Appel au Grand Maître de l’Ancien
Posté par othoharmonie le 14 novembre 2015
Entretien avec Serge Toussaint, Mystique de l’Ordre de la Rose-Croix
Serge Toussaint, Grand Maître de l’A.M.O.R.C., est l’auteur de plusieurs livres axés sur le bien-être, l’écologie, l’humanisme et la spiritualité. Ses lettres ouvertes à l’attention des scientifiques, des croyants, des athées, des femmes, etc. ont également éveillé notre curiosité. Elles traitent de thèmes de société qui concernent chaque individu et l’humanité en général. Il a accepté de partager avec nous sa vision du présent et du futur, et c’est avec plaisir que nous vous livrons ses propos.
M E : Quel regard portez-vous sur le monde actuel ?
Serge Toussaint : Comme de nombreuses personnes à travers le monde, je suis inquiet. La plupart des pays sont confrontés à une crise sociale et économique majeure : beaucoup d’entre eux sont en guerre ; la pauvreté ne cesse de croître ; l’intégrisme et le fanatisme religieux – notamment à travers l’islamisme – prend de l’ampleur ; les catastrophes naturelles se multiplient et s’intensifi ent… À moins d’être inconscient, on ne peut que s’interroger sur l’avenir de l’humanité et de la planète.
M.E : Cela signifie-t-il que vous êtes pessimiste pour le futur ?
S.T : Non. Il ne faut pas confondre inquiétude et pessimisme. En fait, j’ai foi en l’être humain, car s’il est capable du pire, il est aussi capable du meilleur. Et lorsqu’il exprime le meilleur de lui-même, il fait des choses remarquables et montre qu’il peut se transcender, non seulement dans son intérêt personnel, mais également dans celui des autres et de la société en général.
M.E : Selon vous, pourquoi le monde est-il dans cet état ?
S.T : Parce qu’il est devenu trop matérialiste.
M.E : Qu’entendez-vous par là ?
S.T : Les progrès de la science et le développement de la technologie ont été trop rapides et ont exalté l’aspect matériel de l’existence au détriment de son aspect spirituel. Ce faisant, nombre de personnes ont perdu le sens des vraies valeurs et recherchent le bonheur exclusivement dans les possessions matérielles et la satisfaction des désirs physiques. Pourtant, force est de constater que la grande majorité d’entre eux ne donnent pas le sentiment d’être heureux.
M.E : Que voulez-vous dire par « vraies valeurs » ?
S.T : Précisément, ce sont les valeurs qui font appel à ce qu’il y a de meilleur dans la nature humaine : bienveillance, non-violence, intégrité, générosité, humilité et autres vertus, sans oublier le respect – respect de soi-même, respect des autres, respect de l’environnement. Il est évident que si chacun faisait de ces valeurs le fondement de son existence, le monde irait infiniment mieux.
M.E : Le mot « vertu » n’a-t-il pas une connotation morale, voire religieuse ?
S.T : En ce qui me concerne, je lui donne un sens philosophique. Ma référence dans ce domaine reste Socrate, qui considérait que la dignité de tout être humain repose sur son aptitude à manifester dans son comportement les vertus de son âme. Rappelons également que le mot « philosophie » veut dire littéralement « amour de la sagesse » et que la sagesse est indissociable de l’éthique.
M.E :Vous croyez donc en l’existence de l’âme ?
S.T : Oui. Je pense que l’être humain ne se limite pas à son corps physique et aux processus mentaux qu’il utilise à l’état de veille. Comme tous les Rosicruciens, je suis convaincu qu’il possède une âme, et que c’est cette âme qui constitue l’essentiel de son être.
M.E : Et d’après vous, qu’est-ce que l’âme ?
S.T : C’est l’énergie spirituelle qui anime tout être humain, au sens de « donner vie et conscience ». Elle est parfaite par nature, ce qui explique pourquoi nous sommes effectivement capables d’être généreux, bienveillants, non-violents, etc. Ce que l’on appelle « la voix de la conscience » est également un attribut de l’âme.
M.E : Dans ce cas, pourquoi les êtres humains sont-ils si imparfaits ?
S.T : Parce qu’ils n’ont pas conscience de leur perfection latente et ne la manifestent pas à travers leur comportement. Mais tous évoluent graduellement vers cette prise de conscience, parfois au-delà des apparences.
M.E : Revenons-en à la situation du monde actuel. Comment le rendre meilleur ?
S.T : Il n’y a pas de “remède miracle” en la matière. Pour rendre le monde meilleur, il n’y a qu’une solution : que chacun s’évertue à devenir meilleur dans son comportement, ce qui nous ramène aux considérations précédentes. Par ailleurs, il faut faire de l’éducation une cause internationale. Celle-ci est en perdition depuis des décennies, d’où la déliquescence des moeurs : violence, irrespect, impudeur, vulgarité… Malheureusement, nombre de parents n’ont pas conscience de ce problème ou n’ont plus les repères voulus pour éduquer correctement leurs enfants.
M.E : Que faire alors ?
S.T : Réintroduire la morale à l’école, ou si vous préférez l’éthique, et en faire une matière, une discipline à part entière. En l’état actuel des choses, c’est à mon avis le meilleur moyen de bien éduquer les enfants afin que, devenus parents, ils fassent de même avec leurs propres enfants. M.E : Au début de notre entretien, vous avez fait allusion à l’état de la planète. Là aussi, êtes-vous confiant pour l’avenir ?
S.T : De toute évidence, la Terre – ou plutôt la nature – est gravement malade : pollutions diverses, déforestation excessive, écosystèmes menacés, disparition exponentielle d’espèces végétales et animales, réchauffement climatique… Autant de maux qui menacent la survie de l’humanité. Jusqu’à ce jour, aucune mesure d’ampleur internationale n’a été prise pour remédier à la situation et permettre à notre planète de se régénérer. Cela étant, de plus en plus de personnes, d’associations, de mouvements et autres groupes militent pour une transition écologique. Il faut donc rester confiant.
M.E : Certains scientifiques disent que le point de non-retour a été franchi, notamment en ce qui concerne le réchauffement climatique et l’un de ses effets majeurs : l’élévation du niveau des mers et des océans. Qu’en pensez-vous ?
S.T : J’espère qu’ils se trompent ou qu’ils dramatisent volontairement, afin de provoquer une réaction salutaire de la part des peuples et des gouvernements. Toujours est-il que la nature a un très grand pouvoir de régénération et d’adaptation. Pour s’en convaincre, il suffit de songer à l’efficacité avec laquelle elle transmute une marée noire. Si on lui laisse le temps et si on l’aide, elle peut se rétablir progressivement et redevenir un espace vital privilégié pour l’humanité. Il n’est pas trop tard, mais il y a urgence…
Issu de la New-Letter du magazine Essentiel
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