Terre et Dévotions
Posté par othoharmonie le 19 décembre 2014
par Lapetite
Ce texte est une traduction libre d’une contribution de Jessie Wolf Hardin parue dans «Cakes and Ales for the Pagan Soul» chez The Crossing Press. La contribution raccourcie et adaptée ici est disponible en version originale sur simple demande.
Si à première vue, le thème parait éloigné de la Faery, il n’en est rien, puisque qu’avec les fae et autres esprits ou animaux féeriques, une certaine dévotion, un certain amour et un certain regard, «vrai» et enfantin sont des aides précieuses pour les approcher et les aimer, autant qu’eux aiment ce que nous appelons la Nature. La dévotion nous emporte vers toujours plus de dévotion et toujours plus d’amour, mais il me semble que son absence nous déracine de la Déesse : nous ne pouvons-nous dire reliés à Elle si nous la célébrons seulement durant les solstices, les équinoxes et les pleines lunes.
La dévotion est une pratique que nous partageons avec l’univers, et c’est en fait la force fondamentale qui nous lie à cette tourbillonnante, explosive, exponentielle force présente en toute matière et à la base de toute vie. De la même manière que le soleil dévoue son énergie à la vie, au point qu’il se consume de lui-même, la vie elle-même devient une dévotion – de l’esprit et du coeur – avec ses propres lois, manifestations et expressions.
La dévotion demande d’avoir les mains dans le cambouis : si nous nous dédicaçons à notre vérité, nous n’avons d’autre choix que de la vivre et d’en parler. Se dévouer à la Terre, à la terre vivante, demande de l’effort – qu’il s’agisse d’un balcon ou d’un écosystème de plusieurs hectares ou d’une prière – et de faire de son mieux pour protéger, restaurer, maintenir, célébrer et ré-enchanter le lieu. Apprendre cette leçon s’est fait grâce par les particularités d’un certain endroit : le sanctuaire Sweet Medicine Sanctuary où il y a sept rivières, de la taille d’une grosse rigole qui circulent d’une belle eau, permettant à chaque éclat d’apaiser le mental et, pour nos corps, de s’initier à la conscience de l’endroit. Quand je suis arrivé dans cet endroit il y a 25 ans, et en prenant la décision de m’y établir, je renonçais à m’établir là où je l’avais choisi préalablement. En m’y arrêtant, à l’occasion d’une halte, je me suis senti de suite à la maison comme je ne m’étais jamais senti chez moi auparavant, dévoué à lui comme s’il avait été une âme soeur. J’étais arrivé. J’avais vendu ma moto, mon camion et même mon van de façon à payer l’achat d’un bien sans emprunt. Bien avant l’établissement du Sweet Medicine Sanctuary de résidents permanents ou de visiteurs, il y a avait juste moi : une âme esseulée, apaisant assez son mental pour pouvoir entendre et répondre à l’intention, à la volonté, à la chanson de ce si spécial canyon. A travers la ronde des saisons, je suis devenu de plus en plus conscient de ce qu’il y avait ici et de ce que j’avais à y faire.
J’avais été appelé dans ce canyon pour réparer les anciennes forêts et la vie sauvage, mais aussi conserver et protéger les sites cérémoniels. Je savais que le lieu m’enseignait quelque chose, et que je devais transmettre ce quelque chose à tous ceux qui avaient besoin de cette médecine. Nous sommes parfois attirés par une bio-région spécifique en même temps qu’un nouveau rythme ou une nouvelle façon de vivre mais c’est le lieu qui nous apprend la meilleure façon de le restaurer, de l’habiter, de l’honorer et surtout, comment faire de même pour nos propres terres intérieures, qui ont besoin de redevenir sauvages ; attirées vers l’intimité sans mot, sans narration à travers notre pouvoir de guérison envers la terre que nous habitons, qui en plus de nous soutenir, nous enseigne et nous permet de nous affirmer.
Cette expérience nous permet de nous reconnecter à cette sensation et à une sagesse sans âge de nos propres «moi» natifs, permettant ainsi de réunir notre éthérité à notre réalité. Il est maintenant clair pour moi que notre univers est une série de sensations, et que nous, en tant que résidents de ce sanctuaire qu’est la Terre, devons au moins réaliser sept dévotions pour nous enraciner en intention et en états physiques à celle-ci et à la Nature, à la Déesse et au Dieu. Nous ne parlons pas de règles ou de dogmes, mais plutôt de certaines considérations, valeurs et buts/projets. Ce qui suit est l’essentiel des dévotions du Earthen Spirituality Project et du Sweet Medicine Women’s center… Même si ce ne sont pas les seules, elles sont une bonne base à n’importe quel chercheur sur le chemin.
Etre : Une action juste dépend de la présence, de la sensibilité développée, de l’expression juste, des connections profondes et de l’intensité du focus sur l’objet. La première dévotion est d’être nous-mêmes, pleinement et consciemment en place. Soyez ici et maintenant, juste ici et maintenant.
Garder et Célébrer : Nous sommes amenés à protéger et honorer les systèmes auxquels nous appartenons. Nous devons chercher à nous relier aux besoins et aux nécessités de l’endroit, à nous en inspirer plutôt que
d’imposer nos vues. Beaucoup de choses dépendent de la façon dont on aborde un lieu : ne jamais le compromettre en son intégrité, mais le considérer comme une source d’enseignement et de bénédictions. Ceci est vrai pour tous les sites sacrés. Marcher doucement, parler un peu, écouter beaucoup !
Ré-enchanter et Restaurer : Maintenir ou bénir la bénédiction d’un lieu et son honneur donne un immense bonheur, mais emporte beaucoup d’obligations : discerner ce qui doit être exclu de ce qui doit être réintroduit et se souvenir des deux pour les re-sacraliser. Si nous, en tant que communauté ou individus, tenons et soignons cet endroit, alors nous créons des merveilles.
Etudier : Nous sommes poussés à apprendre, puis à appliquer les leçons et sagesses de cet endroit. Nous
le faisons en étant vraiment open, en écoutant et en enregistrant le battement du canyon sur des niveaux terrestres et plus élevés. Rester open sur un lieu est la meilleure leçon qu’il puisse vous donner.
Disséminer : C’est de notre responsabilité de rendre abordable la pratique et la pensée spirituelle offerte par
ces anciens lieux de pouvoir. Nous avons besoin de temps pour enregistrer et nous familiariser avec les vérités qui y sont présentes. Que voudriez-vous partager des leçons de la terre ? Comment ?
Héberger : Tout en étant prudent de ne pas inviter de personnes dérangeantes ou malhonnêtes, nous avons
toujours besoin d’ouvrir le portail à tout chercheur spirituel honnête de ces hauts lieux. Quels sanctuaires pouvez-vous offrir à ces personnes même pour une simple discussion ou un simple café ?
Etendre : Nous sommes dédiés à la re-création d’une lignée de protecteurs et d’enseignants. Enseigner et coacher une série de chercheurs à se dévouer eux-mêmes à ce canyon, cette terre, à ses enseignements doivent être nos premières priorités. Certains seront amenés à rester un certain temps avant de repartir, d’autres seront amenés à rester tout le temps. A quoi ou à qui souhaiteriez-vous dévouer votre lignée spirituelle ?
Ce que je transmets aujourd’hui m’a été donné par le canyon, par son observation, par son écoute et la communion avec le principe de Gaïa que j’ai pu y rencontrer. J’ai appris que la haine et la peur font naître des obsessions, mais jamais de dévotions. La dévotion est pour moi le plus haut niveau d’amour. C’est une façon de nous élever, un investissement et une expression qui le plus souvent demande un certain degré de coûts et de risques. Marchant en direction de la sortie des sept rivières du canyon, l’on ne peut pas s’empêcher de ressentir la présence des anciens qui ont vécu ici pendant des milliers d’années avant nous. En écoutant avec attention, nous pouvons toujours écouter leurs chants et leurs tambours, le rire des anciens, et la turbulence des plus jeunes. En y regardant de près, et en-deçà de l’inter-connection et de l’inséparabilité des schémas qui nous entourent, se dessinent les schémas du ciel et des nuages. En résonnant avec la vibration du lieu, et en Entendant ses leçons et enseignements, le canyon nous donne tout ce dont nous avons spirituellement besoin pour continuer notre mission en étant implacablement nous-mêmes.
La dévotion ne se mesure pas mais la continuité et la profondeur de notre présence, la force de notre lien, et la force de faire ce que nous disons, par une volonté pleine de coeur, d’âme, d’investissement, tous les jours l’enracine.
Jesse Wolf Hardin est un enseignant reconnu et exigeant outre-Atlantique vivant au croisement de sept rivières sur un ancien haut lieu. Il est l’auteur de Kindred Spirits : Sacred Earth Wisdom (chez Swan Raven).Wolf et Loba partagent le sanctuaire du bord de la rivière. Wolf offre des quêtes et du conseil aux hommes tandis que sa compagne offre aux femmes des quêtes visant à retrouver la sacralité de la nature sauvage, cueillettes et stages
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