Rien n’est plus merveilleux que l’homme

Posté par othoharmonie le 7 juin 2014

 

La faculté d’adaptation rend l’esprit humain unique dans l’ensemble des espèces vivantes, rappelle Hubert Reeves.

C’est la phrase de Sophocle que répétait le choeur d’Antigone, il y a deux millénaires, en déclinant les prouesses des êtres humains. Cette admiration sans borne est reprise au XXe siècle par plusieurs physiciens, dont Einstein et John Wheeler, devant l’extraordinaire aptitude de l’intelligence humaine à déchiffrer le comportement de la nature. La physique quantique et la théorie de la relativité reproduisent, en effet, par calcul, certains résultats d’expériences de laboratoire avec des précisions supérieures à une partie dans un milliard ! Cette faculté rend l’esprit humain unique dans l’ensemble des espèces vivantes. Ses seuls compétiteurs connus sont le singe qui, rapporte-t-on, peut compter jusqu’à neuf et le corbeau qui peut compter jusqu’à sept.

Rappelons que, dans le contexte de l’évolution darwinienne, les facultés des êtres vivants se développent pour rencontrer les besoins d’adaptations aux conditions environnementales. Dans ce but, une certaine agilité à manipuler des images mentales est certes utile. Mais le même cadre explicatif peut-il rendre compte de l’apparition des prouesses fantastiques de l’esprit humain ? Question jusqu’ici sans réponse…

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Le génie humain est impliqué dans sa propre précarité

La discussion s’enrichit à faire remarquer que les mêmes fabuleuses facultés mentales étaient nécessaires pour déchiffrer le comportement intime de la nature et élaborer des bombes atomiques, sachant que celles-ci pourraient éliminer l’espèce humaine. Cette mise en rapport des mots de Sophocle avec ceux d’Einstein peut au moins nous faire constater que le génie humain est impliqué dans sa propre précarité. Il peut mener à sa propre élimination. Cela, Sophocle l’ignorait, et c’est le XXe siècle qui nous l’apprit.

Dans le monde vivant, un des critères de longévité est la capacité à s’adapter à des situations naturelles changeantes. Les espèces qui n’y arrivent pas périssent. Celles qui y arrivent, par des mutations génétiques ou autrement, survivent et perdurent.

Aujourd’hui s’ajoute à cela la nécessité de s’adapter également aux situations nouvelles créées par les humains eux-mêmes. La crise écologique contemporaine en est la manifestation la plus spectaculaire. Le génie humain est-il assez « merveilleux » pour résoudre cette crise ? C’est la question qui se pose aujourd’hui à nous avec insistance, provoquant notre inquiétude. Il ne s’agit de rien moins que de la survie de notre espèce…

Le Point.fr – MAGAZINE

 

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