DES ÊTRES SPIRITUELS COSMIQUES
Posté par othoharmonie le 13 avril 2015
Quand la conscience clairvoyante revit dans le monde élémentaire, elle y trouve des êtres qui peuvent y déployer des modalités d’existence que l’homme n’acquiert que dans le monde sensible. Par le sentiment ces êtres ne perçoivent pas leur individualité — leur moi — comme le fait l’homme dans le monde des sens ; dans une mesure bien plus forte que l’homme ils pénètrent ce moi de leur vouloir ; ils se veulent eux-mêmes.
Leur existence telle qu’ils l’éprouvent, est le produit de leur propre volonté agissante. Mais pour ce qui est de la faculté de penser, ils n’ont pas le sentiment qu’ils produisent leurs pensées comme l’homme les produit ; ils ressentent toutes leurs pensées comme des inspirations, comme quelque chose qui n’est pas en eux, mais dans le cosmos et qui du cosmos irradie dans leur être. Pour ces êtres donc jamais le doute ne peut s’élever sur le fait que leurs pensées réfléchissent la force de pensée constructive répandue dans le monde. Ils ne pensent pas leurs pensées ; ils pensent les pensées cosmiques. Par leurs pensées ces êtres vivent dans les pensées cosmiques.
Mais ils se veulent eux-mêmes. Leur vie de sentiment est façonnée conformément à leur manière de vouloir et de penser. Ils sentent qu’ils font partie intégrante de l’univers ; et ils éprouvent la nécessité de se réaliser eux-mêmes par la volonté d’une manière qui soit en accord avec l’ensemble cosmique. Si l’âme clairvoyante se familiarise avec le monde de ces êtres, elle arrive à se faire une représentation exacte de sa propre façon de penser, de sentir et de vouloir. Ces facultés de l’âme humaine ne pourraient, dans le monde élémentaire, se développer dans le corps éthérique de l’homme. Le vouloir humain, dans le monde élémentaire, ne resterait qu’une force débile, n’ayant pas plus de consistance qu’un rêve, et la vie mentale de l’homme un monde de représentations vagues et fugaces.
En somme, un sentiment du moi ne pourrait y éclore. Pour tout cela il faut que l’homme soit revêtu d’un corps physique. Quand l’âme humaine clairvoyante s’élève du monde élémentaire au monde spirituel proprement dit, elle prend conscience d’elle-même dans des conditions bien plus différentes encore de celles du monde sensible que ne l’étaient celles du monde élémentaire. Dans le monde élémentaire bien des choses rappellent encore le monde sensible. Dans le monde spirituel on se trouve en face de conditions complètement nouvelles. Ici on est paralysé dans son activité si l’on n’a que les conceptions qui se peuvent acquérir dans le monde sensible.
Néanmoins l’âme humaine doit renforcer dans le monde sensible sa vie intérieure pour avoir de quoi transporter de ce monde dans le monde spirituel ce qui permet d’y séjourner. Si on entrait dans le monde spirituel sans posséder une vie de l’âme ainsi renforcée, on y tomberait tout simplement dans un état d’inconscience. On n’y serait alors pas autrement présent que comme une plante est présente dans le monde sensible.
L’âme humaine doit apporter dans le monde spirituel tout ce qui ne se montre pas dans le monde des sens, mais s’y découvre cependant par la discipline occulte. Il faut pouvoir se faire, dans le monde sensible, des représentations qui sont bien provoquées par ce dernier, mais qui tout de même ne correspondent directement à rien de ce qui s’y trouve. Tout ce qui représente tel ou tel objet dans le monde des sens ou qui dépeint n’importe quel phénomène sensible, n’a aucune importance dans le monde spirituel. Ce qu’on pourrait percevoir au moyen des sens, ce qu’on pourrait illustrer par des concepts qui ont cours dans le monde sensible, n’existe pas dans le monde spirituel. En y entrant, il faut en quelque sorte laisser derrière soi tout ce qui est objet de représentations matérielles.
Par contre, des représentations qu’on s’est formées dans le monde sensible, sans rapport avec un objet ou un phénomène matériel, continuent à être présentes dans l’âme quand elle pénètre dans le monde spirituel. Naturellement parmi ces représentations il peut y en avoir d’erronées. Quand celles-ci, au moment de l’entrée dans le monde spirituel, sont présentes dans la conscience, elles s’y révèlent, par leur nature même, comme déplacées. Elles font que l’âme est prise du désir de s’en retourner dans le monde sensible ou dans le monde élémentaire pour y aller remplacer par des représentations justes celles qui sont erronées. Mais ce que l’âme apporte dans le monde spirituel en fait de représentations justes, y est en quelque sorte accueilli par des forces de même nature ; par le sentiment l’âme perçoit dans le monde spirituel des êtres dont toute la vie intime n’est autre que celle de la vie des pensées au sein du moi. Ces êtres ont un corps qu’on peut appeler corps de pensée ou mental.
Dans ce corps mental ces êtres deviennent conscients de leur individualité, comme l’homme dans le monde des sens. Parmi les représentations que l’homme acquiert, il est en premier lieu certaines pensées imprégnées de sentiments qui sont capables de renforcer la vie de l’âme au point que les êtres du monde spirituel peuvent y faire impression. Quand le sentiment de l’abandon de soi qui doit être développé en vue de la faculté transformatrice dans le monde élémentaire, se trouve assez intensifié pour que l’être étranger dans lequel on se transforme ne soit pas seulement trouvé sympathique ou antipathique, mais qu’il puisse, avec son caractère distinctif, revivre dans l’âme qui s’abandonne ; alors la faculté de percevoir le monde spirituel entre en action, alors, en quelque sorte, les êtres spirituels parlent à l’âme chacun son propre langage. Et ainsi naît un commerce spirituel qui consiste dans un langage mental.
On s’ouvre à des pensées, mais on sait que dans les pensées on entre en contact vivant avec des êtres. Vivre dans des êtres, qui non seulement s’expriment dans des pensées, mais dont toute la propre essence est dans la pensée, voilà ce qui s’appelle vivre dans le monde spirituel. En face des êtres du monde élémentaire, l’âme a le sentiment qu’ils reçoivent l’irradiation des pensées cosmiques dans leur propre être et qu’ils se veulent eux-mêmes conformément à cette pensée cosmique qui les pénètre. En face des êtres qui n’ont pas besoin de descendre jusqu’au monde élémentaire pour atteindre à ce que l’homme atteint seulement dans le monde sensible, mais qui arrivent déjà dans le monde spirituel à ce degré de l’existence, l’âme a le sentiment que ces êtres consistent complètement en substance mentale.
Elle sent que les pensées cosmiques n’irradient pas seulement vers eux, mais qu’ils vivent eux-mêmes avec leur propre être dans ce tissu mental. Ils laissent les pensées cosmiques les remplir pleinement de leur essence mentale vivante. Leur vie se déverse dans la perception du langage mental cosmique. Et leur vouloir consiste dans le fait qu’ils peuvent se manifester eux-mêmes par des pensées. Cette existence mentale, qui est la leur, réagit sur le monde d’une façon essentielle. Des pensées qui sont des êtres parlent avec d’autres pensées qui sont aussi des êtres. La vie mentale humaine est l’image réfléchie de ces êtres mentaux spirituels. Dans la période entre la mort et une nouvelle naissance, l’âme est aussi étroitement unie à cette vie d’êtres mentaux que dans le monde sensible elle est enveloppé dans l’existence matérielle. Quand par la naissance ou la conception l’âme entre dans l’existence matérielle, l’être mental permanent de l’âme agit de telle façon qu’il forme, qu’il inspire la destinée de cette âme. Dans la destinée humaine ce qui, des vies terrestres ayant précédé la vie actuelle, est resté dans l’âme, exerce une action égale à celle qu’exercent dans le monde les êtres mentaux purs.
Quand la conscience clairvoyante entre dans ce monde — spirituel — des êtres mentaux vivants, elle se sent dans des rapports tout à fait nouveaux avec le monde sensible. Celui-ci lui apparaît dans le monde spirituel comme un « autre monde », tout comme, dans le monde sensible, le monde spirituel. Mais pour la vision spirituelle ce monde matériel a perdu tout ce qui peut en être perçu dans l’existence des sens. Toutes les qualités qui sont comprises par les sens ou par l’intelligence dérivée des sens, ont comme disparu. Par contre, du point de vue du monde spirituel la nature vraie et originale du monde sensible se révèle comme étant elle-même spirituelle.
Devant le regard de l’âme observant du haut du monde spirituel, se présentent à la place du monde matériel d’autrefois des êtres spirituels qui déploient leurs activités de telle façon que de la convergence de celles-ci naît le monde ; ce monde qui, vu par les sens, devient précisément le monde que l’homme a devant lui durant sa propre existence matérielle. Vues du monde spirituel, les qualités, forces, substances, etc. du monde sensible disparaissent ; elles se révèlent de simples apparences. En regardant de ce monde on n’a plus devant soi que des êtres. Dans ces êtres réside la vraie réalité. Il en est de même avec le monde élémentaire. Là aussi, contemplé du haut du monde spirituel, tout ce qui n’est pas réalité vivante disparaît. Et l’âme sent que dans ce monde aussi elle a affaire à des êtres qui, en faisant confluer leurs activités, font apparaître une existence qui, vue par les organes de la sympathie et de l’antipathie, apparaît précisément comme l’existence sous sa forme élémentaire.
L’assimilation des mondes suprasensibles consiste essentiellement dans le fait que des êtres prennent la place des phénomènes et des qualités qui s’imposent à la conscience dans le monde sensible. Le monde suprasensible finit par se révéler comme un monde constitué par des êtres et, pour ce qui existe en dehors de ces êtres, comme l’expression de leurs volontés. Mais le monde sensible et le monde élémentaire apparaissent aussi comme créés par l’activité d’êtres spirituels.
EXTRAIT du livre : LE SEUIL Du MONDE SPIRITUEL de RUDOLF STEINER aux Editions ALICE SAUERWEIN
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