La religion, phénomène de culture
Posté par othoharmonie le 16 avril 2015
Toute religion cherche à établir un lien entre l’humanité et la divinité. De tout temps et en tout lieu, l’homme a tenté, d’une manière ou d’une autre, de s’approcher de celui qui lui paraissait inaccessible et qu’il nommait Dieu. La relation qui s’établit entre l’homme et Dieu s’appelle religion, d’un terme latin signifiant relier.
Depuis ses origines, l’homme ne s’est guère reconnu comme le maître de l’univers dans lequel il se trouve inséré et il a cherché à connaître cette puissance supérieure qui pouvait diriger le monde naturel. L’homme se percevait comme un élément particulier du monde sur lequel il n’avait pas toujours une prise directe. C’est de cette manière que les différents cultes ont pu se constituer à l’égard de certains éléments qui prouvaient la réalité d’une puissance étrangère à l’homme : le soleil ou les astres, la pluie qui permet à la terre d’être fertile, la mer qui effraye l’homme naviguant… Mais au-dessus de ces forces de la nature, il semblait qu’il existait une puissance nettement supérieure et qui se signalait dans le monde par ces éléments naturels ; la divinité, qu’elle soit une ou multiple, intervient dans le monde de la nature par des forces que l’homme est incapable de contrôler mais qu’il tente de s’allier par le culte qu’il rend aux éléments naturels.
Il existe encore aujourd’hui des religions qui honorent d’un culte les éléments de la nature comme autant de manifestations possibles de l’élément divin répandu dans le monde. Pour ces religions, Dieu ou les dieux se signalent ou signalent leur présence dans le monde ; elles sont appelées « religions naturelles », en ce sens que l’homme essaye d’apprivoiser la divinité en dominant, autant qu’il le peut, les différentes manifestations. Ces religions naturelles se caractérisent par le fait que l’homme s’est mis lui-même à la recherche de Dieu. A côté de ces manifestations religieuses que la mentalité occidentale considère comme primitives, il existe des religions révélées, qui sont le fait d’une intervention particulière de Dieu dans l’histoire des hommes. Le terme même de « révélation » implique que le Dieu a dévoilé une partie du mystère qui l’entourait, qu’il a fait connaître ce qui était caché aux hommes. Et cette connaissance que l’homme peut avoir vient du fait que c’est Dieu lui-même qui s’est mis en recherche de l’homme, et non l’inverse : l’initiative vient de Dieu.
Si le terme « religion » dérive directement du latin « religio », dans son sens premier, il ne désigne pas ce que les Occidentaux ont appelé religion, sous l’influence du judéo-christianisme. Ce mot latin indiquait un ensemble d’observances, de règles et d’interdictions, sans se référer directement à une ou plusieurs divinités, sans se référer davantage aux mythes et aux légendes, aux célébrations rituelles ou sacrificielles. Pour comprendre les manifestations spirituelles ou mystiques des peuples, il convient presque nécessairement de se débarrasser de tous les préjugés qui proviennent de la civilisation et de la culture occidentale. De cette manière, il sera possible de pénétrer avantage dans la mentalité des hommes qui pratiquent de nombreux rites, issus d’une tradition séculaire, tout en ignorant l’aspect religieux, tel que peut l’imaginer un Occidental : la relation avec le sacré, avec l’impondérable, avec l’au-delà ou simplement avec les puissances qui échappent au contrôle direct de l’homme.
Ainsi, les religions asiatiques ont pu rendre sacrés des éléments qui ne sont pas a priori religieux pour les tenants de la civilisation occidentale. C’est que la religion est autre chose que la simple relation avec le sacré ; pour tout homme, la religion fait partie de sa vie, au point qu’il lui est souvent difficile, sinon impossible, de distinguer ce qui serait purement religieux et ce qui ne le serait pas. La religion échappe ainsi à un aspect purement psychologique pour incorporer toute la densité de l’existence humaine. Elle investit toute la dimension de l’homme par l’aspect régulateur qu’elle est susceptible d’exercer à différents niveaux : économiques, politiques, historiques…
La mentalité courante du monde occidental s’est donc forcé un concept de la religion, tel qu’il lui est difficile de reconnaître dans une conception religieuse autre chose que l’aspect doctrinal. Les aspects rituels, liturgiques, moraux, sociaux… sont ainsi évacués. Ainsi, il n’y a guère plus d’un siècle, on affirmait que certains peuples considérés comme primitifs étaient totalement ignorants de ce qui pouvait ressembler à une religion, alors même que l’on décrivait leurs rites, leurs coutumes et même leurs croyances en des êtres qualifiés d’imaginaires. On oubliait ainsi que, pour les hommes de ces peuples, la religion faisait partie intégrante de leur vie, et qu’ils ne la distinguaient en rien des autres pratiques de leur existence. La grande erreur venait du fait que la distinction entre le religieux et le profane n’entrait pas dans leurs catégories de pensée et que les chercheurs du siècle dernier s’étaient construit une notion de la religion en se fondant uniquement sur leur expérience particulière. II importe d’éviter toute définition a priori et de constater l’existence de certaines pratiques qui deviennent signifiantes pour des individus à l’intérieur d’une société déterminée. Les croyances sont multiples et diverses dans les religions, elles ne revêtent pas toutes la même importance, et il serait préjudiciable à tout essai de compréhension de limiter, et par voie de conséquence de réduire la pensée religieuse à une expression unique, culturellement située, alors que cette expression est elle-même le résultat et le fruit d’une longue évolution.
Extrait Source : http://ilmsil.free.fr/branche6/les_grandes_religions
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