Réconcilier le Soleil et la Lune
Posté par othoharmonie le 13 août 2014
Notre culture résiste à l’évolution. L’occident aime la vitesse et la vénère, et beaucoup de personnes se retrouvent en thérapie car elles vivent trop vite, n’ayant plus le temps d’assimiler leur vie sociale, d’enfoncer correctement le non-moi dans le moi puisque la durée met les deux en contact mais sans les réunir. La crise est donc une manière forcée d’en revenir aux changements décisionnels, qui aménagent l’usage du temps. Quand cette voix monte et dit je ne veux plus être ce qui m’arrive, (car c’est insupportable !) les pouvoirs supérieurs de l’esprit peuvent se manifester si la vulnérabilité est accueillie. Encore faut-il ne pas se braquer, et cette opération intérieure est parfois difficile, puisque certains ressentis psychologiques sont convaincus de la réalité absolue de la blessure. Si l’esprit ne va pas chercher plus profond des pouvoirs indépendants du non-moi, capables de s’abstraire de l’événementiel, les préjudices sont pris au sérieux avec une gravité indécrottable, comme si l’environnement seul avait force de loi.
L’horoscope va nous présenter un moi sensible, imprégné des constellations du contexte et du moment, le moi lunaire, qui trouve des choses «inadmissibles» et aiguise nos résistances vis-à-vis du Réel, c’est lui le responsable de la dictature du petit moi, avec ses indignations emphatiques qui n’améliorent rien. Le moi lunaire cache une sorte de moi fondamental, en amont des événements, et qui non seulement ne se soumet pas à eux, mais peut les transformer. Or la prépondérance du moi lunaire et celle du moi fondamental, qui devient solaire par la sadhana, varie d’un individu à l’autre. Certains sont trop marqués par les événements, rien ne peut les en détacher. Ils vivent dans un monde d’attentes et de peurs. D’autres sont si centrés sur eux-mêmes qu’ils se jugent invulnérables, mais ils risquent de se scléroser dans de nombreux domaines, grâce à leur force sélective, leur autoritarisme, leur détermination étriquée.
Cette approche donne les mêmes résultats dans des traditions différentes, grâce à une longue pratique pour éviter les particularismes et retrouver la totalité psychologique dans la distribution des rôles des sept symboles. C’est l’ancienne théorie des correspondances qui a poussé très loin le raisonnement analogique, exprimé dans la célèbre formule d’Hermes Trismegiste, ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, par le miracle d’une seule chose, ce qui veut dire qu’une certaine lecture des événements révèle les principes qui les manifestent.
L’énoncé des structures psychologiques obtenues par l’horoscope ne permet pas de les transformer facilement mais il a le mérite de hiérarchiser pour chacun les difficultés existentielles, de pointer les prédilections et les aversions naturelles, et donc de révéler quels types d’événements seront accueillis ou rejetés selon leur nature — permettant ainsi un chantier de transformation. Ce qu’on appelle aujourd’hui un travail psychologique en thérapie, ou un travail de détachement sur le chemin de la quête. Les enjeux surgissent naturellement et il suffit de percevoir la nature énergétique codifiée dans l’horoscope pour dévier la fatalité. Certains «programmes» existentiels se dessinent. Et s’il y a bien deux choses qui comptent pour tout le monde, c’est le soleil et la lune.
L’Or et l’Argent
Le soleil renvoie au moi proprement dit, en dehors du temps, la lune renvoie à la manière sensitive dont le non-moi, l’altérité suprême, est captée par le moi dans la succession des instants. Ces considérations sont en fait très importantes, car les individus peinent à guérir ces deux fonctions qui prennent les coups en première ligne. La fonction solaire se soucie de l’identité intemporelle, du moi qui résiste au passage de la durée, qui s’imagine immuable à tort ou à raison, et qui veut et qui sait se représenter à lui-même en s’abstrayant de la succession temporelle — c’est l’or naturellement. La fonction lunaire au contraire s’occupe de traiter l’événementiel et de le ressentir, de relier l’éphémère au moi stable, et cela devrait être, en principe, de la qualité de l’argent. J’ai observé qu’on peut guérir facilement le soleil ou la lune blessés, mais rarement les deux à la fois. Pour guérir les deux, le yin et le yang doivent se réconcilier, alors qu’ils auront perdu leur complémentarité quand le choc ou la crise se produit.
Certains viennent à bout des émotions préjudiciables engendrées par un choc, et croient tourner la page facilement, mais leur identité peut rester blessée. Une blessure profonde, dite narcissique, laisse une plaie qui traîne à devenir cicatrice. Cela concerne les individus forts, qui ont une image d’eux-mêmes précise et indépendante des événements, et qui aiment manipuler le temps, qui ont horreur de se décevoir, qui se sentent capables d’imposer à leur vie leurs décisions, en confondant leur vie et la vie. L’orgueil, la vanité, l’amour-propre, les aident à s’enraciner, aussi feignent-ils souvent d’avoir résolu un problème car ils l’ont réglé dans le monde extérieur. Mais les traces subsistent dans le monde intérieur, comme si le fait de s’être déçu eux-mêmes était impardonnable. D’autres, au contraire, peu marqués par les qualités yang, détermination, volonté, ambition, dynamisme, mais sensibles à l’instant et meubles devant l’événementiel, ne sentent pas leur identité entamée par une grosse épreuve car ils n’y tiennent pas autant que cela vu qu’ils s’abouchent toujours au non-moi et lui font confiance, mais en revanche ils traînent longtemps, trop longtemps, les souvenirs traumatiques. Le passé revient, à intervalles réguliers, comme de la mémoire vivante agressive, leur rappeler une faille, une blessure, ou seulement un choc dont ils ont été victimes.
extrait du Traité d’alchimie vu sur : www.supramental.fr – Le site de Natarajan
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