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Créer son système magique

Posté par othoharmonie le 29 novembre 2014

 

Les symboles du passé et du présent…

SI comme moi vous désirez développer votre propre système magique, il convient de vous pencher sur votre passé et notamment votre enfance. Pourquoi ? Parce que le meilleur support

pour votre système magique personnalisé,  c’est votre vie, les symboles qui l’ont marquée et qui vous font vibrer. Ce sont les clés de votre monde, de votre Être, de votre magie.

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Quand je pense à créer mon système magique, je vise à construire quelque chose qui me correspond à 100%. C’est finalement, pour moi, la vraie différence avec un système dit «traditionnel» où l’on s’adapte à un existant. On cherche des  choses en nous qui rentrent en résonance avec les concepts, puis on les «calque» dessus. On fait les liens mentaux et spirituels nécessaires, un peu comme l’on traduit un langage étranger en notre langue maternelle. La langue de l’Être. 

Créer son système magique implique, majoritairement, que l’on part de soi, on fonde de zéro sur des bases symboliques qui nous sont propres. Et à moins que vous ne soyez né(e) dans une famille possédant une bibliothèque remplie d’ouvrages ésotériques, vous avez plutôt grandi avec des symboles plutôt exotériques. Concrètement : des films, des livres, des jeux vidéo, des faits marquants de votre vie, vos rêves, vos cauchemars, etc. Je suis convaincu que tout ce qui fera de nous des praticiens efficaces est en nous et à chaque instant de notre vie, depuis ses débuts. C’est la culture de l’Être, vous avez en vous les graines qui ne demandent qu’à germer, si vous décidez de les faire passer de l’ombre à la lumière… 

Mais ce ne sont que des films / jeux / livres…

Ils sont bourrés de symboles qui vous ont ému, marqué. Ce qui est lié à l’émotionnel, est très probablement lié au plan Astral, par exemple. Plus encore, ce sont ces évènements, ces choses qui vous ont aidé à devenir ce que nous sommes aujourd’hui. N’est-ce pas la meilleure preuve qu’ils ont un fort potentiel ? Combien d’entre nous (de ma génération, 90) ont été influencés, par exemple, par les films de Tim Burton, les Disneys, ou encore des jeux comme les Final Fantasy, Zelda, et autres ? Et plus anciens, mais non moins inévitables, les contes et légendes (Grimm par exemple) ? 

Les artistes qui sont à l’origine de ces oeuvres sont influencés, consciemment ou inconsciemment, par des symboles de leur esprit. Pour moi, la création artistique est une manifestation des énergies extérieures ou intérieures. Je ne crois pas une seule seconde que toute oeuvre artistique soit le résultat d’un vide énergétique. Derrière ces symboles, il y a de l’énergie, des mondes/sphères énergétiques, voire des entités, qui cherchent à s’exprimer, à  exister. Personnellement, je ne doute nullement de leur influence, de leur existence et de leur « utilisabilité ». 

Il faut ajouter à cela les effets du phénomène égrégorique (voir la vidéo de Vincent Lauvergne qui explique ce qu’est un égrégore et son atelier sur comment en concevoir un). En effet, je pense  par exemple au monde de Tim Burton, des millions de personnes l’utilisent, le reconnaissent aisément. Le monde de Tim Burton continue d’inspirer des milliers d’artistes qui contribuent à augmenter le potentiel énergétique de ce « monde énergétique », tout comme les fans. Et aujourd’hui, les symboles qui découlent de ce qui n’était qu’une simple vue d’artiste, peuvent être bel et bien utilisés en magie, peu importe que certains trouveront cela peu sérieux voire ridicule. Je vous invite à essayer, faîtes-vous votre propre opinion, je suis certain que vous serez très surpris des résultats…

 Le monde est composé d’énergie. Le monde est infini, c’est un agglomérat de mondes et de sphères d’énergies dont nous sommes plus ou moins les architectes.

 Leur utilisation dans votre système 

Dans ma vision de la création d’un système magique, nous pouvons utiliser plusieurs choses pour structurer notre magie. Des archétypes / valeurs : j’ai eu l’occasion de travailler avec des archétypes magiques (gloire, force, justice, peur, mort, etc.) et j’ai eu des résultats étonnants avec. C’est Le livre des pouvoirs, de De Thanateros, Frater Luminis Negri qui m’a donné de bonnes méthodes pour les utiliser en magie. De par leur « neutralité culturelle » et leur universalité, les archétypes peuvent être conjugués avec tous les systèmes magiques, dont le vôtre. Ils peuvent être personnifiés de la manière dont vous le désirez, ce sont des alliés précieux et efficaces. Par exemple : quel personnage symbolise le plus la force pour vous ? 

Les sphères/mondes énergétiques : prenez un monde énergétique (l’univers d’un film par exemple, ou d’un artiste) et essayez de le décrire. Que vous évoquent-ils ? Quels aspects positifs pouvez-vous en tirer ? Quels sont leurs éventuels aspects négatifs dont vous devrez vous méfier (ou utiliser à des fins plus borderline…) ? 

La musique : à chaque instant de notre vie, des musiques nous accompagnent. Il nous arrive souvent, d’ailleurs, d’associer la découverte d’une musique à un moment de notre existence, à une épreuve. Plus encore, certaines musiques manifestent chez nous d’incroyables ressentis.

Ce sont d’excellents outils, pour se connecter à nos souvenirs et à des énergies avec lesquels nous avons un lien particulier. Les odeurs : combien de fois vous êtes vous dit que ce parfum vous rappelle un moment de votre vie ? Faites une petite liste des senteurs qui vous évoquent des souvenirs ou des sensations claires. Utilisées pendant un rituel, elles pourront stimuler vos visualisations et renforcer vos actions, de la même manière qu’un encens spécifique, relié au travail que vous effectuez. Des objets : nous avons tous des objets insolites qui ont marqué notre enfance et qui peuvent servir de connexion avec des ressentis ou des souvenirs de votre passé, qui pourront vous aider dans votre pratique. Est-ce qu’il y a également des objets qui sont pour vous la manifestation concrète d’un symbole ou d’un archétype ? (exemple : une épée pour la notion de force, une balance pour la justice). N’hésitez pas à les recenser pour les utiliser dans vos rituels. En association avec les classiques athamés, coupes, baguettes, cela renforcera les possibilités et les effets…

Comment les découvrir ? 

Comme dans tout chemin spirituel, l’introspection est la clé de son développement. «Connais-toi toi-même» est un très bon credo. D’autant plus si l’on souhaite développer son système basé sur nos ressentis et principalement le symbolisme de notre inconscient ! 

Je vous conseille donc de faire une synthèse de différentes choses qui rentrent en résonance avec vous :

- Des valeurs et archétypes qui correspondent à votre personne

- Des symboles ésotériques ou exotériques avec lesquels vous vous sentez à l’aise

- Des mondes/sphères énergétiques que vous avez envie de découvrir (exemple : le monde artistique de Tim Burton)

- Des entités/personnages qui vous ont marqué et avec qui vous voudriez travailler

- (Complémentaire) Des musiques qui vous évoquent les éléments ci-dessus

- (Complémentaire) Des senteurs/parfums en relation

- Toute autre chose qui vous aidera à vous connecter à ces symboles   

 Petits conseils / avertissements nécessaires

Je pense nécessaire de préciser certaines choses à propos de cette démarche de conception   d’un système personnel. Des avertissements qui s’adressent surtout à un public débutant dans le domaine de l’ésotérisme. 

* Conservez votre esprit critique : nous avons tous eu des « grands moments de révélation », ou des ressentis tellement importants que nous les avons potentiellement mis sur un piédestal, telles des vérités absolues. Même chose pour les « messages d’entités ». Il convient de toujours avoir un recul sur nos ressentis, de les méditer et de les approfondir pour s’assurer que l’on ne s’appuie pas sur une branche qui menace de craquer. Quand on crée un système magique cohérent, on s’appuie sur des bases solides. 

Le recul, le doute, l’esprit critique et la raison sont vos gardes-fous, ils sont ceux qui vous garderont de vous enfermer dans votre monde et potentiellement dans des illusions qui peuvent avoir raison de votre équilibre mental. Si vous avez besoin d’exemples, il y en a suffisamment chez des occultistes modernes reconnus qui ont finit en asile psychiatrique, ou qui sont morts dans des conditions pour le moins… étranges. Explorer votre inconscient et travailler avec les énergies n’est pas un jeu; gardez-cela en tête. 

* Gardez les pieds sur terre : un bon ancrage est ess-en-tiel dans ce travail. Cela veut dire, sortir s’aérer la tête, vivre sa vie physique, passer du temps avec vos proches et vos amis, vous vider la tête. Faire des activités hors-éso. Travailler votre connexion avec les énergies terrestres, matérielles, qui vous éviteront de vous replier sur vous-même, dans votre monde et de vous faire perdre le sens des réalités. Une vie équilibrée est le cadre idéal d’une spiritualité épanouie. 

* N’imposez pas votre système comme une vérité absolue : gardez en tête que votre système est construit sur-mesure par vous et pour vous. D’autres personnes arriveront aux mêmes résultats que vous avec d’autres méthodes. Il marche du tonnerre pour vous ? Grand bien vous face ! Mais ne soyez pas prétentieux en hurlant sur les toits que votre système est la référence absolue. En plus d’être faux, ce serait un bel exemple d’immaturité. Respectez les croyances des autres et les plus intelligents d’entre eux respecteront les vôtres. Il n’y a pas de mauvais système, il y a surtout de l’incompréhension entre les utilisateurs. Seuls les résultats comptent. 

Soyez humbles et respectez donc le credo du magicien : savoir, vouloir, oser, se taire. * Créer son système magique est le travail de toute une vie : concevoir quelque chose d’assez solide pour être exploité nécessite beaucoup de travail. Un travail dans la durée, régulier, qui nécessite beaucoup d’investissement, de recherches, de tests pratiques. Tout s’affine et se complète avec le temps, votre parcours de vie. Si vous pensez qu’en quelques heures de travail vous allez avoir quelque chose IMGP3254 (Copier)d’exploitable, vous allez être très déçu ! ne vous découragez pas de voir qu’il y a toujours des zones d’ombres, des incertitudes et des doutes sur votre système. Concentrez-vous sur les résultats obtenus, améliorez votre système au fur et à mesure. Aucun chercheur n’a  trouvé la bonne formule du premier coup, mais après des tests, des erreurs et des analyses qui ont fait avancer le tout. Pardonnez-vous vos erreurs, car si vous y mettez votre coeur et de la bonne volonté, vous verrez que le travail paie toujours; et ne vous motivera que plus pour  continuer !

* Pratiquez, pratiquez, pratiquez : le meilleur conseil que l’on ne m’ait jamais donné. La théorie

ne suffit pas, la pratique est le seul moyen d’éprouver votre système et de l’améliorer. N’hésitez pas, ne soyez pas paranoïaques sur les éventuels risques (à vous de bien vous préparer et ne pas faire n’importe quoi n’importe comment) et vous y arriverez !

 

Retrouvez les articles d’Aldénor Aube-Ardente sur son site : http://www.aube-ardente.fr

 

 

Publié dans Créativité, PENSEE MAGIQUE - LEITMOTIV et RITUELS | Pas de Commentaire »

La porte et son symbole

Posté par othoharmonie le 29 novembre 2014

 

Celtic-trompe-loeilLa porte se distingue de toutes les composantes ordinaires d’un paysage. On la remarque, on la cherche, elle balise notre regard. 

On sait qu’on devra en passer par là. Elle coïncide avec les limites et fonctionne stratégiquement avec elles. Une porte seule, dans le vide, apparaît comme le point unique du franchissement. Passage approprié, naturel ou tactique. La porte organise l’espace et marque le temps. 

 L’incitation au passage oblige ensemble le corps et l’esprit. L’un s’acquittant du mouvement, l’autre du sentiment d’accéder à l’inconnu. Se questionner sur la porte, c’est travailler sur la définition de l’espace sacré, sur le dedans et le dehors pour ainsi prendre conscience que cet élément d’architecture reste un élément majeur et incontournable. Percevoir au présent les deux directions du temps est un don offert à Janus par Saturne chassé de l’Olympe en remerciement de son hospitalité dans le Latium. 

Cette faculté conduit naturellement Janus à présider au destin des Portes. Celui au visage ridé regarde le soleil décliner au fil des jours, au solstice d’été, celui au visage jeune tourné vers la remontée du soleil, au solstice d’hiver. Janus était craint et respecté comme étant le maître du temps qui détruit ce qu’il a produit. Il était considéré comme le gardien des portes célestes, celles qui ouvrent le chemin vers la Lumière, devient le guide des âmes en quête d’un chemin. Il était paré des emblèmes du portier : le bâton et les clés. 

Dans la vieille Étrurie, « janua » désigne la porte domestique, « janus » un passage à double entrée, « januarius » le premier mois de l’année. 

À Rome, le temple de Janus ouvrait ses larges portes en temps de paix, les fermait en temps de guerre. Si l’on retourne aux premiers versets de la Bible, au chaos initial dont Elohim a tiré  successivement, en quelques jours, les couples Ténèbres/ Lumière, Terre/Ciel, etc, on s’aperçoit que tandis que le Temps fut immédiatement mesuré et partagé en jour et nuit, puis en semaine, l’Espace, lui, demeurait infini, sans limite, un immense territoire de montagnes, de plaines, d’océans peuplés de plantes et d’animaux. Elohim ne s’est pas occupé de partager l’Espace. Il a laissé aux hommes cet espace terrestre : à eux d’en faire ce qu’ils voudraient. 

Les hommes groupés en tribus se sont installés ici ou là. Impressionnés par les forces de la Nature bienfaisante, ou malfaisante (le Soleil, la Pluie, la Tempête, les frimas…) ils ont délimité des espaces sacrés pour rendre grâce ou amadouer ces divinités capricieuses. Au début du Paléolithique supérieur, l’homme préhistorique, observant le soleil sortir de la terre le matin et y rentrer le soir, constata vite qu’il le faisait en des points différents, que le chemin parcouru dans le ciel est différent chaque jour, qu’il ne brille pas avec la même force et la même durée, que cela varie selon les époques et que les jours et les nuits n’ont pas la même longueur sauf à quelques moments qui reviennent périodiquement. Il remarqua également que le soleil éclaire et réchauffe le jour, qu’il chasse l’obscurité et qu’avec la lumière disparaissent les dangers de la nuit et les angoisses des ténèbres. 

Cela étant, du soleil, l’homme en fit un Dieu et il chercha à en prévoir la venue. Il commença à repérer, d’abord avec des cailloux, puis des bâtons, puis encore des pierres levées, les positions des levers et des couchers de soleil. Il érigea ensuite des colonnes aux positions extrêmes, deux pour les levers et deux pour les couchers. En observant les saisons, l’homme primitif créa sans le savoir les portes solsticiales, mais il comprit vite que les solstices sont à la fois des limites et des portes. Cette assimilation, et les fêtes qui les accompagnent remontent aux traditions les plus reculées de l’humanité et sont communes à tous les peuples anciens et à tous les cultes. 

L’espace commence à se géométriser au sens étymologique du mot, au sens où l’arpenteur est un géomètre, un mesureur de terre. Ainsi, cette géométrisation favorise et entraîne la  sacralisation des choses. Le temple est consacré parce que bien délimité, coupé du monde extérieur. Il est un centre et un axe qui stabilise le groupe. L’espace, une fois clos, détermine un dehors et un dedans, un extérieur et un intérieur (et quand il s’agit du Temple, le profane et le sacré). Ainsi, chez les grecs s’opposaient Hestia et Hermès. À Hestia, le dedans, le fixe, la maison : à Hermès,  le dehors, le mobile, les chemins. Ce n’est pas un hasard si le dedans est symbolisé par Hestia, une déesse, et le dehors par un Dieu, Hermès. 

Biologiquement, la femme dont l’énergie reproductrice est interne valorise l’intime, le refuge, la protection, la maison. L’homme, au contraire, dont l’organe reproducteur est externe, valorise l’extérieur, l’exploration, la chasse, la défense de son environnement. 

Il n’y a pas de porte sans seuil. Il ouvre d’un côté sur le passé, de l’autre sur l’avenir. C’est un petit espace qui précède la porte. Sur le seuil nous ne sommes plus tout à fait dehors et pas encore dedans. C’est un espace de liaison entre les deux. Cette notion de dehors/dedans est une notion duelle (comme extérieur/intérieur) car l’une des parties n’existe que dans sa relation avec l’autre et par rapport à un lieu déterminé. C’est à partir de ce moment où il y a un lieu clos par une porte qu’il y a un seuil. Car la porte et le seuil sont liés bien évidemment puisque c’est par la porte que se fait le passage du dehors au-dedans et vice versa. 

Quand il s’agit d’entrer pour la première fois dans un lieu sacré, l’aventure, l’imprévisible se situe à l’intérieur, de l’autre côté de la porte. Sur le seuil, on est pris d’angoisse à l’idée de s’engager dans un monde clos, d’avoir à répondre de soi, de participer, de perdre ce que l’on croit être sa liberté ou une partie de sa liberté. Le seuil est lié à la notion de passage, en quelque sorte d’initiation (du latin initium, qui veut dire entrée). Tous les rites sont des rites d’entrée, du passage dehors/dedans et non l’inverse. C’est qu’entrer dans un lieu fermé est une sorte d’intrusion qu’il importe d’annoncer, de rendre bienveillante et acceptable, qu’il s’agisse d’un lieu sacré ou d’un lieu profane. Ces rites permettent de passer du profane au sacré en respectant leur étanchéité. 

Le monde profane, est un monde de substances stables dont nous connaissons la matière, le  fonctionnement, les règles. Le monde sacré est un monde d’énergies mystérieuses dont nous saisissons mal le sens, les finalités. Certaines choses, certains êtres, certains espaces, certains temps lui appartiennent. 

Pour progresser, il ne suffit pas de transgresser les règles et les lois. Il faut « se transgresser » soi-même, se dépasser. C’est l’enseignement que nous proposent d’innombrables mythes et contes ou le héros affronte les monstres gardiens des seuils, symboles agressifs  des interdits. Ils provoquent a la transgression, mais aussi a la domination de la peur, au courage, a l’abnégation. C’est face a ces dragons, serpents a sept tètes, cyclopes, méduses, ogres, sorcières de toutes sortes que le sujet fera ses preuves, donnera la mesure de ses capacités d’intelligence, de force physique et morale, d’ingéniosité. Le faible sera terrassé par la bête : le fort, vainqueur, aura progressé dans l’amélioration de lui-même. 

Les monstres sont aussi gardiens de trésors, signal du sacré. Accroupis au seuil des lieux sacrés, ils veillent. Que ce soient les Pommes d’Or des Hespérides, dans les douze travaux d’Heracles/Hercule, la Toison d’Or de Colchide ravie par Jason, ou tous les trésors de perles et de diamants de la terre, tous sont gardés par des monstres. Et peut-être faut-il considérer le Serpent de la Genèse comme le monstre gardien de l’Arbre de la Connaissance, un gardien pervers qui au lieu de rugir ou de cracher des flammes, séduit, pour mieux triompher. Les voies de la richesse, de la gloire, du savoir, de l’immortalité sont très bien surveillées : on ne s’en empare pas facilement : il faut en être digne, se dépasser. 

Toujours associé au seuil et a la porte, le monstre relevé aussi de la symbolique du passage. Il dévore le vieil homme pour que naisse l’homme nouveau. Le monde qu’il garde ici n’est pas celui des biens matériels mais plutôt le monde intérieur et spirituel auquel on n’accède que par une transformation intérieure. 

Tout être traverse les ténèbres avant de découvrir la Lumière. L’initiation comme la mort, comme l’extase mystique, comme la grâce de la foi équivalent a un passage d’un mode d’être a un autre et opèrent une véritable mutation de la personne. En somme c’est le moment de réflexion qui impose un choix, une décision car on ne demeure pas sur le seuil… Un pas de plus et c’est le passage, l’initiation à l’autre, à l’ailleurs, a l’autrement. La porte est la devant nous, il suffit de tirer la bobinette et la chevillette cherrera. Le seuil, la porte, le passage sont si liés entre eux qu’il est difficile de les séparer comme on démonterait un objet en ses différentes pièces. Ce que nous avons dit du seuil peut se répéter pour la porte car elle se présente aussi comme une limite, une frontière. Mais elle est plus que cela et, en y réfléchissant, d’autres thèmes se précisent qui prolongent et enrichissent la réflexion. 

En architecture, les portes sont toujours l’objet d’une attention particulière. Elles annoncent la nature, la fonction et même le statut social du bâtiment. Selon qu’elle est fermée, ouverte, entrouverte, fermée a clé, battante, une porte est, sans changer de nature, présence ou absence, appel ou défense, perspective ou plan aveugle, innocence ou faute… 

L’homme qui le premier bâtit une hutte créa un espace limité, distinct de l’illimité du reste du monde. En perçant une porte, il créait une communication entre le dehors et le dedans, entre l’extérieur et l’intérieur. La porte fermée est mur : ouverte, elle devient issue, accès, passage. Elle se métamorphose sans cesse, tantôt apparaissant solide, infranchissable, tantôt glissant dans ses gonds, elle s’efface, disparaît pour laisser passage. Elle apparaît et disparaît jouant de la métamorphose mécanique suivant les besoins.

La porte peut s’ouvrir et se fermer : c’est sa fonction. Les possibles ne peuvent être réalisés en même temps ; ils sont là en puissance, latents, mais en acte, un seul possible à la fois se réalisera en alternative avec l’autre. Le et entre ouvrir et fermer indique la complexité des fonctions de la porte, ses capacités possibles : le ou situe chacune d’elles en acte dans le temps. Le et le ou ne s’opposent pas ; ils indiquent des niveaux différents. 

Par contre, l’idée de dehors/dedans, soit séparé soit communiquant par la porte fermée ou bien ouverte, nous entraîne dans la dialectique des oppositions oui/non, je veux/je ne veux pas, ici et la… ici bas/ au-delà. Dans sa signification duelle, la porte, figure paradoxale, implique la coexistence des contraires et leur harmonisation dans le temps. 


Le fait de pouvoir jouer avec ces deux fonctions opposées, confère à la porte une grande richesse symbolique qui exprime à travers elle des sentiments et des espoirs. La clé qui verrouille et cadenasse la porte insiste sur le « fermé » ; la porte entr’ouverte, ouverte, grande ouverte nuance le degré de communication, d’accueil possible. L’entr’ouvert inspire l’hésitation, puis incite à la tentation, au désir.

Janus n’est pas la seule figure symbolique de la porte. Les chrétiens ont St-Pierre et la clé du Paradis. Tous ont pour mission de contrôler les entrées et parfois les sorties, de veiller à l’ordre établi, d’empêcher toute intrusion indésirable. Janus est à la fois le portier et le gardien : il contrôle, sélectionne et protège la porte. 

Avec le bâton, il chasse les intrus, avec la clé, il ouvre, ferme… mais peut aussi enfermer, retenir  prisonnier. Ainsi la porte étroite, celle qui nous fait plier les genoux, baisser la tête et resserrer le corps pour passer de l’autre côté de son battant, symbolise la difficulté du passage, d’un monde dans un autre. Mais elle évoque aussi le sablier : sa forme en deux vases égaux reliés par un étroit goulot montre l’analogie entre le haut et le bas. Sablier et porte nous invitent a méditer sur la fuite du temps, sur  l’éphémère. Nous ne faisons que passer dans l’infini du temps. A l’entrée et à la sortie de la vie, les portes entre le ciel et la terre, entre l’esprit, la matière et la chair, s’ouvrent. Au moment de la naissance, l’enfant est expulsé du ventre chaud et douillet. Son séjour aquatique terminé, c’est par un cri que le nouveau-né s’annonce dans le monde aérien. Première initiation. Première perte pour devenir un être distinct. Le prix à payer… la séparation d’avec le corps de la mère. 

Dans les litanies de l’Immaculée Conception, l’Église donne a la Vierge les épithètes de « Porte close d’Ezechiel », « Porte d’Orient », et « Porte du Ciel ». Marie est même parfois représentée, dans l’iconographie médiévale sous l’aspect d’une porte fermée (Stalles d’Amiens). La porte du Temple maçonnique est désignée sous le nom de « Porte d’Occident » : en effet, c’est à son seuil que le soleil se couche, c’est-à- dire que la lumière s’éteint. Au-delà, règnent les Ténèbres du monde profane. Pour les Alchimistes, la porte donne accès à la connaissance. Relation cherchée ou perdue, révélation, accès à la Lumière ou à la connaissance, il s’agit toujours d’une étape nouvelle, d’un changement de niveau, de  milieu, de vie. 

On termine quelque chose pour commencer autre chose : c’est l’initiation, le point de départ d’une expérience neuve. On a quitté un lieu pour en rejoindre un autre. Le passage est un mi-lieu, un entre-lieu, un tiers-lieu entre le départ et l’arrivée. Mais il est aussi un temps, un entre-temps, un tiers-temps entre la naissance et la mort. On passe d’un endroit a l’autre, d’un moment a l’autre, d’une question a l’autre… c’est toujours un passage. 

Le cycle des saisons toujours recommencé nous a familiarisé avec ces passages de l’automne/hiver/mort au printemps/été/vie… et puis on recommence. Nous savons que le grain sec et apparemment mort, enfoui dans la terre, renaîtra en moisson dorée ; que si le soleil meurt derrière l’horizon, il renaîtra demain, à l’aube. Mourir ici, renaître ailleurs. 

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L’année dans son rythme régulier et perpétuellement recommencé évoque le cercle ou l’Ouroboros grec, le serpent qui se mord la queue dont une moitié est blanche et l’autre noire symbolisant, selon les astrologues, les six mois masculins et spirituels (de l’équinoxe d’automne a celui de printemps) et dont le milieu (le  solstice d’hiver) est la porte des dieux, et les six mois féminins et matériels (de l’équinoxe de printemps a celui de l’automne) et dont le centre (le solstice d’été) est la porte des hommes. 

Chaque société fixe son 1er de l’an en fonction de son climat, de sa religion et cette date peut changer. Ainsi en Europe occidentale, jusqu’en 1564, l’année civile commençait à Pâques (le 25 mars) et, c’est pour évincer le culte de Mithra, dieu solaire fêté au solstice d’hiver, que l’Église fixa la naissance du Christ au 25 décembre. 

La vieille année s’en va avec un vieillard – le père Noël – tandis que naît la nouvelle année avec un enfant – Jésus – qui sera la Lumière. Dans la tradition des bâtisseurs, les porches et portails extérieurs ne représentent pas seulement l’entrée dans le monde céleste, le début du chemin, ils en révèlent également le mystère et l’accomplissement. 

La porte annonce ce qui est au-delà d’elle-même, si bien que réfléchir sur ce symbole demande de s’interroger sur la nature et la forme du temple que l’on veut construire. Parce que l’être humain naît inachevé, incomplet, imparfait, mortel, il avance dans la vie pas a pas, en se transformant, s’adaptant, se complexifiant. Pour franchir chaque étape, chaque seuil, il faut qu’il ait acquis une certaine expérience, une certaine maturité. La prise de conscience de la limite provoque un sentiment de crainte et de fascination, proche du sentiment du sacré. 

«Le rituel de passage canalise tout ce qui semble échapper au contrôle de l’homme» est tentative de maîtriser la transgression, une sorte de mise en scène dans laquelle l’interdit est approché mais de manière symbolique. C’est en passant de matrice en matrice par des portes successives que nous nous souviendrons de ce que nous sommes. Ces portes se font de plus en plus étroites, elles impliquent le dépouillement de tous les systèmes dans lesquels nous nous installons et dont nous nous rendons d’autant plus esclaves qu’ils sont cohérents et satisfaisants. 

Bien d’autres portes existent. Porte de l’imaginaire qui resserre l’espace visible dans la mesure de ses ouvrants, au point parfois de le rendre infime. Par le détournement audacieux de nos rêves d’enfants, Lewis Carroll en ouvre les portes inattendues. Portes éphémères qui existent le temps d’un geste ou d’une cérémonie, construites et déconstruites sur le rythme des calendriers magiques, messianiques ou solaires.

Portes du silence, le clic d’un judas, le frottement lourd sur le sol, un raclement ou le battement sur ses gonds, ces portes la s’ouvrent et se ferment avec fracas : à cause du silence ! 

Portes automates qui ont perdu leur âme et leur portier. Portes frontières, postes de guet, bastions pour surveiller les arrivants. Portes des cathédrales qui lorsqu’elles sont franchies rendent l’esprit et le corps soumis. On baisse la voix, ou même on se tait. Les sons se transforment en chuintements, ils tapissent les voutes et se perdent au pied des vitraux. Chacun prie ou essaie. Rien de plus mystérieux que le  recueillement. Il est impossible de savoir sur quelles dérives s’engage la petite nuit intime que chacun s’offre en fermant les yeux. La porte menant jusqu’ici ne serait-elle qu’un entonnoir de la pensée ? Une conduite forcée pour un passage facile dans l’au-delà ? 

Portes des sites sacrés devant lesquelles il nous faut demander la permission d’entrer. Certains livres sont aussi de véritables portes. On y trouve des paroles sésames qui arrivent au bon moment pour répondre a un besoin, pour éclairer une part de soi jusque là inconnue. L’oeuvre d’art ouvre elle aussi sa porte, par la création, sur l’au-delà des apparences en accueillant l’étincelle de l’émotion, de l’intuition et du rêve. 

Certaines encore, non palpables comme celles franchies par les mediums, porte ouverte sur un autre monde, sur un ailleurs dont on veut croire ou ne pas croire, sur un au-delà. Porte du temps où celui-ci n’existe plus. Et puis, les portes du coeur, par un mot, un regard, un sourire, porte étroite qui mené a l’amour divin. L’être s’épure pour n’être plus qu’un élan spirituel.

 

Pour terminer, je vous citerai un passage de l’Évangile de Thomas commenté par OSHO : « Il existe un tableau célèbre de William Hunt. Lorsqu’il fut exposé pour la première fois à Londres, les critiques posèrent une question. C’est un tableau de Jésus, l’un des plus beaux. Jésus se tient devant une porte fermée, qui semble close depuis une éternité car de l’herbe a poussé contre elle ; personne, semble-t-il, ne l’a ouverte depuis des siècles. Elle a l’air très vieille, défraîchie et Jésus se tient devant elle ; le tableau s’intitule – voici, je suis devant la porte – Il y a un heurtoir sur la porte, et Jésus a le heurtoir en main. 

Le tableau est magnifique, mais les critiques cherchent toujours l’erreur, tout leur mental se porte sur ce qui manque. Et effectivement, ils trouvèrent une erreur : il y a bien un heurtoir à la porte, mais pas de poignée. Hunt se mit à rire et dit – c’est une porte qui s’ouvre de l’intérieur ! – Jésus se tient devant la porte de l’homme, devant son coeur. Elle ne peut pas s’ouvrir de l’extérieur, toute poignée est donc inutile ; il n’y a qu’un heurtoir. La porte du cœur s’ouvre de l’intérieur. Jésus vient frapper à votre porte, mais vous vous mettez à penser. Vous n’ouvrez pas la porte ; au contraire, peut-être aurez-vous peur et vous la verrouillez davantage. Qui sait quelle sorte d’homme se tient dehors ? Il a l’air d’un clochard. Qui sait ce qu’il fera, une fois la porte ouverte ? Dès que vous ouvrez votre coeur, vous devenez vulnérable, vous n’êtes plus aussi à l’abri qu’avant. Et cet homme a l’air d’un parfait inconnu. Vous ne pouvez pas avoir confiance. C’est pourquoi lorsque Jésus se présente à la porte, vous le manquez. 

A la vérité celui qui a peur en vous, ce n’est pas vous. C’est l’égo, ce que vous avez accumulé du passé, votre identité. Cet égo qui va être totalement mis en pièces par cet étranger ».

source Lune Bleue

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