L’homme et son compagnon

Posté par othoharmonie le 23 octobre 2014

 

téléchargement (2)Il était une fois un Homme qui avait une vie très occupée – peu de temps pour lui-même, toujours pris par son travail et par d’autres personnes. Jusqu’à ce qu’il décida qu’il ne voulait plus continuer ainsi et se mit à chercher un conseil. 

Le maître qu’il a consulté lui a dit: “Demandez à un philosophe de vous accompagner”, et c’est ce qu’il fit. Ils marchèrent ensemble dans la vie – le Philosophe et l’Homme. Ils parlèrent beaucoup de la vie et de la mort, de l’origine et de la destinée, du bien et du mal, de la parole et du silence. L’Homme apprit beaucoup de choses profondes auxquelles il n’avait jamais pensé avant. Mais le temps passant, il découvrit que sa tête devenait tout aussi remplie qu’elle avait toujours été et il quitta le Philosophe.

Une fois de plus il consulta le maître. Celui-ce répondit: “Demandez à un enfant de vous accompagner.

Vous vous détendrez”. L’Homme trouva une charmante petite fille qui était justement en vacances et elle aimait à se promener avec l’Homme. Et comme l’Homme était bon, ses parents n’ont pas fait d’objection. Ils marchèrent à travers les champs pendant des jours et des semaines et l’Homme se rétablit grâce à sa joyeuse petite compagne. L’Enfant à son côté a fait revivre l’enfant dans son âme et il apprit à être heureux et à danser de nouveau. Il apprit aussi à pleurer. Toutefois, le temps passant, il remarqua que l’Enfant recevait tout son amour et toute son attention mais qu’il ne se retrouvait pas encore lui-même. Aussi ramena-t-il l’Enfant à ses parents. 

Un fâcheux compagnon

Irais-je encore une fois voir le maître pour lui demander conseil?, se demandait-il. Mais il rejeta cette idée car il avait deux fois reçu un conseil qui ne lui avait pas procuré ce qu’il cherchait. Et il partit tout seul, complètement seul, ayant pour seul compagnon, Silence. Ce fut d’abord une aventure effrayante et solitaire, et garder le silence fut un plus lourd fardeau que tout le bruit de sa vie antérieure. Il fut tenté de retourner à son ancienne existence avec tout ce monde et ce travail, et de se séparer du Silence. Mais il a réalisé que ce ne serait pas la solution car le Philosophe lui avait appris qu’il y a plus dans la vie que le travail et les autres. 

Et l’Enfant avait éveillé son amour et ses préoccupations et ses larmes.

Et donc il ne pouvait rien faire de plus que continuer avec ce fâcheux compagnon: Silence. Il ne  s’entendait pas vraiment bien avec lui mais ne pouvait pas non plus s’en passer. Et ils se traînèrent donc ensemble, silencieux et mal à l’aise; sa présence le déprimait. 

Pourtant, après quelques temps, il s’est passé quelque chose d’étrange. Une nuit, il s’est éveillé en entendant parler quelqu’un. Mais à part son compagnon Silence, il n’y avait personne. Et pourtant il ne l’avait pas imaginé! Silence peut-il parler?, se demandait-il. Heureusement, ses promenades avec le Philosophe n’avaient pas été vaines. Il lui avait dit un jour: “Le seul langage qui a un sens vient de la bouche du Silence”. 

Et il a donc écouté et écouté pendant des heures, pendant si longtemps que le temps cessa d’exister.

Il écouta ce que son compagnon Silence avait à lui dire. 

Un chant tout à fait nouveau

Quand finalement ils continuèrent ensemble, il n’avait pas fini de lui parler et lui n’avait pas cessé d’écouter. 

Mais en écoutant, sa tête ne s’est pas remplie comme avec le Philosophe. Au contraire, son cerveau est devenu large et clair et très concentré. Son sommeil même était détendu et c’était probablement le plus grand miracle. Mais malgré cela, il se réveilla encore une nuit. Et parce qu’il n’y avait pas âme qui vive à des kilomètres, ce devait être encore son compagnon Silence. Sa voix était toutefois différente, elle résonnait comme une coquille mélodieuse et c’est pourquoi il ne l’a pas tout de suite reconnue. Il chantait, chantait et son chant était tout à fait nouveau. Parfois il le remplissait de joie et d’excitation et puis après il pleurait à chaudes larmes d’une vieille blessure, tout ce que l’Enfant lui avait appris. Le Silence peut-il chanter?, se demandait-il. Il y mit toute son attention et amour, mais ces sentiments non seulement sortaient de lui, comme avec l’Enfant, mais ils retournaient vers lui, purifié et calme. 

Elles n’avaient pas été en vain, ses promenades avec l’Enfant qui lui avait dit que Silence peut chanter et danser et rire et pleurer. Et il a donc continué à écouter son compagnon bien plus longtemps qu’un tour d’horloge. Il en était tellement absorbé qu’il était redevenu comme un enfant. 

Quand enfin ils ont continué, ils étaient inséparables, main dans la main, pour la vie. Parce que Silence avait trouvé quelqu’un qu’il cherchait depuis longtemps: quelqu’un à qui parler. Et l’Homme avait trouvé quelqu’un qui lui avait appris ce que très peu peuvent accomplir: à écouter, aussi à s’écouter lui-même. 

UMOFC Newsletter août 2000

Laisser un commentaire

 

katoueluv |
jeanneundertheworld |
darkangelusmag |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | debbyka
| nouvelles du front ... en a...
| Les ateliers d'Anissina Tur...