L’Egypte ancienne, terre des dieux
Posté par othoharmonie le 18 avril 2015
En 384 de notre ère, l’empereur romain Théodose ordonne la fermeture de tous les temples de la vallée du Nil. Une religion vieille de plus de trois millénaires allait bientôt s’éteindre. II est vrai qu’au cours d’une aussi longue période le culte de mêmes dieux, les croyances religieuses et les différents rites avaient beaucoup évolué. Cependant, même pour le contemporain qui visite aujourd’hui les terres de l’Ancienne Egypte, il apparaît que ces de l’antiquité avaient accordé une grande place aux dieux et à l’au-delà dans toute leur existence. Même si les textes purement théologiques font défaut, la littérature religieuse est riche en hymnes et en rituels qui permettent d’approcher les croyances religieuses de l’ancienne Egypte.
Une des premières caractéristiques de cette religion, c’est son aspect local : il y a autant de dieux principaux qu’il y a de provinces, de nomes (districts) sur toute l’étendue du territoire. Un même dieu peut être adoré dans différents districts, mais il est appelé d’une manière différente et revêt parfois des attributs très différents. Les conflits qui ont précédé l’unification de l’Egypte ont contribué à réduire, dans une certaine mesure, ce polythéisme de base. Le dieu du nome vainqueur devenait le dieu des vaincus, puisque sa puissance était supérieure à la divinité qui avait essuyé le même échec que ses fidèles.
Progressivement donc, et pour des raisons toute politique ou économiques, les dieux furent regroupés en, une sorte de hiérarchie qui regroupait les différentes familles divines. Et ce sont les dieux cosmiques qui, finalement, obtinrent la plus grande place dans la religion, parce qu’ils se révélaient comme les plus universels. Ainsi, les dieux qui avaient permis à l’Egypte de se constituer et de s’unifier, – tel Horus, lui qui le premier dieu de l’Etat -, furent supplantés par le dieu Râ, dieu du soleil.
Sous un polythéisme de fait perçait un monothéisme de fond : le nom et l’aspect des divinités pouvaient changer d’un sanctuaire à l’autre, mais les caractères et les attributs divins se présentaient comme similaires. Et les textes liturgiques sont souvent identiques, qu’ils s’adressent à l’un ou à l’autre dieu. D’ailleurs ceux-ci se sont plus ou moins assimilés les uns aux autres, au cours de l’histoire des grands empires de la vallée du Nil. Un texte, dont l’origine remonte au deuxième millénaire avant notre ère, même s’il ne peut être daté que de 300 ans avant Jésus-Christ pour rédaction, explique les origines des dieux et celle du monde. Ce texte est connu sous le nom de Papyrus Bremme Rhind et se trouve répertorié au British Muséum :
Ainsi parle le Seigneur de l’Univers
Quand je me fus manifesté à l’existence,
l’existence fut.
Venu à l’existence, j’existais donc :
j’étais antérieur aux dieux que je fis,
car j’avais l’antériorité sur tous les dieux antérieurs,
car mon nom fut antérieur au leur,
car je fis l’ère antérieure
ainsi que les dieux antérieurs,
Je fis ce que je fis, étant seul,
avant que personne d’autre que moi
ne se fut manifesté à l’existence
pour agir en ma compagnie en ces lieux.
J’y créais dans le Noun (l’Océan chaotique)
étant encore somnolent,
n’ayant trouver aucun lieu où me dresser.
Nombreux sont les modes d’existence
qui sont sortis de ma bouche,
quand le ciel n’existait pas,
quand la terre n’existait pas.
Puis mon coeur se montra efficace,
le plan de la création se dressa devant moi,
et, seul, je fis ce que je voulais faire.
Je conçus des projets en mon coeur
et je créai d’autres modes d’existence.
Si, par la suite, ce texte indique la présence de plusieurs dieux dans la mythologie égyptienne, il affirme néanmoins une sorte de monothéisme de base. Et c’est sans doute le pharaon Aménophis IV, connu également sous le nom d’Akhénaton, qui entreprit la plus grande réforme religieuse de son temps, au quatorzième siècle avant Jésus-Christ. Sans rompre avec les traditions antérieures, il met en relief le culte du dieu universel, le soleil, désigné sous le nom d’Aton. Même si cette réforme, qui pouvait apparaître comme une hérésie, n’eut pas un grand retentissement dans l’histoire de la religion égyptienne, elle indique que, malgré la multiplicité de leurs dieux, les Egyptiens ont toujours eu un vague sentiment de l’unité du divin. L’expansion du monothéisme dans la religion du peuple d’Israël est-elle une implication immédiate de la réforme religieuse entreprise par le pharaon Akhénaton ? Freud a popularisé une telle thèse, qui fait sortir le monothéisme de Moïse de la volonté monothéiste de ce pharaon. Malgré une influence presque certaine de l’Egypte sur la constitution même de la religion d’Israël, il semble bien que le monothéisme, que l’on retrouve dans les trois religions révélées, soit d’une autre nature qu’une simple réduction artificielle du polythéisme.
Extrait Source : http://ilmsil.free.fr/branche6/les_grandes_religions
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