Qu’est-ce que la vie Eternelle

Posté par othoharmonie le 1 juin 2015

 

 Bible1-gd-colombe-lysQui donc pourrait définir en sa signification réelle et profonde de ce que l’Écriture appelle la vie éternelle !

     Une vie qui N’aura point de fin et dont le temps ne peut plus mesurer la continuité, parce qu’elle est stabilisée dans l’instant ; une vie qui est soustraite aux vicissitudes du devenir, parce qu’elle transcende la loi même du changement ; une vie qui ne s’écoule plus dans les contradictions du non-être, parce que, à jamais fixée en sa vérité, elle se possède totalement dans l’immutabilité de l’être ; une vie qui n’a plus de désirs qu’elle ne puisse satisfaire, parce qu’elle n’a plus de besoins qui ne soient légitimes, étant toujours égale à elle-même dans la plénitude d’une jouissance indéfectible ; une vie… Mais à quoi bon multiplier les points de vue ! Ce qu’est en soi la vie éternelle nous demeurera toujours ici-bas ineffable et mystérieux.

     Toutefois la Liturgie nous apprend que la vie éternelle est le lieu du rafraîchissement, de la lumière et de la paix. Un lieu, sans doute de rafraîchissement pour les âmes qui auront été « salées par le feu » dans le Purgatoire : lorsque les scories qu’elles ont amassées au cours de leur existence terrestre auront été consumées dans l’ardeur des flammes purificatrices, il est certain que ces âmes éprouveront au sortir de leur lieu d’expiation, par l’apaisement de leurs souffrances, un sentiment comparable à celui du voyageur qui, fatigué de la route, au soir d’une accablante journée d’été, fait ruisseler sur son front l’eau froide du torrent. Un lieu, aussi, de lumière : car le feu du Purgatoire est un feu ténébreux et on y sent plus la main de Dieu qu’on n’y aperçoit sa face. Un lieu, enfin, de paix : parce qu’il n’y a de repos véritable et définitif que dans le sein de Dieu. C’est sous ce dernier aspect que nous voudrions envisager ici la vie éternelle. 

A quoi bon entreprendre la poursuite de fins qui se dérobent sans cesse à nos prises ! A quoi bon fixer nos regards sur des buts qui nous échappent au moment même où nous croyons les atteindre ! A quoi bon attacher nos espoirs à des réalités fallacieuses qui, dès que nous les avons saisies, s’évanouissent dans nos mains comme des fantômes de rêve ! Nous sommes entourés de mirages et de mensonges, où tout ce qui s’offre à nos yeux et à notre toucher veut se faire passer pour de l’être véritable et se dissipe comme une vapeur subtile à la moindre tentative que nous faisons pour l’enfermer dans notre étreinte. Pourquoi donc désirer, chercher, vouloir, agir ? Ne vaut-il pas mieux s’abstenir, se raidir dans son for intérieur afin d’offrir le moins de prise possible à l’adversité ou aux contingences extérieures ? Et comme l’on comprend alors l’aspiration des races orientales au nirvana, à cet anéantissement total de l’être humain dans le Tout cosmique où se dissout toute personnalité, où plus rien ne subsiste de ce qui constituait notre moi individuel et conscient, où toute distinction s’efface dans l’uniformité métaphysique de l’Être absolu et indifférencié. Et voilà pourquoi tant d’âmes fatiguées ou meurtries, s’écrient avecKundry : «Sommeil ! lourd sommeil mort ! paix de la tombe ! quand l’obtiendrai-je ? »

Nous passons sur cette terre comme des voyageurs étrangers et, à aucune étape de notre course, nous ne nous sentons chez nous ; nous avons la nostalgie d’une patrie lointaine et nous aspirons avec passion au repos bienfaisant dans un gîte que des mains compatissantes et pieuses aient spécialement aménagé à notre intention, afin que nous puissions y goûter après la lassitude du chemin, la douceur d’une intimité recueillie et apaisante. Entraînés par le courant du devenir phénoménal où chaque chose n’apparaît que pour s’effacer aussitôt, dans un écoulement sans fin, nous ne trouvons nulle part en ce monde le point fixe où nous puissions accrocher notre destin ; et dans le tourbillon qui nous emporte nous sentons bien qu’il n’y a pour nous de salut qu’en une vie surnaturelle, qui, nous élevant au-dessus de tout ce qui change et passe, nous introduise en une sorte de transcendance d’où le temps soit exclut et où tout être demeure égal et semblable à lui-même, dans une pleine possession intérieure qui ne connaisse pas de fin.

     Cette vie surnaturelle, qui est déjà, dès ici-bas, dans l’illumination des dons du Saint-Esprit, le commencement de la vie éternelle, est un don de Dieu, qui réserve à ses élus et leur prépare dans son Royaume des grâces plus splendides encore, où ils goûteront définitivement en une jouissance ineffable l’éternel, repos : Seigneur, s’écriait le Psalmiste, faites luire votre face sur votre serviteur et je confesserai votre nom ; j’exulterai et je serai rassasié : EXULTABO ET SATIABOR .

     C’est seulement, en effet, par une exaltation de toutes les puissances de notre âme dans une participation à la gloire divine que chacune de nos facultés atteindra le terme parfait, l’accomplissement total de ses désirs et de ses aspirations : et notre intelligence connaîtra toutes choses dans la lumière du Verbe et notre coeur aimera toutes choses dans l’onction du Saint-Esprit et notre volonté voudra toutes choses dans la volonté du Père. Il n’y aura plus dans notre âme de besoins qui ne soient satisfaits, parce que tous nos désirs seront conformes aux lois éternelles du Créateur, en un amour réciproque où, si Dieu nous a aimés le premier, c’est que déjà il s’aimait lui-même en nous. N’étions nous pas, dès avant la Création, les fils bien-aimés de sa dilection et point pour que nous puissions participer à sa béatitude infinie qu’il a donné l’être à cette idée qu’il se faisait de chacun de nous, en particulier, dans sa pensée créatrice ? Et parce que nous sommes, de toute éternité, les enfants de son amour, il veut que nous demeurions conformes à son image, afin qu’au dernier jour il puisse nous recevoir, comme des familiers de sa maison, au banquet mystérieux où il nous rassasiera à jamais de sa chair et de son sang.

Que le Seigneur nous donne la paix, SA PAIX.

Extrait de « L’éternel repos » par GABRIEL HUAN

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