Comment éviter les conflits
Posté par othoharmonie le 16 août 2014
Propos recueillis par Patricia Gandin
ELLE Magazine. Vie privée
Entretien avec Paule Salomon
Il suffit d’une peccadille et les reproches fusent. Les mots font mal, les insultes démolissent. Au prochain sujet de discorde, on aura une raison de plus de » démarrer » ou quart de tour et de râler encore plus fort, avec les rancoeurs qui s’accumulent. Alors, les crises se multiplient, toujours plus vives, toujours plus blessantes. Et l’on se prend à douter d’aimer encore quelqu’un qui nous comprend si peu, qui nous traite si mal. Dans la partie adverse, c’est sans doute le même constat. Attention, rupture en vue ! Pour tenter de l’éviter tant qu’il est encore temps, voici ce qu’il faut savoir, selon Paule Salomon, philosophe, auteur de » Le Sainte FoIie du couple » (Albin Michel) et qui organise des stages de connaissance de soi.
Pourquoi le conflit s’envenime-t-il ?
Parce que nous possédons, tous deux, la même certitude: « J’ai raison, tu as tort ! » Nous entrons alors dans un système d’accusations réciproques, car nous sommes en. proie à l’influence des deux personnages qui demeurent en nous l’enfant vulnérable, soumis à l’obéissance, que nous avons été, et le parent, autoritaire et protecteur, dont nous gardons le souvenir. Dans le couple, celui qui est attaqué perçoit l’assaillant comme un parent qui lui adresse un reproche. L’enfant qui est en lui se sent blessé et va chercher son parent pour se protéger et rendre les coups. L’autre en fait autant. Le conflit s’inscrit alors dans une sorte de – 8 -, à l’infini.
Comment échapper à ces rôles pièges ?
En ayant plus confiance en soi pour ne pas se sentir blessé, nié, remis en question ài la moindre attaque. Si le sentiment de sa propre valeur ne s’est pas suffisamment constitué tout au long de l’enfance et de l’adolescence, on arrive très vulnérable dans la relation amoureuse, puisqu’on imagine exister seulement par le regard de l’autre. Autrement dit, nous ne sommes pas sortis de l’enfance, nous n’avons pas dépassé le « J’existe parce que tu m’aimes » adressé à la mère qui nous nourrit et sans qui nous mourrions. Devenir adulte, c’est pouvoir dire : « j’existe parce que je m’aime « . Ce but atteint, nous sommes moins ébranlés par des jugements négatifs, et donc moins tentés de riposter.
Pourquoi est-ce le plus souvent l’homme qui malmène la femme ?
Parce que nous sommes héritiers d’une conscience collective qui influe sur nos comportements. Depuis des millénaires, nous vivons dans une société patriarcale, où l’homme est dominant et la femme dominée. Bien que les choses aient un peu évolué en surface, le fond est toujours le même : à l’homme le pouvoir de décision, de rayonnement. A la femme de répondre à ses désirs. Mais la soumission, c’est abandonner ses désirs propres, sa personnalité, se nier. Enfin, l’homme reste souvent prisonnier de l’influence maternelle. Il voit dans sa compagne la femme et la mère qui ‘doivent tout lui donner. Peu d’hommes apprennent à passer des bras de leur maman aux bras de leur compagne.
Comment le leur apprendre ?
En n’acceptant pas de vivre en couple avec quelqu’un qui n’aurait pas su se ménager trois ou quatre ans de vie autonome auparavant, pour apprendre à tenir debout tout seul.
Que faire lorsque vous êtes victime d’une attaque ?
1. Respirez un bon coup, car il ne faut pas nier que ça fait mal.
2. Résistez à la tentation de vous jeter à corps perdu dans là bataille, en répondant oeil pour oeil, dent pour dent.
3. Evitez aussi de neutraliser carrément l’autre d’une flèche assassine. Tant qu’il y aura un dominant et un dominé, le couple sera toujours bancal, donc fragile. Il faut passer de l’amour du pouvoir au pouvoir de l’amour.
4. Faites preuve d’humilité, en acceptant de vous remettre en cause. Mentalement, pour ne pas perdre la face.
5. Tempérez votre émotion en vous pénétrant de cette certitude : votre agresseur cherche la bagarre parce qu’il se sent menacé, parce qu’il croit perdre son pouvoir. C’est lui qui est en position d’infériorité, pas vous.
6. Alors seulement, exprimez-vous en confirmant, en intégrant les propos tout en les laissant dans la bouche de l’autre:
« - Tu estimes que je suis égoïste.
Tu te sens blessé. Peut-être as-tu raison!.. » (jamais: Moi, égoïste ? « , etc.)
7. Promettez: « je vais réfléchir à tout cela. » Cette attitude conciliante désamorce la tension sans que vous lâchiez vraiment du terrain.
8. Quelques jours plus tard, vous pouvez revenir sur la question, si possible avec humour. Votre message personnel passera doucement. Mais sûrement.
Propos recueillis par Patricia Gandin ELLE Magazine. Vie privée
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