Le Militant de la bienveillance
Posté par othoharmonie le 6 juin 2014
Surnommé le Mahatma, la Grande Ame, l’avocat Mohandas Karamchand Gandhi est connu pour son combat non violent contre l’occupant britannique. Apôtre de la désobéissance civile et de la tolérance religieuse, pratiquant assidu du jeûne et de la méditation, il laisse un héritage spirituel immense. Fils et petit-fils de Premiers ministres, Gandhi naît à Porbandar, petite principauté du Gujarat, à l’ouest de l’Inde, dans la caste des marchands.
Marié à l’âge de 12 ans, il laisse sept ans plus tard sa femme et ses quatre enfants pour aller étudier le droit en Angleterre malgré l’interdiction de sa caste.
Pensées
Recruté en Afrique du Sud, il subit la discrimination raciale et s’engage en faveur des siens, jusqu’à fonder le Congrès indien du Natal. De retour en Inde après plus de vingt ans passés à l’étranger, il trouve le pays ruiné et affamé. Il parcourt alors des milliers de kilomètres pour réveiller les consciences, multipliant les appels à la désobéissance civile auprès des paysans et ouvriers.
En 1930, il prend la tête de la Marche du sel : suivi par des milliers d’Indiens, il s’oppose au monopole britannique sur la commercialisation du sel en allant recueillir de l’eau salée dans l’océan. Il lui en coûte neuf mois de prison. « Pas de compromis avec l’Empire tant que le lion britannique secouera à notre face ses griffes sanglantes », clame-t-il. Adepte du jeûne politique, régulièrement arrêté et emprisonné, Gandhi commente ses actes dans le journal Young India. « Il vaut mieux mille fois paraître manquer à la vérité aux yeux du monde que de manquer à sa propre vérité », écrit-il ainsi en 1922.
Admise dès 1945 par le gouvernement travailliste et officiellement obtenue en 1947 au prix de la séparation du Pakistan, l’indépendance de l’Inde laisse le pays en proie aux pires conflits entre hindouistes, sikhs et musulmans. En janvier 1948, Gandhi entame à Calcutta une grève de la faim destinée à stopper les massacres. Le texte de la réconciliation est signé.
Deux semaines plus tard, il meurt assassiné par un extrémiste hindou, laissant derrière lui une nation libre, mais bouleversée à jamais.
Le choix de la non-violence Gandhi est, avec Martin Luther King, la figure historique de la non-violence. Ses moyens d’action sont le jeûne et la désobéissance civile de masse. Il part à la rencontre des paysans, des mineurs, des ouvriers, pour leur insuffler sa foi en une société plus juste. Pour tenir tête à l’occupant, les opprimés doivent prendre conscience de leur propre humanité. Il s’agit de brandir « le courage tranquille et la dignité humaine face à l’arrogance raciste et à la force brutale ».
Gandhi sera parmi les premiers à combattre pacifiquement toutes les discriminations, qu’elles viennent de l’extérieur, comme l’occupant britannique, ou de l’intérieur, avec le système des castes. Agir mais aussi contempler Influencé par le jaïnisme, un dérivé de l’hindouisme, Gandhi se retire souvent dans son ashram d’Ahmedabad, dans le Gujarat. Il arrête alors son combat politique pour méditer et reprendre son travail d’introspection dans ce lieu où règnent en maîtres la quête de vérité, la non-violence, la chasteté, une diététique stricte, le travail manuel (Gandhi file la laine au rouet) et les prières. En véritable mystique,il a autant besoin de contemplation que d’action.
Il laisse derrière lui de nombreux textes de sagesse. La satyagraha, la voie de la vérité « La non-violence a pour condition préalable le pouvoir de frapper. C’est un refrènement conscient et délibéré du désir de vengeance que l’on ressent », expliquait Gandhi à ceux qui n’y voyaient que de la résistance passive. La satyagraha, la « voie de la vérité », consiste au contraire à combattre le mal en soi et à l’extérieur, mais sans l’alimenter.
Ce qui est visé n’est pas le résultat politique mais le but spirituel ultime, l’ahimsa, le « refus de nuire », la non-violence radicale et la bienveillance envers tout ce qui vit. Pour Gandhi, l’émancipation politique passe nécessairement par la libération spirituelle.
Durant toute ma vie, le culte opiniâtre de la vérité m’a appris à mesurer tôt la beauté du compromis
Gandhi
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