Le Druidisme une Voie du XXIème Siècle ?
Posté par othoharmonie le 6 février 2015
Dans les pays du nord ou, du moins, en Europe, dans nos sociétés très industrialisées, l’être humain est coupé… Coupé de la nature et coupé de sa propre nature. L’évolution historique des pays occidentaux a montré une désertion progressive des valeurs profondes, intérieures, intuitives avec lesquelles nos ancêtres étaient naturellement connectés du fait de leur relation proximale avec la nature, les plantes, les arbres, les animaux, la terre, les étoiles, en fait, avec tout l’univers. Sans tomber dans l’idéalisation naïve de nos ancêtres, force est de constater que nous n’avons jamais été aussi loin de la nature qu’aujourd’hui, à preuve les désastreuses dégradations que nous avons apportées à la planète.
Dans un premier temps, l’extension de l’Empire Romain a contribué à l’expansion de la pensée rationnelle. Celui-ci a apporté certaines particularités qui sont généralement vues comme bonnes et, en fait, comme une marque de civilisation : la structure étatique et la culture politique, l’organisation administrative ou encore la pensée philosophique, etc. Toutes sont des valeurs basées sur une approche masculine de la vie : organisation, ordre, ce qui peut parfois être déconnecté d’avec les sentiments, l’instinct, le coeur… Nous pouvons aussi regarder cet «apport» sous un autre angle. Par exemple, avec la romanisation des moeurs, les femmes ont commencé à perdre le haut statut qu’elles avaient dans la société celtique et nous pouvons voir ce phénomène comme un signe de l’éclipse de la part féminine de la psyché, l’anima, avec toutes les conséquences dramatiques que cela aura. Bien sûr, nous ne pouvons pas dire que cette évolution est complètement, entièrement «mauvaise», mais seulement qu’elle a produit des effets plutôt difficiles.
Dans un second temps, le développement de la religion chrétienne a aussi contribué à produire un certain nombre de conséquences négatives. Les femmes furent diabolisées au point d’être brûlées comme “sorcières”, les sages-femmes furent aussi accusées d’être toutes dévouées à “Satan”, les guérisseuses également, ainsi toute une tradition de femmes sages fut presque perdue et la connaissance des plantes guérisseuses dévaluée ; les valeurs féminines furent bannies de la civilisation et les femmes furent reléguées à l’unique rôle de mère, à l’instar de la «pure» image de la mère du Christ. L’état de femme fut assimilé à l’instinct compris comme quelque chose de bas et de vil, et celui-ci fut donc considéré comme «sale». La seule sécurité pour les femmes résidait dans le modèle de Marie, mère du Christ. Notre nature animale fut forcée au bénéfice de la Raison. En fait, c’est toute notre relation avec la nature et notre nature, donc conséquemment notre vie spirituelle qui fut bannie pour de nombreux siècles au profit de valeurs matérialistes.
C’est dans ce contexte que l’industrialisation des sociétés a émergé : une société dans laquelle toute chose peut être achetée, même la vie, notamment la vie humaine, si cela est utile pour «faire de l’argent» ; une société dans laquelle la vie humaine, animale et végétale ou minérale n’a plus aucune valeur ; une société dans laquelle nous pouvons abuser et détruire la beauté de la vie, la beauté de la planète, sans aucun scrupule. Tout cela a de nombreuses mauvaises conséquences, pour la planète, pour nous. La planète est en danger à cause de l’utilisation abusive de ses ressources : les forêts sont détruites (par exemple à coup de napalm, comme en Tasmanie !), les océans sont pleins de détritus, de nombreux écosystèmes ont disparu, la diversité des animaux, des plantes, est menacée… L’état écologique global de la planète est désastreux. Il y a un système économique mondial qui est basé sur des valeurs manifestement non écologiques.
L’être humain est aussi en danger. De nombreuses personnes sont si loin de leur âme que les dépressions sont fréquentes, tout comme le suicide. Les troubles mentaux sont en constante augmentation. Les êtres humains éprouvent de la haine, ou encore de la crainte, envers leurs semblables. Alors, c’est un constat terrible et cette terrifiante réalité fait que de nombreuses personnes sont pessimistes, désespérées, cyniques. Certaines préfèrent le suicide ; d’autres fuient dans la vie uniquement superficielle et matérielle qui est la leur, incapables de contacter ce qu’il y a de plus profond en eux ; d’autres encore cherchent des solutions, aspirant à un nouvel enchantement du monde. C’est ce dernier point qui nous intéresse. Car Jung parle des archétypes pour tout ce qui organise la structure, l’entier processus de la psyché de l’être humain.
L’archétype peut être comparé avec la vie instinctive des animaux ; ils sont source de vie instinctive et spirituelle.
L’inconscient collectif est formé des archétypes. L’inconscient collectif – ou inconscient impersonnel – est cette part de l’âme qui reçoit une réalité objective. Ses compétences et ses souvenirs se transmettent génétiquement. Conséquemment, dans nos pays du nord-ouest, la séparation entre l’être humain et l’âme du monde (l’inconscient écologique) et avec sa propre nature s’est accordé avec l’expulsion de notre mémoire génétique, de notre inconscient collectif.
Aujourd’hui, tous les «revivalismes» néo-païens – druidisme, wicca, asatrù, etc. – et néo-shamaniques sont la manifestation de la psyché primitive, dans le but de se reconnecter avec la nature et de croître sur le plan d’une maturité psychologique et religieuse : «Nous sommes au commencement d’un mouvement spirituel mondial – dans lequel femmes et hommes s’entraînent à diverses traditions shamaniques, insistent sur leur droit à pratiquer ouvertement les rituels des anciennes religions aussi bien que la médecine alternative afin de restaurer eux-mêmes un équilibre sain avec le monde autour d’eux». 1
Nous faisons face à la nécessité de nous ré-harmoniser avec nos origines, avec le matin du monde, quand nous étions en conscience une part de l’univers interdépendant et quand nous respections – toujours sans tomber dans l’idéalisation – son âme, ses esprits dans le cadre de croyances animistes. Le druidisme peut nous apporter cette conscience. Je le pense parce que je l’expérimente depuis quelques années. Le druidisme peut nous aider à guérir la planète et à soigner notre corps et notre esprit. Avec son profond respect de la nature, il peut nous amener à une meilleure relation avec notre environnement, ne serait-ce qu’en observant les huit festivals qui jalonnent l’année celte et nous ré-harmonisent avec le rythme de la terre. Par la connexion avec nos grands ancêtres, nous pouvons nous reconnecter avec l’inconscient écologique et, finalement, avec tous les archétypes du druidisme. Alors notre vie devient le chant de l’univers.
Parmi les paganismes, je ne peux parler que du druidisme, car c’est le seul que je connaisse de l’intérieur.
Je suis persuadée que toutes les religions de la terre – comme nous les nommons désormais – ont ce pouvoir de nous aider à nous guérir de la coupure avec la nature et notre nature et qu’elles sont de ce fait fondamentales pour nos temps présents et je souhaite du fond du cœur que tous les païens d’aujourd’hui, et notamment les femmes, prennent conscience du pouvoir qu’ils ont entre les mains du fait de cette sensibilité à la nature. Une seule personne, si elle est déterminée, peut toucher de nombreuses autres personnes, telle une vague, et créer quelque chose de différent pour demain. Par les neuf vagues Loar Zour
1- Barbara Tedlok, Ph.D., “The woman in the shaman’s body”, Bantam Books, p. 281 ; traduction Loar Zour.
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