Toute la psyché est-elle dans la tête
Posté par othoharmonie le 13 octobre 2015
Même dans une médiation si poussée que votre pensée et votre « moi-je » s’évaporent dans les limbes de la conscience, une chose est claire : pas d’activité méditative sans votre cerveau !
Pourtant, quelques notions simples nous montrent que le reste du corps participe aussi à la vie psychique. De nombreux organes (cœur, intestins, muscles, peau, glandes) portent dans leurs parois des terminaisons et des centres nerveux qui modulent leur fonctionnement. Ces centres interviennent aussi dans l’expression physique des émotions (rougissement, transpiration, larmes, etc). Ainsi, lorsque nous évoquons mentalement un souvenir chargé d’une intense émotion, nous ressentons celle-ci également dans notre corps, dans nos sensations. Les émotions ont donc leur mot à dire à notre intellect, car elles sont une manifestation à la fois psychologique et physique. Sans se soucier d’être trop sérieux, voyons une façon originale d’expérimenter l’unité que le corps et l’esprit composent ensemble ; un jour où vous êtes de bonne humeur, asseyez-vous sur une chaise. Voûtez votre buste en avant, rentrez votre tête dans les épaules, rétractez vos jambes sous la chaise, tournez vos pieds en dedans, et froncez le nez et les sourcils. Restez une minute ainsi. Notez combien votre humeur se modifie. Evitez cet exercice si vous êtes déjà d’humeur maussade.
Après cette expérience, il est aisé de comprendre que nous ne sommes pas simplement un corps matériel ni simplement des pensées. Corps et esprit s’assemblent dans une symbiose nommée corps-esprit. Une connaissance s’y réverbère, qui n’appartient ni à l’un ni à l’autre exclusivement mais à l’union des deux. Depuis des siècles, le zen décrit ce principe sous le terme de shinjin-ichinyo. En biologie cette idée est admise depuis quelques années seulement.
Si vous pouviez ouvrir votre boîte crânienne afin devoir votre cerveau en action, vous auriez une amère déception qui vous ferait refermer assez rapidement le couvercle : à la différence d’autres organes comme le cœur, les intestins ou les muscles, le cerveau ne bouge pas quand il fonctionne, que vous fassiez la sieste ou qu’une idée géniale crépite dans votre esprit. A l’inverse d’un cœur ou d’un estomac, pas de contraction, pas de dilatation, pas de palpitation, pas de mouvement. La même immobilité que si vous ouvriez votre ordinateur pour tenter d’observer les processus informatiques qui s’y trament par millions.
Pourtant, le cerveau est un organe extrêmement plastique. Les apprentissages que nous réalisons tout au long de notre vie pétrissent sa structure, parfois profondément. Si rien ne semble changer à l’œil nu, on sait en revanche que nos acquisitions, en particulier celles que nous faisons dans l’enfance et l’adolescence, creusent à la surface de notre cerveau des vallées qu’on nomme sillons et dégagent ces reliefs arrondis appelés circonvolutions. Par contraste, la surface du cerveau d’un nouveau-né est presque aussi lisse que ses fesses roses.
Curieusement pourtant, toutes les métamorphoses qui se produisent lorsque nous apprenons s’effectuent sans que les cellules nerveuses se multiplient pour autant. En effet, le stock de neurones qui nous est alloué à la naissance est fixe. Et il a une tendance fâcheuse avec le temps ; il diminue. Pourtant, on peut apprendre à tout âge.
Mais quelles modifications se produisent donc sous notre crâne, quand nous apprenons à marcher, à jouer du piano, à résoudre une équation algébrique. Et aussi, si tous les apprentissages « font quelque chose » dans notre cerveau, qu’est-ce que l’apprentissage de la méditation va engendre dans cet organe ?
En vérité, ce sont comme des racines qui poussent… Et l’expérience m’a enseigné qu’une certaine dose de bienheureuse ignorance facilitait grandement l’expérience méditative. Au contraire, il existe des écueils à trop vouloir comprendre.
Sur le blog de Francesca http://othoharmonie.unblog.fr/
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