LA VOIE BOUDDHISTE
Posté par othoharmonie le 26 juillet 2015
Dans l’enseignement de Bouddha, il n’a jamais été dit que la vie se transforme en mort. C’est le non-devenir qui est exposé dans l’enseignement du Dharma où la mort ne pouvant se changer en vie est désignée par non-extinction. La vie et la mort ont une existence propre et n’ont entre elles de rapport que celui qu’entretient l’hiver avec le printemps. N’allez surtout pas penser que c’est l’hiver qui se change en printemps ou le printemps en été. Une fois que les bûches sont réduites en cendre, elles ne peuvent redevenir des bûches. Nous ne pouvons pas prétendre pour autant que la cendre soit un état potentiel de la bûche et vice versa. La cendre est radicalement de la cendre et la bûche est complètement une bûche. Toutes deux ont leur propre existence, leur passé, leur présent et leur avenir. Pareillement, quand les humains meurent, ils ne peuvent retourner à la vie.
Quand nous parvenons à l’éveil, c’est comme la lune se reflétant dans l’eau. La lune apparaît dans l’eau, mais elle n’est pas mouillée et l’eau ne se trouve pas troublée par sa présence. De plus, la lumière de la lune qui éclaire la terre entière peut se contenir dans une mare, une goutte de rosée et même dans une particule d’eau. L’éveil n’est pas une source de tracas. C’est comme la lune qui ne crée aucun problème à l’eau. Ne considérez pas l’éveil comme un obstacle à votre vie. Une seule goutte de rosée peut contenir la lune et le ciel tout entier. Lorsque le Dharma n’a pas encore été totalement assimilé par le corps et l’esprit, nous avons la fâcheuse tendance de croire que nous possédons la totalité du dharma et que notre travail est fini. Lorsque le Dharma est vraiment possédé, nous avons le sentiment que quelque chose manque encore.
Lorsque vous êtes sur un bateau en plein océan et qu’il n’y a aucune terre à l’horizon, si vous regardez dans toutes les directions, l’océan vous apparaîtra comme une immense étendue circulaire. Bien que l’océan ne soit pas une étendue circulaire et que ses spécificités soient infinies, [c’est un palais pour les poissons, un bijou précieux pour les dieux] à nos yeux, il nous apparaît tout de même comme une immense superficie circulaire. Il en va de même pour toutes les choses de ce monde. Si l’on se réfère à notre point de vue, nous voyons les choses d’une manière sélective. Mais avoir une vision correcte des choses dépend plus de notre pratique que de notre point de vue. Pour appréhender toute la diversité du possible, nous devons étudier toutes les caractéristiques et les vertus des montagnes, puis des océans, en plus de notre façon de les percevoir. Nous ne devrions jamais oublier qu’il en va de même pour tout ce qui nous concerne.
Le poisson dans l’eau trouve l’océan immense, comme l’oiseau dans le ciel estime qu’il est sans limites. Cependant, le poisson et l’oiseau n’ont jamais quitté leur élément. Ils s’en servent en toute liberté selon leur besoin et leur limite. Toutefois, si nous dissocions les oiseaux et les poissons de leur élément réciproque, ils périraient. Ainsi, l’eau représente la vie pour les poissons comme l’air pour les oiseaux. Les poissons dans l’eau représentent la vie comme les oiseaux dans les airs. Beaucoup d’autres choses peuvent être interprétées de la sorte, par exemple la pratique et l’éveil. Mais un poisson ou un oiseau qui essaieraient de comprendre l’eau ou l’air avant de nager ou de voler, ne trouveraient aucune raison à le faire dans ces éléments. Si nous pouvons comprendre ce point de vue, chaque instant de la vie devient genjokoan. Si nous sommes sur la Voie, toutes nos actions sont, elles aussi, genjokoan, tant bien même que ce chemin ne soit pas grand ou petit, qu’il n’ait aucun rapport avec nous ou les autres et encore moins avec le passé ou le présent. Il existe simplement.
Si nous pratiquons et réalisons la Voie de Bouddha, nous maîtriserons et pénétrerons chacun des dharmas. Entre autre, nous affronterons et surmonterons toutes les sortes de pratiques. En tout lieu, nous pourrons approfondir la Voie et élargir le champ de nos perceptions. Nos connaissances existent conjointement en nous et dans l’accomplissement du Dharma. Quand cet accomplissement est devenu le fondement de notre perception, il n’est plus nécessaire de croire à la nécessité d’une compréhension intellectuelle. Mais même si la réalisation se manifeste instantanément, elle n’est pas pour autant définitive.
Extrait de l’enseignement Par Maître Dogen retranscrit par Francesca du blog http://othoharmonie.unblog.fr/
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