie sont leurs maladies. Le bouddhisme a, depuis l’origine, une approche psychologique. On y parle de la « conscience du tréfonds », qui correspond à l’« inconscient ». C’est là que résident les graines de ces « maladies », qui ne sont des maladies que si nous laissons leur énergie nous nuire sans utiliser la pleine conscience. Elle seule permet de se guérir, et de guérir les autres.

« Prendre soin de son enfant intérieur » n’est donc pas qu’une démarche individuelle…

T.N.H. : Non, car l’enfant intérieur est un enfant collectif. Il est une continuité des enfants intérieurs de votre père, de votre mère et de tous vos ancêtres. Si vous pouvez apaiser le vôtre, vous apaiserez aussi les leurs. Vous pratiquez non seulement pour vous, mais pour vos ancêtres.

Dans votre enseignement, ce matin, vous avez dit : « Si vous n’êtes pas heureux, c’est à cause de vous, parce que vous n’utilisez pas la pleine conscience ». Croyez-vous vraiment que cela soit suffisant ?

T.N.H. : La marche méditative, la respiration consciente vous permettent d’être vraiment là. Et si vous êtes vraiment là, alors vous reconnaissez les conditions du bonheur que vous possédez. En profiter devient enfin possible. Tout de suite !

Pouvez-vous me parler de vous enfant ?

T.N.H. : [Long silence.] Regardez cette photo au mur [il désigne de la tête un portrait de lui, en noir et blanc, enfant à l’air grave et serein]. Cet enfant a eu des parents très aimants et il avait seulement 16 ans quand il est devenu moine ! [Rires.]

Vous voulez dire que vous n’avez pas d’enfant intérieur blessé ? Vous êtes pourtant passé par des guerres…

T.N.H. : Des guerres terribles… Cela nous fait souffrir. Mais cela nous aide, aussi. Quand, à l’école, des amis ont été tués par des soldats, il est devenu évident que l’on ne pouvait pas se contenter de réciter des sutras. Il fallait agir. Ainsi nous est venue l’idée du « bouddhisme engagé » : on a organisé des groupes de jeunes moines et laïcs pour créer des hôpitaux, des écoles… Cela aide à soigner les blessures physiques et mentales : celles des autres et les siennes. Il faut apprendre à savoir souffrir afin de souffrir moins.

Qu’est-ce que ça signifie, « savoir souffrir » ?

T.N.H. : C’est ne pas chercher à fuir sa souffrance, mais l’accepter, la regarder en pleine conscience. Puis l’utiliser pour en tirer une énergie positive : la transformer et, ainsi, se transformer.

 

L’utilité de la « communauté » (sangha) paraît évidente dans des conditions de guerre. Mais aujourd’hui et ici, à quoi sert-elle ?

T.N.H. : Au village, nous organisons des retraites pour plus de mille personnes : pour aider un tel groupe à se transformer, un maître, même talentueux, ne peut pas suffire ; il a besoin d’une sangha qui génère une énergie collective de compassion et de pleine conscience. Je pense qu’il en va de même pour les thérapeutes : s’ils s’organisaient en communautés de pratique, ils aideraient mieux les gens.

Est-ce la sangha qui vous a aidé à supporter la souffrance de l’exil, dès 1966 ?

T.N.H. : Au fil de la pratique, on en vient à reconnaître que notre pays n’est pas telle partie de la planète et que nos concitoyens ne sont pas que des Vietnamiens, mais aussi des Français, des Anglais, des Américains… Il n’y a plus de discrimination.

C’est ce que vous appelez l’« inter-être » : vous dites que nous ne « sommes » pas, mais que nous « inter-sommes »…

T.N.H. : L’inter-être n’est pas une philosophie, c’est une vision profonde que l’on acquiert en tournant son regard vers la nature. Par exemple, la science a découvert que matière et énergie « inter-sont » : l’une peut devenir l’autre. Si les chrétiens et les musulmans se regardent en profondeur, ils découvriront cette nature de l’inter-être et la guerre cessera.

Cela fait un demi-siècle que vous diffusez ce message de paix, y compris auprès des plus puissants, mais nous sommes encore loin d’un monde sans guerre !

T.N.H. : Parler de paix aux puissants, c’est facile, mais cela ne suffit pas. Il faut que chacun applique cette loi de l’inter-être dans son quotidien. Et pour cela, il faut s’organiser en sanghas, c’est-à-dire pratiquer la pleine conscience ensemble : en famille, à l’école, dans l’entreprise, au conseil municipal…

Lors de votre enseignement, vous avez expliqué le lâcher-prise, en utilisant la métaphore du vacher qui doit lâcher ses vaches s’il veut moins souffrir. N’est-ce pas décalé, dans un contexte de crise où les gens souffrent moins de « trop posséder » que du manque de travail et de ressources ?

T.N.H. : Souvent, on pense que l’on ne peut pas lâcher telle personne ou telle propriété parce que l’on ne pourra pas continuer de vivre sans elle. Mais peut-être est-ce en s’en détachant que l’on souffrira moins. Alors, il faut avoir assez de courage pour pouvoir la laisser aller. Mais toutes les possessions ne constituent pas des obstacles au bonheur ! Seule est une « vache » la possession que vous ne savez pas lâcher. Car elle fait de vous son esclave.

 

Que conseillez-vous, alors, pour « bien » lâcher prise ?

T.N.H. : Dressez une liste, par écrit, de toutes vos « vaches », ces choses mais aussi ces connaissances que vous croyez très importantes, car si vous ne pouvez pas lâcher une connaissance, vous ne pourrez pas arriver à une plus élevée. Puis regardez-les en pleine conscience. Et entraînez-vous à les laisser s’éloigner. Cela vaut avec tous les attachements. Dans le couple ou dans la relation parent-enfant, l’amour véritable consiste à cultiver la liberté des uns et des autres.

Certains vous qualifient d’« être éveillé » ou de « bouddha ». L’êtes-vous ?

T.N.H. : Tout le monde l’est ! Car tout le monde a une conscience. Vous aussi, si, lorsque vous marchez, vous êtes consciente de votre pas, vous êtes un être éveillé ! Mais, selon votre pratique, vous pouvez l’être à 10 %, à 20 %, à 40 % de votre temps. Et 40 % ou 50 %, c’est déjà beaucoup ! Il faut garder un peu de boue pour pouvoir faire pousser le lotus. La souffrance sera toujours là, car tant qu’il y a de la vie, il y a de la souffrance. Mais celui qui pratique apprend à la transformer dans la joie et dans la paix.

Comment préparez-vous l’« après-Thây » au Village des Pruniers ?

T.N.H. : Je ne vais pas mourir. [Il éclate de rire.] Si vous regardez autour de vous, vous pourrez me voir dans les moines et moniales. Mais ils vont aussi pratiquer le lâcher-prise : des États-Unis à Hong Kong, partout les sanghas travaillent déjà seules. Et notre tradition doit continuer d’évoluer en se nourrissant des sciences et de la psychologie.

images (7)Vous n’avez pas d’héritier direct ?

T.N.H. : Tous le sont. On va comme une rivière, non comme des gouttes d’eau. Comme on l’a dit au Parti lors de notre retour au Viêt Nam : « Les vrais communistes, c’est nous ! » [Il rit.]

En 2005, pour la première fois depuis trente-neuf ans, Thich Nhat Hanh a obtenu la permission de se rendre au Viêt Nam, où chacun de ses déplacements, attirant des milliers de personnes, a été très encadré par le gouvernement. 

 

A lire

Prendre soin de l’enfant intérieur 
Qui ne porte pas en lui ses blessures d’enfant ? Le grand maître du bouddhisme nous guide pas à pas pour apaiser la colère, la peur, la tristesse qui hantent encore nos vies d’adulte, et les transformer en une force de réconciliation et de compassion (Belfond).

 

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Je pense à moi

Posté par othoharmonie le 31 mai 2014

 

images (6)Happés dans une course contre la montre perpétuelle, sans cesse sollicités, que cela soit en famille, entre amis ou au travail, nous en oublions bien souvent de nous accorder des moments pour nous retrouver en tête à tête avec nous-mêmes. Pourtant, penser à soi est essentiel. Les conseils de Luce Janin Devillars.

« Penser à soi, c’est commencer par arrêter d’être toujours dans le sacrifice et dans le service aux autres, que cela soit à la maison ou au travail. Tout d’abord, on peut décider de s’accorder des moments entièrement dédiés à soi : cela peut être une séance de shopping, une promenade dans la forêt, ou tout simplement une heure à rêver assise sur une chaise.

Ensuite, pourquoi ne pas se fixer des priorités envers soi, et s’offrir les cadeaux que l’on donne aux autres en général : cela peut être des objets, mais surtout, du temps. On prend l’habitude de « nourrir » les autres – son entourage familial et professionnel – comme lorsque l’on fait un repas. En faisant cela, on s’oublie : on finit par servir les autres mais plus soi-même.

C’est vrai que culturellement, on a tendance à nous dire que prendre du temps pour soi, c’est être égoïste. On nous demande d’être dans le sacrifice. En réalité, c’est être capable de s’aimer soi-même autant que l’on aime les autres. Penser à soi est une nourriture psychique, qui permet de s’ouvrir sur soi-même. A chacun d’entre nous de trouver la façon de le faire selon ses goûts et ses envies. »

Luce Janin Devillars, expert du « Soi »

Janin Devillars est à la fois psychologue clinicienne, psychanalyste. Elle est également coach en entreprise. En savoir plus sur www.janindevillars.com

A lire :
Changer sa vie (Pocket, 2003)
Ces morts qui vivent en nous(Fayard, 2005)

Lire aussi sur Psychologies.com :
Accords toltèques : 4 règles pour être 
Cinq jours seul dans le désert 
Six techniques pour savourer l’instant

 

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Tao : la voie du bon sens

Posté par othoharmonie le 31 mai 2014

 

Privilégier l’être au paraître, écouter sa nature profonde, s’accorder à l’univers… L’enseignement de Lao Tseu n’a jamais été si moderne. Quelques principes simples pour vivre sereinement.

Pascale Senk

images (5)Tao… trois lettres pour dire l’axe central de l’univers, « d’où tout part et où tout revient ». Trois lettres pour une philosophie orientale qui va bien à notre époque. Certains d’entre nous la pratiquent peut-être sans le savoir, car cette doctrine ancestrale donne des clés pour vivre dans l’énergie, la prospérité et l’authentique. Moins connue que le bouddhisme, souvent confondue avec le zen, le tao nous indique « ce qui marche » pour favoriser la vie. « Il émousse ce qui tranche, démêle les nœuds, discerne dans la lumière, assemble ce qui, poussière, se disperse », écrivait son fondateur Lao Tseu. Le sinologue Cyrille Javary est plus direct : « Tao veut dire “voie”, mais on pourrait presque le traduire par “machin”, explique-t-il. Avec lui, les Chinois ont inventé le pragmatisme souriant. » Voici huit principes du tao. A utiliser sans modération.

Rechercher l’essence, fuir l’apparence

A lire aussi

Les leçons de vie du tao  Si cette voie spirituelle séduit de plus en plus en Occident, c’est sans doute parce qu’elle répond avec simplicité et modernité à nos aspirations existentielles (…).

« Celui qui ne perd pas sa racine peut durer », Lao Tseu

Les taoïstes ont recherché la véritable nature des choses, une démarche qui invite à aller au-delà des apparences. Ainsi, en plein mois de novembre, les Chinois voient déjà le printemps. Ils savent qu’il faut retourner la terre pour préparer les futures floraisons. Le tao privilégie l’être au paraître. « Un taoïste aujourd’hui recherche la simplicité en tout. Aux meubles alambiqués, il préfère la beauté d’un bois brut, explique Gérard Edde, auteur du Chemin du tao (La Table ronde). Aux vêtements synthétiques, la pureté du coton. »

Savoir que l’on est relié au monde et que les rythmes du monde sont en soi…

« Grand est le ciel, grande est la Terre, grand, l’être » « Tao Te King », 25

Le tao offre la vision d’un monde holistique, car il part de l’existence d’un flux d’énergie commun, le « ch’i », qui baigne aussi bien le soleil, les planètes que chaque être humain. « Tout homme, parce qu’il se sait en interaction avec toute chose vivante, se sent donc à sa place dans l’univers », explique Galya Ortega, spécialiste du massage taoïste. Cette conscience du ch’i est à la base de nombreuses techniques aujourd’hui très prisées : le feng shui, qui cherche à harmoniser le ch’i d’une habitation avec l’énergie des personnes qui y vivent, ou l’acupuncture, qui travaille sur les points énergétiques du corps afin d’accorder le « climat intérieur » de chaque individu avec la saison qui arrive, et prévenir ainsi les maladies.

En toute chose, reconnaître la danse du yin et du yang

« Le yin est ce qui a envie de devenir yang, et le yang, ce qui a envie de devenir yin », Cyrille Javary

Vivre le tao, c’est avoir conscience de ces deux énergies contraires, nées du vide primordial et qui se relaient sans cesse : le yang – qui correspond à la dureté, la masculinité, l’action, l’être, la lumière – succède au yin, qui incarne le féminin, la douceur, la passivité, les ténèbres, le non-être, la nuit. Dans toute situation, l’une de ces forces succédera à l’autre. Aussi, pour trouver l’harmonie, on recherchera sans cesse le point d’équilibre entre les deux. En cuisine, on élaborera des menus qui associent aliments yin (sucre, fruits, légumes verts, etc.) et yang (viande, œufs, fruits de mer, etc.). Dans la vie quotidienne, on alternera des temps de repos (yin) et d’action (yang), de retour à soi (yin) et d’extériorisation (yang). « Et le tao nous rappelle que se retirer, attitude très yin, peut aussi être une stratégie puissante, car c’est ce qui permet de restaurer l’énergie yang », affirme Cyrille Javary. Parfois donc, reculer, c’est progresser.

S’accorder aux cycles

« Les quatre saisons changent et se transforment continuellement l’une en l’autre. C’est ainsi qu’elles peuvent accomplir la durée du temps » « Yi King », hexagramme 32

Toute chose vivante est soumise à des cycles de destruction et de régénération. Les événements n’échappent pas à cette loi de la mutation : chaque aventure de la vie a ses propres temps d’action et d’immobilisation. La thérapeute américaine Diane Dreher, auteur de The Tao of Womanhood (Quill, New York) affirme que « la sagesse, c’est de savoir reconnaître la fin d’un cycle, de ne pas se battre contre l’incontournable et de savoir quand bouger ». Dans la journée, par exemple, à quelle heure nous sentons-nous au top de notre énergie ? A quel moment décline-t-elle ? Selon Diane Dreher, nous sommes plongés dans la confusion quand nous avons négligé de repérer à quel moment de son cycle en est telle ou telle relation affective ou situation professionnelle qui nous pose problème. Le tao peut alors se faire réconfortant puisqu’il nous chuchote à l’oreille : « Il n’y a qu’une chose qui ne change pas, c’est que tout change tout le temps. »

Résoudre les oppositions

« Sous la pluie, voir le soleil brillant. Dans les flammes, boire à la source fraîche », Anonyme

Pour nous cartésiens, qui pensons en termes de bien ou mal, noir ou blanc, le tao permet de délier les conflits cornéliens qui nous emprisonnent. « Le un se divise toujours en deux » : toute situation se déliera à un moment en une situation yin et une situation yang, rien dans la vie n’est univoque. Le tao nous propose donc de pratiquer la double vision. William Martin, auteur d’un bréviaire taoïste à l’usage des parents d’aujourd’hui (Parents’s Tao Te King - Marlowe and Company, New York), invite à prendre en compte cette dialectique des antagonismes dans l’éducation d’un enfant : « Si vous voulez que vos enfants soient généreux, vous devez d’abord les autoriser à être égoïstes. Si vous voulez qu’ils soient disciplinés, vous devez d’abord les laisser être spontanés. […] Une qualité ne peut être pleinement apprise sans la pleine compréhension de son opposé. »

S’asseoir et oublier

« Le sage rejette toute influence et demeure centré » « Tao Te King », 12

L’un des écrivains taoïstes les plus créatifs, Doctor Barefoot, se définit comme un « guerrier spirituel » (Guerrier urbain, manuel de survie spirituelle - J’ai lu). Individualiste, il méprise la politique car il sait que le travail intérieur prime sur tout et que pour agir en accord avec le tao, il faut d’abord être à l’écoute de sa nature profonde. « N’oubliez jamais : tout ce que vous voyez à la télévision, tout ce que vous lisez sur le Net, dans la presse ou dans les livres, tout ce que vous entendez à la radio, tout (y compris mon guide) est la pensée d’un autre. » Pour lui comme pour les ermites du VIe siècle avant J-C, la sagesse vient de l’intuition intérieure. Pour contacter celle-ci, une seule voie : entrer dans le silence intérieur et méditer. « C’est la “voie de l’eau”, explique Gérard Edde. On ne médite pas pour gagner plus de sagesse ou de sérénité mais, au contraire, on s’assoit pour perdre chaque jour quelque chose : une idée erronée, un mauvais comportement, une émotion conflictuelle… et ainsi rejoindre l’unité primordiale. »

SOURCE http://www.psychologies.com/

 

 

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Les dangers de l’automensonge

Posté par othoharmonie le 31 mai 2014

 

Si un petit mensonge blanc ne fait en général de mal à personne, il en est tout autre des mensonges profonds que l’on se fait à soi-même. Dans son livre « Du mensonge à l’authenticité », Marie Lise Labonté prévient des conséquences que l’automensonge peut avoir sur la reconnaissance de soi.
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Nous pouvons tenter de nous mentir à nous-mêmes, mais il y a toujours une partie de nous qui sait que nous nous mentons. Cette partie est notre corps, siège de l’inconscient. Souvent, lorsque nous sommes enfermés dans le mensonge, notre corps nous adresse des signaux, notre inconscient nous envoie des rêves nous informant qu’un temps de sincérité et d’honnêteté avec soi serait approprié pour notre santé physique et mentale. Si nous refusons ces signes qui nous interpellent pour attirer notre attention, nous pouvons avoir l’impression que notre corps est notre ennemi et qu’une partie de nous tente d’avoir raison sur nous. Nous sommes alors aveugles ou sourds. Nous aimerions tellement que notre monde intérieur se mente à lui-même, tout comme nous le faisons avec notre personnalité. 

Heureusement pour nous et malheureusement pour notre ego, notre corps et notre inconscient portent en eux une sagesse, une partie intacte qui sait que nous sommes dans le leurre, même si nous croyons que nous faisons les bons choix. Cette partie ne nous ment pas, même si nous nous mentons à nous-mêmes. Notre corps et les dimensions inconscientes en nous sont les amis de notre sincérité profonde. Ils sont nos guides vers l’authenticité. 

Nous avons tous le droit de mentir et nous avons nos raisons pour le faire. Mais, à la longue, mentir blesse le corps et l’âme. Il y a un prix à payer pour utiliser le mensonge comme outil de protection, de manipulation ou de pouvoir. Ce prix est une inauthenticité envers les autres, mais avant tout et surtout envers soi-même, ce qui n’est pas sans conséquences physiques, émotionnelles et psychiques. Mentir cause du stress. Il y a décharge hormonale, libération d’adrénaline, sueurs, anxiété. Les menteurs chroniques s’habituent à ces symptômes physiques, s’y identifient jusqu’à les cultiver, car ces symptômes peuvent engendrer une accoutumance semblable à certaines drogues. (…)

Nous mentir à nous-mêmes nous éloigne de notre propre vérité et creuse un fossé entre les parties de soi qui « savent » et les autres parties qui font semblant de ne pas savoir. Le cas de Mylène n’est pas unique : se mentir à soi-même est souvent accompagné d’un retour vers des compulsions telles que l’alcool, le sexe, la drogue physique ou affective. Ce phénomène est pernicieux, car le fait de nier une vérité intérieure engendre d’importantes frustrations, beaucoup d’irritation et de colère dirigée contre soi. Ces expériences émotionnelles sont souvent suivies d’un sentiment de désespoir et de séparation intérieure. Pour notre personnalité consciente, ces émotions sont douloureuses, c’est pourquoi nous pouvons ressentir le besoin urgent de combler cet état de frustration par la compulsion. La satisfaction est alors immédiate et elle anesthésie la partie de nous qui sait la vérité. 

Plus le degré de colère contre nous est élevé, plus durement nous pouvons utiliser la compulsion pour nous punir, nous faire souffrir. C’est un cercle vicieux d’autopunition. Si nous reprenons le cas de Mylène, l’achat de magnifiques vêtements satisfait sa personnalité, mais vide son compte de banque. La sensation excitante des achats compulsifs est comme un anesthésiant qui lui permet de faire face au fait qu’elle vient encore une fois de se mentir à elle-même. Cette anesthésie ne sert qu’à endormir la souffrance reliée à l’acte de se mentir. Lorsque Mylène est venue me voir pour sa première consultation, elle était consciente de cette autodestruction, mais elle y était enfermée. La prise de conscience est un pas dans la bonne direction, mais ce n’est pas toujours suffisant pour s’en sortir. 

A l’opposé de Mylène, pour beaucoup, l’automensonge n’est pas un acte conscient. Au contraire, il peut s’agir de bons vieux réflexes d’autoprotection, de survie, qui sont devenus des habitudes comportementales non réfléchies. C’est là que le mensonge blesse. Le mensonge envers soi-même n’est pas innocent dans l’écologie intérieure : il entraîne des conséquences qui bouleversent notre être. 

La blessure de se mentir

La blessure du mensonge ressemble à une compresse de gaze qui au début remplissait sa fonction. Une compresse de gaze recouvre et protège une plaie, réalisant un pansement qui prévient l’infection. On peut retirer périodiquement ce pansement pour permettre à la plaie de respirer, ce qui favorise la cicatrisation. Imaginons maintenant que la compresse est laissée en place pendant des mois et que la plaie n’est plus traitée. Que se passera-t-il ? La plaie s’infectera et la gaze s’amalgamera à la chair. Si l’on tentait alors de retirer le pansement brusquement, on arracherait la peau, laissant une nouvelle plaie encore plus grande que la première. 

Cette description peut choquer, car l’image est forte. Il n’empêche que se mentir à soi-même, c’est comme mettre des pansements sur une plaie qui s’infecte, alors que cette souffrance ancienne aurait plutôt besoin de vivre à l’air libre, dans une expression juste de soi. Se mentir laisse en place une blessure de non-reconnaissance de soi. Elle crée en nous un doute profond sur notre authenticité et perturbe gravement la relation de confiance de soi à soi, confiance pourtant nécessaire dans la construction de notre réelle identité.

Les dangers de l’automensonge dans Etat d'être couv_1678Du mensonge à l’authenticité, Marie-Lise Labonté
Editions de l’Homme (Février 2014 ; 176 pages) 

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