L’ANGOISSE : Etat des lieux
Posté par othoharmonie le 4 novembre 2015
« Personne n’a le monopole de l’angoisse ». Ces mots d’Henry Kissinger nous rappellent que l’anxiété est indissociable de notre existence d’êtres mortels. Comme les autres émotions elle a son utilité, mais lorsque ses manifestations nous débordent, elle entrave lourdement l’existence jusqu’à créer un handicap ; une véritable maladie de l’angoisse.
Aujourd’hui, les classifications internationales des troubles psychiques authentifient l’existence de plusieurs affections dues à l’angoisse, nommées troubles anxieux. Parmi eux, il existe les troubles paniques (qu’on appelait jadis crises de tétanie ou de spasmophilie), l’anxiété généralisée (faites d’un souci excessif et d’une crainte de l’incertitude incontrôlables), les états de stress post-traumatique (qui font suite à un événement source de peur intense ou d’horreur), la phobie sociale (qui est une forme maladive de timidité où le sujet a peur d’être soumis à la honte), l’agoraphobie (qui est la peur irraisonnée de se sentir mal dans un lieu sans pouvoir en fuir ou être secouru), le trouble obsessionnel-compulsif (où le sujet a peur que ses pensées ou ses actes aient des conséquences catastrophiques),les phobies spécifiques (peur déclenchée par une situation ou un objet ; animaux, hauteurs, tunnels …) Pour soigner ces problèmes, la psychiatrie moderne a mis en place des traitements médicamenteux et des méthodes psychothérapiques qui ont fait la preuve d’une certaine efficacité…
Cependant si l’on se tourne du côté des techniques méditatives… Tous les enseignements traditionnels signalent que l’acte d e contemplation a une vertu apaisant (certaines spiritualités la nomment samatha), même si les explications données sont variables selon le contexte d’origine. Par exemple, le Bouddhisme avance que la peur puise sa source dans les « trois poisons » qui empêchent l’esprit d’être limpide : l’ignorance, l’aversion et le désir. Et c’est en suivant les préceptes du Bouddha que l’on s’en détache pour se diriger vers l’illumination, notamment en prenant conscience de la fausseté du moi. Un moyen de se désangoisser plein de noblesse et d’ambition, amis pas simple à suivre en vérité…
Les Védas, ces textes datant de l’Antiquité indienne, on peut-être inspiré le Bouddha. En effet, leur enseignement mentionne le yoga comme un excellent procédé de se soulager des angoisses, en expliquant qu’il permet lui aussi de s’écarter des attachements nocifs que notre monde nous procure. Quant aux grandes figures mystiques de la chrétienté, leur angoisse se dissous, d’après elles, dans l’union qu’elles vivent avec Dieu par leur foi et leur pratique.
Mais aujourd’hui, il n’est pas donné à tout le monde de vivre une telle extase mystique pour aller mieux. Tentons donc de mieux comprendre comment la méditation a de réelles vertus anti-angoisse, en écoutant la version que propose la médecine moderne. Comme toutes les émotions, l’anxiété comporte schématiquement deux composantes :
- une composante psychologique, dite aussi cognitive. Elle est représentée par les images mentales et les pensées de toutes sortes – ruminations, anticipations, certitudes imprégnées de pessimisme, jugements à l’emporte-pièce, etc. qui nous intoxiquent l’esprit quand nous sommes anxieux.
- une composante physique. Elle est faite des symptômes corporels ; tremblements, agitation, palpitations, rougeur ou pâleur, troubles digestifs… Ces manifestations sont dues à l’activation du système nerveux sympathique et à la mise en tension de tous nos muscles. Bien sûr, ces deux aspects de l’angoisse ne sont pas indépendants ; plus l’angoisse est intense dans le corps, plus elle imprègne notre façon de réfléchir.
Or, méditer c’est bien plus que se relaxer, ainsi les méditations qui savent apaiser l’angoisse sont celles qui savent déclencher la réponse de relaxation. C’est-à-dire toutes, du moment qu’elles sont pratiquées à bon escient. Sur ce point, les études sont formelles : méditer inhibe le système nerveux sympathique et mobilise le parasympathique, comme en témoignent les résultats ; diminution de la consommation d’oxygène et de la fabrication de gaz carbonique, a baissement de la tension artérielle et des hormones du stress, amélioration des défenses immunitaires etc… En même temps, les muscles se décontractent et l’acide lactique qu’ils fabriquent diminue dans le sang, soulageant tout un cortège de signes liés aux crispations prolongées : crampes, céphalées de tension, douleurs, troubles de la posture, contractures, irritabilité, troubles respiratoires.
Mais également, le cerveau en méditation fonctionne davantage en ondes alpha, caractéristiques d’un état de veille tranquille et de l’attention intérieure que développent les méditants. Et même en cas de situation difficile, les méditants montrent une meilleure capacité à maintenir le calme dans leurs ondes cérébrales, comme en témoigne l’étude des ondes EEG d’un groupe de pratiquants en yoga acceptant de visualiser un film déclencheur d’émotions négatives.
Francesca du blog http://othoharmonie.unblog.fr/
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